DeletedUser331
Guest
Battle de la compétition, plus de détails ici et là
Thème : Fantasy
N° de rencontre : 11
Participants : NameriF VS Kissifrott
Arbitre : Gandalflerouge
Taille : Maximum de 15 000 caractères
Contrainte respectée.
Thème : Fantasy
N° de rencontre : 11
Participants : NameriF VS Kissifrott
Arbitre : Gandalflerouge
Taille : Maximum de 15 000 caractères
Contrainte respectée.
Le cercle des sentiments
Il était une fois la Haine. Vicieuse et viscérale, elle s’immisça sournoisement et profondément dans les relations de deux communautés pacifiques, les Shoras et les Reshus. Ces deux peuples, minorités dans l’empire Ashuran, vivaient jusque-là en harmonie avec le système impérial qui n’avait jamais fait couler leur sang. Reshus et Shoras se tenaient sur un parfait pied d’égalité au sein de l’Empire.
Mais cette haine se personnifia dans le mariage de la jeune impératrice, la resplendissante Senjimara. La maîtresse de l’Empire cherchait en effet à s’aliéner une des deux peuplades afin d’hériter de leur sang dépositaire d’une très ancienne magie, selon les dires. L’impératrice ne doutait pas qu’elle réussirait à faire main basse sur cette magie qui lui restait mystérieuse à ses yeux. Dans sa quête de pouvoir, elle réussit grâce à son charme envoûtant à séduire le Conseil des Anciens du peuple shora qui lui offrit en mariage un de ses Gardiens.
C’était sans compter sur les Reshus qui eux avaient résistés aux sirènes impériales. Ils firent savoir leur colère que l’un des peuples élus puisse trahir sa mission ancestrale ; les armes du pouvoir ne doivent pas tomber dans les mains du pouvoir. Les ninjas reshus assassinèrent alors le prétendant shora au mariage pour faire passer le message de façon certaine.
Ainsi commença le cycle de la haine.
Choqués de ce meurtre expéditif et spectaculaire, la victime avait été crucifiée sur le temple Sho, les Anciens shoras crièrent vengeance auprès de son altesse impériale Senjimara. Apprenant la nouvelle, l’impératrice tua de ses mains dans un accès de rage le porteur du message lugubre. Elle commanda en réaction à ses cinq mille samouraïs, à la tête de cent mille autres soldats, de marcher sur Reshuan.
La résistance des dix mille guerriers reshus fut glorieuse et courageuse, traçant un sillon sanglant sur leur chemin, mais un repli stratégique se fit rapidement nécessaire. Hélas, dans leur débandade, ce qu’il restait de l’armée reshu se fit surprendre par la charge des samouraïs shoras.
Acculé, le général reshu mandata un coursier auprès des Anciens afin de les avertir de la situation. Sentant proche la fin de leur peuple, ceux-ci ordonnèrent dans leur haine l’impensable. Les cents Gardiens se réunirent dans le temple Shu sur leur ordre. Le chef du Conseil prit alors la parole pour un discours flamboyant :
« Gardiens ! L’heure de votre serment touche à sa fin. Le peuple reshu, notre peuple, votre peuple, est sur le point d’être exterminé par les vautours et des traîtres à leur héritage. Vaut-il mieux sauver la magie de nos ancêtres, ou vaut-il mieux secourir nos familles et leur avenir ? Je vous demande, humblement, conscient de votre devoir, d’invoquer l’Argenté ! »
Exaltés, l’assistance hurla son assentiment dans des grands hourras. Ils se mirent en cercle dans le temple et commencèrent la cérémonie d’invocation. Leurs femmes, servantes du temple, pleurèrent de toutes leurs larmes, conscientes du sacrifice auquel ils allaient consentir pour elles et tout leur peuple. Ils se lancèrent dans une litanie mordante et discordante. Leur chant fiévreux monta dans toute la ville, s’harmonisant à mesure que le final approchait. Tandis que le cérémonial parvenait à son apogée, les cents Gardiens, dans un seul mouvement ample, dégainèrent leur dague pour se la planter en plein cœur dans une note parfaite.
L’incroyable se produisit alors. Une lumière argentée étincelante émana de tous les corps qui, malgré la blessure mortelle, restaient debout. Celle-ci monta dans le ciel étoilé de la déesse nocturne Luna. Dans un éclair éblouissant, la masse lumineuse prit forme. C’était un dragon ! Shu (c’était son nom) lança un rugissement monstrueux d’un autre monde comme on n’en avait jamais entendu. Son halo brillant donnait l’impression aux habitants de la ville d’être au cœur de l’univers, en osmose la plus complète avec les étoiles.
Les Gardiens, toujours baignés de lumière, se murent hors du temple dans un ensemble parfait malgré le poignard plongé dans leur torse. Dans un état de transe, ils chantaient toujours leur litanie ; ils étaient l’âme du dragon !
L’attaque de ce dernier fut effrayante. Sa vitesse était inimaginable et sa force de frappe encore moins. En deux temps et trois mouvements, il raya de la carte la quasi-totalité de l’armée impériale. De sa bouche sortait un torrent de feu blanc, et du reste de son corps était propulsé des flèches de lumière mortelles.
