Nouvelle n°1
Des cris résonnèrent dans les rues. Un homme, poursuivit par quatre soldats courrait. Les passants s'écartaient et se collaient aux façades des maisons à son passage, et repartaient aussitôt pour ralentir les gardes qu'ils n'hésitaient pas à bousculer. Gardant toujours le même rythme, en tournant à gauche ou à droite, l'homme finit par les semer.
Il se cacha au fond d'une ruelle, derrière un chariot abandonné et rongé par le temps, le bois était pourri, les roues avaient été volés, mais il servait encore d'excellente cachette.
Quelques secondes plus tard il entendit des soldats, facilement reconnaissable à leurs pas lourds et aux cliquetis de leurs armures.
Un vieux, assis sur un banc regardait la scène et balança aux soldats :
-Si c'est un jeune voyou que vous recherchez, il y en a un au fond de la rue, il ne vous reste plus qu'à le cueillir, avoua le vieillard en désignant de la tête la ruelle en cul de sac.
Les points du fuyard se crispèrent sur son étrange épée suite à la trahison de ce vieil homme. Les soldats avancèrent côte à côte, regardant les entrées de chacune des portes au faire et à mesure de leur avancée.
Quand ils arrivèrent à une dizaine de pas de l'inconnu, celui-ci se leva de sa cachette pour leur faire face, l'épée à la main. Les deux soldats dégainèrent aussitôt.
Ils s'examinèrent pendant un moment qui sembla durer une éternité. L'homme leva son bras, l'arme au point et la lança. Elle trancha le soldat de gauche qui n'eût même pas le temps de cligner des yeux une dernière fois avant de voir la mort. L'arme était reliée à des chaines qui étaient elles même entourés autour du bras de l'individu. Juste avant que la lame ne touche le sol, l'étranger la tira en reculant son bras et elle revint dans sa main droite, de nouveau prête à trancher. La lame possédait une belle forme courbée et une pointe aiguisée. Elle paraissait légère et maniable, mais des heures d'entrainement avaient été nécessaire à celui-ci pour la maîtriser aussi bien. Son manche était simple, entouré de petites cordelettes pour faciliter son maintient. Selon le reflet du soleil sur la lame, plusieurs inscriptions en ancien langage apparaissaient.
Dès la vue de son camarade gisant au sol en deux morceaux, le garde prit ses jambes à son cou et dévala les ruelles en sens inverse à une vitesse qu'il n'aurait jamais pensé atteindre.
« -La peur donne des ailes comme on dit » murmura le tueur.
Il enjamba le cadavre et s'éloigna en direction de la sortie de la ville en jetant un regard noir au veillard qui alla s'enfermer chez lui. Cinq gardes apparurent derrière lui. Il pressa le pas pour sortir de la cité mais des soldats lui barrait aussi la route en face. Il était piégé entre les maisons, fait comme un rat. L'idée de se rendre ne lui traversa même pas l'esprit. Il leva la tête pour examiner la hauteur et grimpa sur le rebord d'une fenêtre, puis sur une poutre.
Les soldats regardaient impuissant la scène, l'homme activement recherché par le prince leur échappait une fois de plus entre les doigts.
-Gralos, décent de là tout de suite, sinon j'ordonne aux archers de t'abattre, hurlant un des leur.
Le chef eu pour simple réponse un geste obsède de sa part.
-Archer en position!
Une demi-douzaine de soldats sortirent de derrière leurs compagnons avec des arbalètes.
-Vite il va s'enfuir! Gronda le chef.
-Tirez!
Mais Gralos avait déjà disparu derrière le toit des maisons. Il regarda sa cuisse droite touché par un trait d'arbalète. La blessure semblait superficielle, mais il la banda en arrachant une partie de sa manche.
Il se releva et partit au pas, sautant de maison en maison tel un acrobate. Sa démarche était décontracté, il ne semblait ni pressé, ni inquiet. Gralos se dirigeait tranquillement en direction de la sortie de la ville.
A force de voler de maison en maison, il arriva face aux remparts. Il repéra un bâtiment plus haut et plus proche de la muraille qui lui permettrait de sauter tranquillement. Mais plutôt que de s'en approcher, il décendit dans une mince ruelle en impasse.
Le fugitif effleura le mur jusqu'à trouver une brique plus en avant que les autres. Il appuya dessus et un mince passage s'ouvrit dans les ténèbres. Il rentra. En refermant, il prit soin de vérifier que personne ne l'avait aperçu. Il s'enfonça dans le tunnel en prenant la torche qu'il avait allumé quelques heures plus tôt à son intention grâce à l'escalier qui descendait dans les profondeurs obscures. Ses bottines rentrèrent rapidement dans l'eau froide et puante, l'odeur était atroce mais il devait en faire abstraction et continuer. Son moral remonta en se disant que quelques mètres au dessus de lui se trouvait plusieurs compagnies de garde à sa recherche, parcourant la citée dans tous les sens. Il avança dans l'obscurité avec sa torche, seul le bruit de ses pas qui sortaient et rentraient dans l'eau était audible.
