- En faisant des recherches généalogiques afin de renouer avec mon passé et remonter jusqu'à mes plus anciennes origines, j'ai été amené en Amérique. Plus précisément à Salt Lake City en Arizona. En consultant les registres de la banque de données des Mormons, j'ai appris que ma famille avait fait fortune lors de la ruée vers l'or, au dix-neuvième siècle. C‘est à ce moment que je suis tombé sous les charmes du continent américain. L'immensité et la diversité des paysages de ces terres nord et sud ont quelque chose d'énigmatique qui sollicitent mon imaginaire. Je prévoyais d’aller m’installer à Mexico, la capitale d’un pays du nouveau monde qui m’a toujours attiré.
Mais j’ai reçu un message qui m’annonçait l’hospitalisation de ma grand mère, ce qui m’obligea à écourter mon séjour et à rentrer au pays. Je suis allé à son chevet, et pour la première fois elle cessait de voir en moi un enfant et me parlait comme on parle avec un adulte.
Quelques années plus tard, j'avais abandonné mes recherches généalogiques, pensant en savoir assez sur mes ascendants. Quoi qu'il en soit, j'étais fatigué de remuer le passé, je souhaitais vivre au jour le jour.
Je pouvais enfin aller vivre à Mexico, anciennement appelé Tenochtitlan par les Aztèques. J'aimais l'atmosphère de cette ville et de ce pays. Malgré leur pauvreté évidente, les habitants se livrent à de nombreuses fêtes traditionnelles lors desquelles ils font des offrandes aux dieux avec des squelettes de sucre, des gâteaux et des parades. Ces rituels semblent sortir d'un autre temps. Cela ressemble à un grand retour dans le passé ou peut être est-ce un bond dans le futur? Qui sait ce que l'avenir nous réserve?
Un soir en me promenant devant un temple, j'ai aperçu un étrange personnage. Il avait pour tout vêtement un pagne de tissu marron noué autour de la taille par une cordelette. Cet homme singulier m'intriguait, je l'ai suivi. Il a gravit les marches du temple construit à l'effigie du dieu du soleil, puis a disparu dans l'obscurité intérieure de ce lieu de culte. Je me suis arrêté un instant en haut des marches. Je ne m'étais jamais rendu compte que, d'ici, on a une vue magnifique de Mexico.
Une lumière se fit dans le temple. C'était une bougie allumée sur un autel de pierre grise. Elle produisait une luminosité anormalement puissante. Le temple était vide, l'homme que j'avais vu entrer n'y était plus.
Je me suis approché de l'autel. Il avait de nombreuses gravures représentant les rites exercés en l'honneur du dieu du soleil. La bougie l'éclairait de mille feux.
Je suis resté un long moment devant cet autel, fasciné par je ne sais quelle présence, bien que je fus seul dans le temple. La bougie éclairait toujours mais d'une lueur blafarde, fébrile, faisant danser les ombres sur les murs et sur le sol. Je me sentais en pleine forme. S'il n'avait pas été plus de minuit, je serais sûrement resté dans ce temple au passé chargé d'âmes et de souffrances, de prières et de larmes. Je me suis retourné ; il me semblait avoir senti un souffle dans mon dos, pourtant, il n'y avait personne dans le temple. J'ai marché jusqu'à la sortie. Un bruit sourd retenti, comme un corps qui tombe. Cette fois c'était sur, je n'étais pas seul, j'ai regardé dans le temple, mais seule la bougie, maintenant réduite à un petit tas de cire, continuait de danser sur l'autel.
- Quien esta aqui?" demandais-je. Personne ne répondit. Le silence était oppressant, c'était un de ces silences dans lesquels on est persuadé d'être en compagnie de quelqu'un. J'entrepris mon retour chez moi.