Les quelques centaines de survivants fuyaient dans le chaos le plus total jusqu’à ce qu’un simple soldat, Yuri, par son simple charisme, ne réussisse à les rassembler. Il organisa alors la jonction avec les samouraïs shoras. Sur leur conseil, ils battirent tous en retraite sur la cité de Shoran. C’est là que le Conseil révéla la faiblesse du dragon. Shu vivra tant que restera debout un de ses invocateurs, sachant qu’une fois invoqué, il n’y avait pas de retour possible. Ces moines-guerriers n’avaient plus la possibilité ni de s’alimenter, ni de s’abreuver ; ils couraient sciemment à leur perte.
L’espoir renaquit à ces propos encourageants, vite douché par une mise en garde des Gardiens de Sho. Leurs confrères de Shu, tout comme eux, passaient leur vie à entraîner leur corps et leur esprit à l’abstinence. Couplé aux effets de la magie, le plus résistant d’entre eux pouvait tenir des semaines durant. Pendant ce laps de temps, le dragon n’aurait aucune difficulté à effacer toute trace de vie sur la planète. Il n’existait qu’une seule solution selon le chef du culte de Sho.
« Pour pouvoir contenir Shu l’Argenté, il va nous falloir invoquer Sho le Doré dont la puissance est égale. Ainsi, vous braves guerriers, vous pourrez tenter d’éliminer les Gardiens de l’Argenté. Seulement, ce ne sera pas chose aisée. Ils sont devenus le dragon, nimbés de son manteau de lumière meurtrière. Votre unique chance est d’avoir des boucliers-miroirs. »
Le pessimisme revint en trombe, atteignant son paroxysme. Un miroir coûtait une armée complète en plus d’être presque aussi rare qu’un dragon, alors comment en équiper des centaines de guerriers ? Leur salut vint encore du Gardien. L’Ordre de Sho conservait dans son temple cent de ces boucliers destinés à leur usage pour ce cas de figure. Les meilleurs combattants sous les ordres de Yuri en furent équipés.
Mais la principale source d’inquiétudes des membres du culte de Sho résidait dans le fait qu’ils devaient attendre le lever du jour afin d’invoquer le dragon Doré. Il leur fallait survivre jusque-là. De plus, l’instruction à la litanie draconique de leur centième et dernier acolyte qui avait remplacé leur compagnon assassiné était primordiale. Ce n’est pas en un jour que l’on appréhende le travail d’une vie.
La consigne donnée à la population était de rester caché dans les sous-sols pour ne pas être à portée de Shu. Dans l’attente de l’invocation de Sho, le dragon Argenté dont les traits de lumière se trouvaient par conséquent inefficaces crachait sa fureur enflammée sur la cité.
La peur au ventre, habitants, combattants et dirigeants ne pouvaient que prier la fin de l’instant présent, le soleil se faisait désirer. La lutte entre la déesse Luna et le dieu Astra devait se faire plus féroce que d’habitude. La crainte de la victoire éternelle de la déesse existait dans le cœur des Shoras. Le peuple ashuran et sa maîtresse Senjimara étaient dans l’expectative la plus totale, insignifiant dans sa grandeur terrestre, dépendant des Cieux. L’Empire avait enfanté un monstre inarrêtable qu’était la haine.
L’aube se leva enfin dans ses habits rouge flamboyant. Le soulagement était perceptible dans le camp shora. Mais il laissa rapidement place à la peur lorsque les Shoras virent le dragon pousser un hurlement titanesque accompagné d’une flambée blanche gigantesque en direction de l’astre solaire. Cela fut vain ; le dieu Astra était bien trop puissant pour le simple subalterne de la déesse Luna.
Les disciples de Sho s’installèrent fébrilement en cercle pour réciter les chants antiques légués par Astra. Très vite, une lumière d’or s’envola de leur enveloppe charnelle vers les cieux. Chacun dans la salle espérait que leur nouveau camarade ne succomberait pas avant la note finale de la cérémonie. Le processus requérait des années de préparation, ce qui n’était pas son cas. Hélas pour les Reshus, la conviction de sauver son peuple lui permit de résister à ce pouvoir incommensurable avant de ne s’écrouler sur la dalle de pierre, dague enfoncée dans sa poitrine, sourire aux lèvres. L’instant était décisif. Cet événement minuscule dans le déroulement de la guerre sonnait comme un tournant. Enfin le dragon doré Sho prenait consistance.
Immédiatement, Shu se jeta toutes griffes dehors sur son antagoniste. L’affrontement fut épique. De la poussière de lumière volait dans tous les sens, argentée ou dorée. Chaque homme, femme ou enfant sorti de son abri demeurait tétanisé devant ce spectacle terrifiant et magnifique de beauté. La scène en était à un tel point que Yuri et ses frères d’armes en oublièrent leur mission, fascinés par ce tableau.
Le combat eut l’air d’être éphémère alors qu’il dura toute une journée et toute une nuit. A cet instant, tandis qu’aucun des deux dragons ne prenait l’ascendant, un véritable choc se fit entendre. A ce bruit, Gardiens reshus et shoras s’effondrèrent sans vie. Malgré cela, les deux entités de lumières persistèrent dans leur existence, stoppant simplement toute forme de lutte.