Au bout de quelques temps, il s'arrêta et leva sa torche. Au dessus de sa tête se trouvait une sortie Elle était beaucoup trop haute pour qu'un humain y grimpe. Il empoigna alors sa lame et la lança de toutes ses forces dans la trappe en bois. Elle s'y planta. Il s'agrippa aux chaînes reliées à la lame et monta doucement, simplement à la force de ses bras. Arrivé en haut, il se bloqua entre les deux parois, décrocha sa lame et donna un grand coup de pied dans la trappe sans perdre son équilibre. La cloison sauta dans un bruit sourd. La lumière du jour lui frappa les yeux, pendant quelques secondes un épais brouillard blanc lui cacha sa vision, le temps que son iris s'habitue au soleil. Il agrippa les rebords du trou et se hissa à l'air libre qui lui fit effet d'une véritable purification.
Devant lui se trouvait le désert. Il était à la limite entre la terre et le sable. Il se trouva un campement pour passer la nuit et partit poser des pièges tout autour.
Il lui fallu une demi-journée de marche pour trouver un source, il en rempli deux bonnes gourdes et bu autant qu'il put.
Le lendemain il inspecta ses pièges. Il fit rapidement le tour de ceux proche du campement, mais rien. Par précaution il en avait aussi posés autour de la source.
Un joli lièvre se débattait, prit en tenaille par le branchage plié astucieusement. Il mit fin à ses souffrances en l'étranglant et revint à son campement, sa prise à la main.
Aujourd'hui sonnait le grand départ pour le désert. Il prit le sac qu'il avait confectionné, rempli de gourdes et du lièvre qu'il avait soigneusement dépecé. Puis il marcha, longtemps, en direction du sud, dans le désert le plus profond. La chaleur était horrible, aucun point d'eau ou d'ombre, seulement du sable ou des cailloux à perte de vue. Mais les nuits étaient glaciales, Gralos n'avait pas prévu d'habit chaud, alors il s'enterrait dans le sable qui était chaud et lui servait de coquille contre le froid.
Après quatre jours de marche éreintant, il vit enfin l'immense colline qui avançait dans le désert avec un bruit de plus en plus sourd au fil de son avancée.
Il arriva enfin à quelques centaines de mètres de la colline, qui avait arrêté de bouger pour prendre une pause. En réalité ce n'était pas une colline, malgré les arbres et la végétation qui poussait sur du roc. C'était un Titan, surement Atlas. Il avait été renvoyé sur Terre par les Dieux pour leur avoir désobéi. Son châtiment était de porter une forêt, pour se rapprocher de son élément qui était la Terre. Gralos s'approcha de lui. Il était immense, des arbres magnifiques de plusieurs siècles poussaient sur lui, Gralos faisait à peine la taille de ses doigts de pieds. Il soutenait la colline sur son dos grâce à ses quatre jambes éppaissent comme une maison.
Il choisit un arbre solide et épais, malgré qu'il poussait à la perpendiculaire de son genoux avant droit et y planta sa lame en la jetant. Elle transperça son écorce et s'y planta. La pénible ascension commença seulement à la force de ses bras.
Il arriva enfin sur la surface plane de son dos. Une source coulait et serpentait entre les rochers et les racines des arbres. D'un coup il y eu un énorme tremblement de Terre, Gralos se plaqua au sol et vit que l'altitude s'élevait à une vitesse phénoménale. Le tremblement s'arrêta et le Titan avança, on pouvait entendre un bruit sourd à chaque fois qu'un de ses pieds touchait le sol. Gralos rampa jusqu'à ce qui semblait être sa tête. En haut se trouvait une grotte qui descendait, illuminé par de nombreuses torches. Gralos l'empreinta et arriva rapidement jusqu'à une vaste salle.
« Qui es-tu étranger, et comment oses-tu monter sur moi alors que tu n'es qu'un simple humain. » gronda une voix qui résonna dans toute la salle.
-Je suis Gralos, une guerrier de Troie. Je viens d'Athènes. Je suis venu à toi pour que tu m'aides. Es-tu bien Atlas?
« Comment oses-tu, Humain? Je n'ai que faire de vos petites histoires »
-Écoute simplement ma proposition, si elle ne te plaît pas alors tu pourras toujours essayer de me tuer, répondit Gralos sans broncher.
L'homme et le Titan parlèrent brièvement et se mirent d'accord.
-Tu es trop frêle pour pouvoir affronter tout nos futurs ennemis. J'ai encore quelques dons divins. Tu vas être le premier humain qui va en disposer. Déshabille toi.
Gralos s'exécuta en se demandant quel serait ce don, mais il n'avait pas le choix, s'il voulait le venger il fallait supporter ce Titan. D'un coup, la salle s'illumina de milles feux, la lumière devint tellement forte que Gralos fut obliger de fermer et de se couvrir les yeux grâce à ses mains. Mais son corps refusait d'obéir. Ses pieds se soulevèrent du sol, ses mains et ses jambes furent tendus au maximum. Gralos hurla de douleur, mais le pire restait à venir. Il senti un métal brulant s'enrouler autour de ses avants bras avant de s'évanouir...