Après avoir redescendu les marches du temple, j'ai traversé la place encore très animée. Cela me rappela les soirées espagnoles. Je n'étais pas assez fatigué pour rentrer tout de suite. J'ai choisi, pour chemin de retour, les ruelles plutôt que l'avenue. Les gens ont peur de passer par là, à cause des voyous et des dealers. Pourtant nombre d'êtres y vivent, et sont obligés d'emprunter ces voies de communication. Personnellement, je n'avais rien ici, par conséquent, rien à perdre. Et je connais bien ces rues dans lesquelles régnait une odeur sale et chaude, signe incontestable de pauvreté. Mais cela ne me dérangeait pas. En fait c'était tout le contraire. Cette atmosphère me plait, dans ce monde qui m'avait accueillit à bras ouverts. Ma chemise était trouée et humide de la transpiration du jour, ouverte en haut: les boutons avaient lâché. Qu'importe.
Un chat a sauté hors d'une poubelle. Je m'en suis approché. Il m'a reconnu: chaque jour je lui donne le reste de mon goûter. Je l'ai caressé, puis en fouillant dans mes poches, j'ai découvert le morceau de poisson séché, enveloppé soigneusement dans un morceau de papier. C'est ce que je prends pour l'après midi, pour le moment où mon estomac crie famine. Le poisson séché est très nourrissant, juste un petit bout et ça repart, comme si de rien n'était.
J'ai croqué dans le morceau de poisson, et lui ai donné le reste. Il s'en est saisit puis est parti le manger derrière la poubelle. Je suis reparti et il m'a suivi, espérant sûrement une autre gourmandise. Mais mes poches étaient vides à présent.
Soudain, le chat émit un gémissement sourd et sauta dans une poubelle. Il disparut, et la présence revint. Il n'y avait toujours personne à coté de moi. J'ai appelé, nul ne répondit. Je repris ma route, la fatigue commençait à venir.
Quelques ruelles plus loin, j'ai croisé un groupe de SDF qui parlaient assis au milieu de cartons.
- Señor, por favor, da me una pieza" me dit un d'eux.
- Hola Fernando, Quetal?" lui répondis-je. - Estoy como un hombre en los cartones Me dit-il en riant. Puis, je repris ma route. Toujours, la présence me suivait, attisant ma curiosité. Enfin, je suis arrivé chez moi.
J'ai poussé la grille de l'immeuble dans le grincement aigu du fer contre le fer, et je suis rentré dans l'atmosphère lugubre du bâtiment. Comme à l'habitude, c'était poussiéreux, j'ai appuyé sur l'interrupteur. Une faible lueur s'est répandue dans la cage d'escalier. La peinture et le crépi tombaient petit à petit, une couche de gras et toutes les choses collantes que l'on peut trouver sur Terre s'était peu à peu répandue sur les murs et sur le sol. De longues lézardes descendaient un peu partout du plafond. L'escalier était un colimaçon en bois rongé par les termites. Quelques marches avaient cassé sous l'action du temps et sans doute d'une personne légèrement supérieure à mon petit gabarit.
J'habitais au sixième étage, le plus haut, mes deux fenêtres donnaient sur des murs de briques noircies par la pollution. Lorsque je suis rentré dans mon petit logement de trente mètres carré, j'ai tourné le verrou, et je suis allé prendre une douche froide. L'eau chaude s'arrête au 4° étage, une conduite a cédé, et personne ne l'a jamais fait réparer. Mais je ne me plains pas, je suis encore privilégié, j'ai de l'eau courante, ce qui n'est pas le cas de tout le monde dans la ville. Après ma douche, je suis allé me coucher sur mon canapé dévoré par les parasites, au milieu de mes seuls compagnons, les souris et les cafards. Rien ne semble pouvoir en venir à bout!
Ma nuit fut agitée. La présence était revenue et mes rêves s'en imprégnaient. Puis, peu à peu, les premières lueurs du jour perçaient entre les rideaux.
Je me suis réveillé en sursaut, l'homme en pagne était devant moi. J'étais tétanisé. La luminosité était très faible, je le voyais juste comme une ombre.