C’est alors que dans un éclair aveuglant, Doré et Argenté fusionnèrent en une seule lumière qui monta rejoindre Astra et Luna dans le cosmos divin. Là y naquit une éclipse, symbole de l’amour des dieux et qui sonnait le glas de la magie sur terre. De cette providence divine naquit un enfant prodige, Senjimaru, pardon des dieux devant la faiblesse des humains qui avait eu faux sur toute la ligne au sujet de la magie.
Comme le disait le Grand Sage ; « De l’Amour naît la Haine, dans la Haine vit l’Amour ».
Le Dernier Manuscrit de Bolari l’Erudit
Je ne sais pas qui tu es, toi lecteur. Je ne sais pas d’où tu viens, ni à quelle race tu appartiens : Nain, Elfe ou Humain. Je ne connais ni ton nom, ni tes intentions. Je n’ai aucun moyen de savoir qui tu es et, peut-être que toi non plus tu ne le sais pas… Car qui sommes-nous vraiment ? Je me suis souvent posé la question et j’avoue ne pas avoir trouvé la réponse absolue. Il y en a tellement après tout. Moi, un Nain, un Erudit, une pierre de la montagne, un baril d’hydromel, un tas de viande… Je suis beaucoup de choses et pourtant je ne suis rien. Ainsi soit-il après tout ! Par Orfer ! Je suis ce que je suis, et c’est déjà bien assez. Mais toi, qui a découvert ce manuscrit et qui suis ces lignes du regard, ces mots que j’ai écrit des siècles avant ta naissance, je vais te montrer une partie de ce que je suis. Je vais t’avouer ce que j’ai fait, qui j’ai été et à quoi j’ai participé…
A Fierpierre, le silence était désormais seul souverain. Plus de paroles naines, de rires gutturaux, de tintements de pintes... Même la forge était sombre et mortellement silencieuse. Tous les fourneaux, torches, flammes avaient été éteintes après l'annonce de la nouvelle : l'étoile qui les guidait avait brusquement disparue. Et c'est ainsi que le petit Peuple exprimait son Deuil, sans paroles. Le premier jour de l'Affliction, chaque Nain fut plongé dans ses pensées, immergé. La Cité retournait à un état minéral. Toutes les pensées étaient adressées au Roi Gabbrok "Etoile des Montagnes", qui les avait guidé pourtant si peu de temps. La nation Naine tout entière attendait maintenant la suite des évènements, oubliant ce qui n'était plus important. Pendant ce temps, dans la salle du trône, un unique tambour redonnait vie aux battements de la Montagne. Ce rythme monocorde résonnait dans toutes les têtes, rythmant les préoccupations de chacun et leurs donnant un sens, celui d'aider l'esprit de Gabbrok à retrouver le chemin de la Forge Eternelle... Le deuxième jour, à l'aube, une douce mélopée emplit la Roche. Les Nains accompagnaient maintenant l'âme du Roi sur le chemin et lui donnaient la force de continuer. Ils chantaient leur tristesse, réunis dans la danse macabre qu'était le rituel de l'Affliction. Tous psalmodiaient et comprenaient ce que cela impliquait. Le troisième jour, un unique brasier fut allumé.
Il y avait maintenant autour de la torche initiale tous les seigneurs de chaque Maison, réunis pour discuter de leur avenir... Il fallait choisir l'héritier qui redonnerait la lumière au peuple. Tous connaissaient le meurtrier de Gabbrok et étaient bien décidés à le venger. Ceux qui avaient fait ça n’en sortiraient pas indemnes. Ce n’était plus qu’une question de temps : le conflit allait être lancé, il ne restait qu’à décider qui la mènerait. Nous sommes connus pour notre opiniâtreté et cela s’est vérifié ce jour-là… Les circonstances étaient graves mais chaque représentant formait son propre camp. Tous voulaient être élus pour commander et chacun restait dans son coin. Ce n’était en fait qu’une bande de Nains butés, retranchés dans leurs positions et ne voyant pas l’urgence de la situation. C’est le moment que je choisis, moi, Bolari l'Erudit, Membre du seul peuple Nain et n’appartenant à aucune Maison, pour prendre la parole. Il nous fallait se presser, se préparer pour la bataille afin de réclamer vengeance aux Elfes. S’ils avaient tué notre Roi, quelque chose était surement en préparation, quelque chose de grand. Je leur parlai à tous, les fixant du regard un par un. Comprenant leurs intentions. Tous ne voulaient que se préparer et partir au combat le plus tôt possible... Mais il y avait une différence, une seule : celui qui entrainerait l'armée.
Toutes affaires cessantes, je leur proposai mon plan. Certains ne m’écoutèrent pas au début mais j'avais le droit de parler et je continuai. J'étais l'Erudit. Mon maître m'avait formé à toutes les cultures, je maitrisais l'art oratoire, l'art écrit, l'art commercial mais aussi et surtout, celui de la guerre. Nous n'avions pas le temps d'attendre et de discuter des Lunes : il nous fallait frapper... Et j’étais prêt à guider les troupes. Bien sûr au début les plus grognons s’offusquèrent. Comment un Nain tel que moi osait s’approprier un tel privilège ? Comment pouvais-je me proposer alors qu’aucune Maison ne me soutenait ? Pourtant ils comprirent bien vite l'avantage que je leur offrais. J’étais ici devant eux car durant des années, j’avais conseillé les plus Petits. Je n'appartenais à aucune Maison, et cela faisait ma force. Je ne prenais le parti d’aucune d’elles et j’étais fidèle à la communauté. Mais il n’y avait pas que cela, je connaissais et haïssais nos ennemis plus que tout, je savais animer un peuple... Et surtout, nous n'avions pas le temps de trouver meilleur meneur !
