Désir de partir
Je me déteste et je hais ma sinistre existence
Qui m’a été donnée et dont je fais ici pitance
Comment pouvoir s’endormir pour ne plus penser
Et lentement sombrer dans un non être inespéré ?
Je cache mes mots à ceux qui me frappent des leurs
Et je les crache sur ceux qui sèchent mes pleurs
Monstre je suis, moi qui me targue d’aimer
Alors que rien n’est bon dans cet esprit blessé.
Disparaître, c’est ce que je n’ai pas le courage
De faire, leur offrant la paix comme un sombre otage.
Je tourne et retourne les secondes comme des pages
D’un livre noir que j’écris, meurtrie dans ma cage.
Oublie moi, toi qui m’aime, car je ne suis rien
Que le néant qui dissout ce que tu as de bien
Frappe de ton glaive ma mortelle dépouille pourrie
Qui ne vaut pas la peine qu’on lui accorde un cri.
Donne moi ta propre haine ; offre moi tes sublimes coups
Frappe moi encore et encore jusqu’à ce que ton joug si doux
Me fasse traverser ce Styx immonde dont on dit qu’il mène
La où mon âme devrait se trouver alors qu’elle se démène.
A cet instant, je voudrais juste pouvoir mourir
Savoir que mon corps va très vite pourrir
Me faire aussi oublier de tous vos souvenirs
Ne plus penser, ne plus être, ne plus réfléchir !
Pardonnez moi d’être celle que je suis encore
Tant que ce monde ne me fait pas tomber hors
De vos chemins, de vos mondes aux décors
Que je ne reconnais plus, que je frappe et mords.