Une heure plus tard, le vote avait été unanime. Apparemment ce discours les avait convaincus et j’étais maintenant élu pour la campagne vengeresse. J’étais fier d’avoir pu unifier les Souverains aussi rapidement, même si certains bougres s’étaient promis de refaire des élections une fois tout cela terminé. Après tout, ils en auraient le temps. Je promis donc à chaque Noble qu'il pourrait mener l’armée de sa Maison au combat. Puis, je pris cérémonieusement le bois embrasé au centre de la table et le leva bien haut. Les Seigneurs Nains vinrent alors un par un près de moi pour me prêter allégeance et me tendre le flambeau de leur Famille. En tant que nouveau Dirigeant, je me devais d’allumer tous les brandons des Seigneurs Nains, qui eux-mêmes enflammèrent les torches de leurs lieutenants... En peu de temps, la lumière était revenue sur la Cité. Cette nuit-là la bière coula à flots. Certains pour oublier, d’autres pour célébrer la guerre à venir et le nombre d’Elfes qu’ils abattraient, il y avait aussi les alcooliques et d’autres comme moi, qui buvaient pour se faire pardonner…
En deux jours, le comté avait été transformé. Depuis que j’avais été choisi et les préparatifs lancés, un vacarme assourdissant emplissait Fierpierre. Tous avaient mis de côté leurs occupations habituelles pour se concentrer à la seule tâche qui rythmait maintenant les vies : la bataille à venir. La sueur coulait à flots, les métaux fondaient dans les hauts-fourneaux, les marteaux donnaient le rythme, et les Nains chantaient comme jamais. La taille de la pierre était notre fierté mais le travail des métaux était pour beaucoup une passion et un don, comme tout Nain qui se respecte. Depuis des siècles, les flots d’or, mithral, argent, palladium et autres inondaient la forge naine de Fierpierre. A côté des canaux, chacun connaissait son rôle : certains actionnaient les soufflets, d’autres tenaient fermement les métaux chauffés à blanc dans des pinces et les plus forts étaient assignés à la frappe sur les enclumes. Jours et nuits, des milliers de Nains suaient devant leurs fourneaux, s'éreintant à forger les meilleures armes. Becs de corbin, marteaux, cimeterres, masses, fléaux... Et bien sur les célèbres haches naines. Chacun devait trouver l'arme au calibrage, au poids et au tranchant qui lui correspondait. Ils créaient un immense arsenal et, même si tous les guerriers possédaient déjà le leur, les plus jeunes et les ouvriers feraient leur premier choix avant cette campagne. Il n'y avait pas eu de guerre depuis plusieurs cycles... Mais cet art n'était pas perdu. Les cordonniers retravaillaient les armures. Les sculpteurs façonnaient arcs et flèches. D’autres préparaient catapultes, balistes, mangonneaux et trébuchets. Les unités d'élite s'entrainaient encore et toujours à perfectionner leurs mouvements. Les commandants se préparaient à donner des ordres. Et moi j'admirais toute cette agitation, fier de mon peuple et de ce qu'il avait entrepris.
La campagne fut lancée six jours après mon ascension au pouvoir. Après plusieurs jours d'intense préparation, presque tous les Nains possédaient leurs armes, les autres formeraient l'arrière-garde. Si les Elfes avaient tué le roi, alors l’exécution de leur plan était imminente… Cependant les Nains ne l’entendaient pas de cette oreille. Il fallait surprendre son adversaire, le prendre par surprise : les frapper dans leur forêt le plus tôt possible, et il était temps. Ainsi le peuple Nain se prépara à l’aube. Prêt à marcher sur la forêt des Sylvestres… Ces êtres qui se cachaient au milieu des arbres, créant des cités qu'ils trouvaient belles, alors qu'il n'y avait ni pierre, ni montagne ! Chez eux, la perfection existait, enfin c'est ce qu'ils disaient. Eux qui modifiaient par magie leur habitat naturel, qui le faisait souffrir en lui imposant des formes vicieuses... Quel manque de respect, la nature était faite pour qu'on s'harmonise avec elle, pas qu'on la change selon nos désirs. Nous les Nains l'avons bien compris! Notre rôle est de donner au métal la forme qui lui correspond, lui donner une seconde vie auquel il a toujours été destiné… Car les Nains forment le métal selon ses désirs, suivent les filons et savent ce qui peut créer l’harmonie parfaite... Alors que les Elfes, maudits soient-ils, coupent les arbres selon des lignes brutes, tout cela pour suivre leur instinct d'Artiste, comme ils disent.
En haut du Col de Bendur à peine deux jours après le départ, je me rendis compte que nous avions parcouru le territoire deux fois plus vite que prévu ! Les jambes naines étaient poussées par l’esprit de Gabbrok et la motivation était accrue. La vengeance savait motiver les âmes. Aucun ne demandait de pauses supplémentaires, tous restaient dans les rangs. Les lignes de cinq Nains se suivaient et ne se ressemblaient pas. Ce n’était pas qu’une armée en marche. C’était l’essence même de siècles de guerre, de savoir, de pouvoir. Chacun connaissait son devoir. Des dizaines de colonnes serpentaient au pied des collines, les chants résonnaient dans de nombreuses vallées, des nuages de poussière emplissaient le ciel, les effluves âcres de la sueur se répandaient sur le chemin, les armures scintillaient au soleil… Depuis le Col de Bendur, c'était un spectacle magnifique qui s'offrait à mes yeux. Un spectacle nous menant vers la victoire. Même si les Elfes avaient leur magie et leur fourberie, nous étions et nous sommes des Nains. La victoire était à portée de Nain.
Regardant droit devant moi, je vis ce qui nous attendait. En bas du col s’étendait l’orée du bois. A perte de vue, des arbres millénaires s'offraient au ciel. Des arbres qui grandissaient, croissaient, poussaient... Pour étendre le pouvoir de la nature et le faire respecter. Mais les Elfes n'étaient pas de cet avis. Alors que leurs aïeux avaient protégé cette nature. Les Elfes croyaient avoir maintenant atteint les sommets du monde. Ils pensaient avoir atteint la perfection. Ils prétendaient être au niveau des Dieux. Ils jugeaient pouvoir choisir qui avait le droit de vivre ou mourir... La ville de Ladune, peu à l'Ouest, traduisait bien ce caractère hautain des Elfes. Ce peuple qui ne respectait même plus la nature, qui avait détruit des arbres pour y planter ses propres cités. Où était le respect là-dedans ? Le dôme central de la ville pointait haut vers le ciel et, réfléchissant les infinis rayons du Soleil, il semblait vouloir percer le ciel. Rejoindre les Dieux dans un ultime effort d’égoïsme... Mais les Nains les remettraient dans le droit chemin.
On attaquerait certes la petite Ladune, mais ce n’était pas l’objectif principal. Les Sylvestres s'étaient crus au-dessus de tout trop longtemps. Le meurtre de Gabbrok avait été la goutte de bière faisant déborder la chope ! L'armée commencerait par-là, puis avancerait dans la forêt... Cependant il y avait dans cette ville quelque chose qui semblait anormal. Du Col, je voyais des colonnes de fumées inhabituelles chez les Elfes, eux qui faisaient habituellement tant appel à leur magie. Et il y avait aussi de nombreux arbres coupés autour des habitations... Des buches qui semblaient être mises en planches pour être envoyées vers le canal. Mais leur nombre était anormal. Ce n'était pas le commerce habituel. Quelque chose se passait donc vraiment ! Les tranches semblaient être toutes coupées sur le même schéma : soit ce n'étaient que de simples rondins de bois, longs de trois mètres et larges d'un mètre environ, soit c'étaient des buches à assembler pour former... Quoi ? Il n’y avait pourtant qu’une réponse à cela. Ce que je pensais se vérifiait. Le meurtre de Gabbrok n'avait pas été commis en vain. Ces sales fourbes se préparaient à la guerre !... Mais ce n'était pas une guerre pour défendre leur forêt, ce n'était pas une campagne parce qu'ils étaient attaqués... Ils n’étaient pas tournés vers la défensive, mais l’offensive ! Les planches n'étaient rien d'autres que béliers et catapultes prêtes à monter, la fumée était celle des forges… Leur magie n'était pas suffisante et ils avaient certainement embauchés, ou capturés, des Humains... L'armée Naine eue tôt fait d'être au courant. Il n'y avait qu'une possibilité, les Elfes souhaitaient réellement s’en prendre aux Nains. Alors les cors sonnèrent, un Nain isolé entonna le chant mortuaire. Ironie du sort ou pas, cette musique sonnait autant le glas de la mort de Gabbrok que celles des Elfes à venir. Et c'est ainsi que d'autres Nains reprirent le chant des louanges, et commencèrent leur marche vers Ladune... Tous pensaient à leurs familles qui auraient pu mourir pendant l’attaque, à leurs frères qui seraient morts en protégeant leur Montagne, en sauvant leur honneur face à des êtres qui tuaient par magie, ou grâce à des arcs envoûtés... Leur vengeance serait terrible.
Il y avait pourtant dans cette marche quelque chose de fantastique. J’ai préféré rester sur la montagne de l'Orée, loin de ce combat inégal qui n'était que le premier. Je pensais à ce que j'avais lancé, à ce que les Elfes avaient provoqué... Un jour, un « grand » Nain a dit : « La sagesse des siècles nous apprend qu'il suffit d'approfondir une chose pour en connaître plusieurs autres. » Toi lecteur qui me lis, tu ne sais toujours pas ce qui m’a poussé à écrire ce manuscrit. Le remords, peut-être, le pardon, l’affliction… Tout a un début, et aussi une fin, pourtant bien souvent l’un et l’autre ne font qu’un. Ainsi je vais te révéler mon dernier secret. Lis les dernières paroles de ce manuscrit, et trouve la suite en lisant les premières, les premières lettres de chaque paragraphe de ce texte. Je me demande aujourd’hui ce qui se serait passé si les Elfes n’avaient pas reniés leur nature, si le Conseil ne m'avait pas élu, si nous avions attendu avant de lancer l’offensive, si les Nains avaient su dès le début que...
Je ne sais pas qui tu es, toi lecteur. Je ne sais pas d’où tu viens, ni à quelle race tu appartiens : Nain, Elfe ou Humain. Je ne connais ni ton nom, ni tes intentions. Je n’ai aucun moyen de savoir qui tu es et, peut-être que toi non plus tu ne le sais pas… Car qui sommes-nous vraiment ? Je me suis souvent posé la question et j’avoue ne pas avoir trouvé la réponse absolue. Il y en a tellement après tout. Moi, un Nain, un Erudit, une pierre de la montagne, un baril d’hydromel, un tas de viande… Je suis beaucoup de choses et pourtant je ne suis rien. Ainsi soit-il après tout ! Par Orfer ! Je suis ce que je suis, et c’est déjà bien assez. Mais toi, qui a découvert ce manuscrit et qui suis ces lignes du regard, ces mots que j’ai écrit des siècles avant ta naissance, je vais te montrer une partie de ce que je suis. Je vais t’avouer ce que j’ai fait, qui j’ai été et à quoi j’ai participé…
A Fierpierre, le silence était désormais seul souverain. Plus de paroles naines, de rires gutturaux, de tintements de pintes... Même la forge était sombre et mortellement silencieuse. Tous les fourneaux, torches, flammes avaient été éteintes après l'annonce de la nouvelle : l'étoile qui les guidait avait brusquement disparue. Et c'est ainsi que le petit Peuple exprimait son Deuil, sans paroles. Le premier jour de l'Affliction, chaque Nain fut plongé dans ses pensées, immergé. La Cité retournait à un état minéral. Toutes les pensées étaient adressées au Roi Gabbrok "Etoile des Montagnes", qui les avait guidé pourtant si peu de temps. La nation Naine tout entière attendait maintenant la suite des évènements, oubliant ce qui n'était plus important. Pendant ce temps, dans la salle du trône, un unique tambour redonnait vie aux battements de la Montagne. Ce rythme monocorde résonnait dans toutes les têtes, rythmant les préoccupations de chacun et leurs donnant un sens, celui d'aider l'esprit de Gabbrok à retrouver le chemin de la Forge Eternelle... Le deuxième jour, à l'aube, une douce mélopée emplit la Roche. Les Nains accompagnaient maintenant l'âme du Roi sur le chemin et lui donnaient la force de continuer. Ils chantaient leur tristesse, réunis dans la danse macabre qu'était le rituel de l'Affliction. Tous psalmodiaient et comprenaient ce que cela impliquait. Le troisième jour, un unique brasier fut allumé.
Il y avait maintenant autour de la torche initiale tous les seigneurs de chaque Maison, réunis pour discuter de leur avenir... Il fallait choisir l'héritier qui redonnerait la lumière au peuple. Tous connaissaient le meurtrier de Gabbrok et étaient bien décidés à le venger. Ceux qui avaient fait ça n’en sortiraient pas indemnes. Ce n’était plus qu’une question de temps : le conflit allait être lancé, il ne restait qu’à décider qui la mènerait. Nous sommes connus pour notre opiniâtreté et cela s’est vérifié ce jour-là… Les circonstances étaient graves mais chaque représentant formait son propre camp. Tous voulaient être élus pour commander et chacun restait dans son coin. Ce n’était en fait qu’une bande de Nains butés, retranchés dans leurs positions et ne voyant pas l’urgence de la situation. C’est le moment que je choisis, moi, Bolari l'Erudit, Membre du seul peuple Nain et n’appartenant à aucune Maison, pour prendre la parole. Il nous fallait se presser, se préparer pour la bataille afin de réclamer vengeance aux Elfes. S’ils avaient tué notre Roi, quelque chose était surement en préparation, quelque chose de grand. Je leur parlai à tous, les fixant du regard un par un. Comprenant leurs intentions. Tous ne voulaient que se préparer et partir au combat le plus tôt possible... Mais il y avait une différence, une seule : celui qui entrainerait l'armée.
Toutes affaires cessantes, je leur proposai mon plan. Certains ne m’écoutèrent pas au début mais j'avais le droit de parler et je continuai. J'étais l'Erudit. Mon maître m'avait formé à toutes les cultures, je maitrisais l'art oratoire, l'art écrit, l'art commercial mais aussi et surtout, celui de la guerre. Nous n'avions pas le temps d'attendre et de discuter des Lunes : il nous fallait frapper... Et j’étais prêt à guider les troupes. Bien sûr au début les plus grognons s’offusquèrent. Comment un Nain tel que moi osait s’approprier un tel privilège ? Comment pouvais-je me proposer alors qu’aucune Maison ne me soutenait ? Pourtant ils comprirent bien vite l'avantage que je leur offrais. J’étais ici devant eux car durant des années, j’avais conseillé les plus Petits. Je n'appartenais à aucune Maison, et cela faisait ma force. Je ne prenais le parti d’aucune d’elles et j’étais fidèle à la communauté. Mais il n’y avait pas que cela, je connaissais et haïssais nos ennemis plus que tout, je savais animer un peuple... Et surtout, nous n'avions pas le temps de trouver meilleur meneur !
Une heure plus tard, le vote avait été unanime. Apparemment ce discours les avait convaincus et j’étais maintenant élu pour la campagne vengeresse. J’étais fier d’avoir pu unifier les Souverains aussi rapidement, même si certains bougres s’étaient promis de refaire des élections une fois tout cela terminé. Après tout, ils en auraient le temps. Je promis donc à chaque Noble qu'il pourrait mener l’armée de sa Maison au combat. Puis, je pris cérémonieusement le bois embrasé au centre de la table et le leva bien haut. Les Seigneurs Nains vinrent alors un par un près de moi pour me prêter allégeance et me tendre le flambeau de leur Famille. En tant que nouveau Dirigeant, je me devais d’allumer tous les brandons des Seigneurs Nains, qui eux-mêmes enflammèrent les torches de leurs lieutenants... En peu de temps, la lumière était revenue sur la Cité. Cette nuit-là la bière coula à flots. Certains pour oublier, d’autres pour célébrer la guerre à venir et le nombre d’Elfes qu’ils abattraient, il y avait aussi les alcooliques et d’autres comme moi, qui buvaient pour se faire pardonner…
En deux jours, le comté avait été transformé. Depuis que j’avais été choisi et les préparatifs lancés, un vacarme assourdissant emplissait Fierpierre. Tous avaient mis de côté leurs occupations habituelles pour se concentrer à la seule tâche qui rythmait maintenant les vies : la bataille à venir. La sueur coulait à flots, les métaux fondaient dans les hauts-fourneaux, les marteaux donnaient le rythme, et les Nains chantaient comme jamais. La taille de la pierre était notre fierté mais le travail des métaux était pour beaucoup une passion et un don, comme tout Nain qui se respecte. Depuis des siècles, les flots d’or, mithral, argent, palladium et autres inondaient la forge naine de Fierpierre. A côté des canaux, chacun connaissait son rôle : certains actionnaient les soufflets, d’autres tenaient fermement les métaux chauffés à blanc dans des pinces et les plus forts étaient assignés à la frappe sur les enclumes. Jours et nuits, des milliers de Nains suaient devant leurs fourneaux, s'éreintant à forger les meilleures armes. Becs de corbin, marteaux, cimeterres, masses, fléaux... Et bien sur les célèbres haches naines. Chacun devait trouver l'arme au calibrage, au poids et au tranchant qui lui correspondait. Ils créaient un immense arsenal et, même si tous les guerriers possédaient déjà le leur, les plus jeunes et les ouvriers feraient leur premier choix avant cette campagne. Il n'y avait pas eu de guerre depuis plusieurs cycles... Mais cet art n'était pas perdu. Les cordonniers retravaillaient les armures. Les sculpteurs façonnaient arcs et flèches. D’autres préparaient catapultes, balistes, mangonneaux et trébuchets. Les unités d'élite s'entrainaient encore et toujours à perfectionner leurs mouvements. Les commandants se préparaient à donner des ordres. Et moi j'admirais toute cette agitation, fier de mon peuple et de ce qu'il avait entrepris.
La campagne fut lancée six jours après mon ascension au pouvoir. Après plusieurs jours d'intense préparation, presque tous les Nains possédaient leurs armes, les autres formeraient l'arrière-garde. Si les Elfes avaient tué le roi, alors l’exécution de leur plan était imminente… Cependant les Nains ne l’entendaient pas de cette oreille. Il fallait surprendre son adversaire, le prendre par surprise : les frapper dans leur forêt le plus tôt possible, et il était temps. Ainsi le peuple Nain se prépara à l’aube. Prêt à marcher sur la forêt des Sylvestres… Ces êtres qui se cachaient au milieu des arbres, créant des cités qu'ils trouvaient belles, alors qu'il n'y avait ni pierre, ni montagne ! Chez eux, la perfection existait, enfin c'est ce qu'ils disaient. Eux qui modifiaient par magie leur habitat naturel, qui le faisait souffrir en lui imposant des formes vicieuses... Quel manque de respect, la nature était faite pour qu'on s'harmonise avec elle, pas qu'on la change selon nos désirs. Nous les Nains l'avons bien compris! Notre rôle est de donner au métal la forme qui lui correspond, lui donner une seconde vie auquel il a toujours été destiné… Car les Nains forment le métal selon ses désirs, suivent les filons et savent ce qui peut créer l’harmonie parfaite... Alors que les Elfes, maudits soient-ils, coupent les arbres selon des lignes brutes, tout cela pour suivre leur instinct d'Artiste, comme ils disent.
En haut du Col de Bendur à peine deux jours après le départ, je me rendis compte que nous avions parcouru le territoire deux fois plus vite que prévu ! Les jambes naines étaient poussées par l’esprit de Gabbrok et la motivation était accrue. La vengeance savait motiver les âmes. Aucun ne demandait de pauses supplémentaires, tous restaient dans les rangs. Les lignes de cinq Nains se suivaient et ne se ressemblaient pas. Ce n’était pas qu’une armée en marche. C’était l’essence même de siècles de guerre, de savoir, de pouvoir. Chacun connaissait son devoir. Des dizaines de colonnes serpentaient au pied des collines, les chants résonnaient dans de nombreuses vallées, des nuages de poussière emplissaient le ciel, les effluves âcres de la sueur se répandaient sur le chemin, les armures scintillaient au soleil… Depuis le Col de Bendur, c'était un spectacle magnifique qui s'offrait à mes yeux. Un spectacle nous menant vers la victoire. Même si les Elfes avaient leur magie et leur fourberie, nous étions et nous sommes des Nains. La victoire était à portée de Nain.
Regardant droit devant moi, je vis ce qui nous attendait. En bas du col s’étendait l’orée du bois. A perte de vue, des arbres millénaires s'offraient au ciel. Des arbres qui grandissaient, croissaient, poussaient... Pour étendre le pouvoir de la nature et le faire respecter. Mais les Elfes n'étaient pas de cet avis. Alors que leurs aïeux avaient protégé cette nature. Les Elfes croyaient avoir maintenant atteint les sommets du monde. Ils pensaient avoir atteint la perfection. Ils prétendaient être au niveau des Dieux. Ils jugeaient pouvoir choisir qui avait le droit de vivre ou mourir... La ville de Ladune, peu à l'Ouest, traduisait bien ce caractère hautain des Elfes. Ce peuple qui ne respectait même plus la nature, qui avait détruit des arbres pour y planter ses propres cités. Où était le respect là-dedans ? Le dôme central de la ville pointait haut vers le ciel et, réfléchissant les infinis rayons du Soleil, il semblait vouloir percer le ciel. Rejoindre les Dieux dans un ultime effort d’égoïsme... Mais les Nains les remettraient dans le droit chemin.
On attaquerait certes la petite Ladune, mais ce n’était pas l’objectif principal. Les Sylvestres s'étaient crus au-dessus de tout trop longtemps. Le meurtre de Gabbrok avait été la goutte de bière faisant déborder la chope ! L'armée commencerait par-là, puis avancerait dans la forêt... Cependant il y avait dans cette ville quelque chose qui semblait anormal. Du Col, je voyais des colonnes de fumées inhabituelles chez les Elfes, eux qui faisaient habituellement tant appel à leur magie. Et il y avait aussi de nombreux arbres coupés autour des habitations... Des buches qui semblaient être mises en planches pour être envoyées vers le canal. Mais leur nombre était anormal. Ce n'était pas le commerce habituel. Quelque chose se passait donc vraiment ! Les tranches semblaient être toutes coupées sur le même schéma : soit ce n'étaient que de simples rondins de bois, longs de trois mètres et larges d'un mètre environ, soit c'étaient des buches à assembler pour former... Quoi ? Il n’y avait pourtant qu’une réponse à cela. Ce que je pensais se vérifiait. Le meurtre de Gabbrok n'avait pas été commis en vain. Ces sales fourbes se préparaient à la guerre !... Mais ce n'était pas une guerre pour défendre leur forêt, ce n'était pas une campagne parce qu'ils étaient attaqués... Ils n’étaient pas tournés vers la défensive, mais l’offensive ! Les planches n'étaient rien d'autres que béliers et catapultes prêtes à monter, la fumée était celle des forges… Leur magie n'était pas suffisante et ils avaient certainement embauchés, ou capturés, des Humains... L'armée Naine eue tôt fait d'être au courant. Il n'y avait qu'une possibilité, les Elfes souhaitaient réellement s’en prendre aux Nains. Alors les cors sonnèrent, un Nain isolé entonna le chant mortuaire. Ironie du sort ou pas, cette musique sonnait autant le glas de la mort de Gabbrok que celles des Elfes à venir. Et c'est ainsi que d'autres Nains reprirent le chant des louanges, et commencèrent leur marche vers Ladune... Tous pensaient à leurs familles qui auraient pu mourir pendant l’attaque, à leurs frères qui seraient morts en protégeant leur Montagne, en sauvant leur honneur face à des êtres qui tuaient par magie, ou grâce à des arcs envoûtés... Leur vengeance serait terrible.
Il y avait pourtant dans cette marche quelque chose de fantastique. J’ai préféré rester sur la montagne de l'Orée, loin de ce combat inégal qui n'était que le premier. Je pensais à ce que j'avais lancé, à ce que les Elfes avaient provoqué... Un jour, un « grand » Nain a dit : « La sagesse des siècles nous apprend qu'il suffit d'approfondir une chose pour en connaître plusieurs autres. » Toi lecteur qui me lis, tu ne sais toujours pas ce qui m’a poussé à écrire ce manuscrit. Le remords, peut-être, le pardon, l’affliction… Tout a un début, et aussi une fin, pourtant bien souvent l’un et l’autre ne font qu’un. Ainsi je vais te révéler mon dernier secret. Lis les dernières paroles de ce manuscrit, et trouve la suite en lisant les premières, les premières lettres de chaque paragraphe de ce texte. Je me demande aujourd’hui ce qui se serait passé si les Elfes n’avaient pas reniés leur nature, si le Conseil ne m'avait pas élu, si nous avions attendu avant de lancer l’offensive, si les Nains avaient su dès le début que...
Code pour voter :
HTML:
[COLOR="DarkRed"]Création N°[size=12]1[/size][/COLOR]
[COLOR="DarkOrange"]Je mets la note de : [size=12]...[/size]/20[/COLOR]
[COLOR="Blue"]Commentaires :[/COLOR]
[COLOR="DarkRed"]Création N°[size=12]2[/size][/COLOR]
[COLOR="DarkOrange"]Je mets la note de : [size=12]...[/size]/20[/COLOR]
[COLOR="Blue"]Commentaires :[/COLOR]