Je me suis levé, comme happé vers lui. La lumière s'est allumée je ne sais comment, et j'ai enfin pu voir son visage. Il avait les cheveux longs et noirs qui cachaient en partie des oreilles couvertes d'anneaux d'or. Des traits de peinture blanche parcouraient son visage et son corps au teint mat. Il avait des "piercings" et des scarifications sur le visage, sur les seins et dans le dos. Je sentais qu'il m'étudiait autant que ce que je l'étudiais, le silence devenait gênant, et ça n'allait que s'empirer. Il me regardait dans les yeux, comme pour lire en moi.
Il rompit le silence.
-Cela fait longtemps que je t'observe jeune homme. Bientôt viendra le temps où tu t'élèveras vers les dieux. dit il.
Je ne comprenais pas ce qu'il disait, ni comment il connaissait le français, lui qui semblait n'avoir connu que les coutumes anciennes, celles que l'on voit sur les peintures, et les grottes d'Amérique Latine.
Quelques minutes plus tard, il ajouta "Tébek est mon nom." Je m'apprêtais à le questionner, mais il prit la parole:
-Toutes tes questions auront leur réponse, jeune homme, mais prends le temps de la réflexion, tout élément passé est irrévocable, ne te jette pas sans réfléchir dans la gueule béante du temps. Ne pose tes questions qu'en étant sur que c'est à celles là que tu désires une réponse.
Un silence s'installa ; j'étais étonné de ce singulier personnage. Comment était il rentré chez moi? Que me voulait-il? Enfin, je me décidai à prendre la parole, résolu à en savoir plus sur lui.
- D'où venez-vous?
- Je viens de Tenochtitlan que vous nommez Mexico, cité mère du peuple des Aztèques, fondée par les anciens de mon peuple.
- Mais que me voulez vous ?
- Je suis Tébek, mais qu'importe mon nom, je suis le gardien du passage. Cela fait longtemps que je t'observe. Les dieux m'avaient annoncé l'arrivée d'un homme bon et pur sur le continent, à San Francisco il y a quelques années. Mais tu es reparti avant que j'ai pu te parler. Puis tu es revenu sur notre continent, mais cette fois-ci, les dieux ont laissé agir le destin, et tu t'es retrouvé à quelques mètres de moi. J'ai fait en sorte que tu m'aperçoive, sachant que j'attirerais ton attention. Tu m'as suivi, tout comme je l'espérais. Là, j'ai préféré l'invisibilité.
En haut des marches du temple, tu t'es arrêté, et il était nécessaire pour moi de savoir si tu étais la bonne personne. Pour cela, je devais t'éprouver. Il fallait que tu sois calme et détendu pour que je puisse sentir tes émotions. J'ai donc allumé une bougie, en invoquant une flamme céleste. Attiré par la lumière tu es entré, tu es resté devant l'autel. Mon plan fonctionnait, la dalle de pierre t'apaisait, et je pouvais entrevoir ton caractère. Tu était la bonne personne c'était sûr à présent.
Tu étais depuis longtemps immobile devant l'autel, si bien que la flamme a commencé à diminuer d'intensité, épuisant mon énergie. J'étais essoufflé, et tu m'as senti dans ton dos, mais tu ne pouvais me voir. Tu es sorti, mais j'étais trop épuisé pour te suivre et je me suis évanoui, me rendant visible pour tous.
Quand je me suis réveillé, le temple était vide et la bougie fondue. J'ai donc cherché le chant de ton esprit que je connaissais bien à présent, et j'ai retrouvé ta trace. L'autel t'avait ressourcé et tu marchais vite. Quand je t'ai rattrapé, tu étais avec un chat qui a eu peur de moi, et je me suis camouflé. On est assez vite arrivé chez toi alors je me suis glissé dans ton logement à l'aide d'un sort alors que tu prenais ta douche et tu t'es couché, sans même me remarquer.
J'ai attendu.
La suite, tu la connais aussi bien que moi.
Je ressens le trouble en toi, tu n'es pas en train de rêver, je ne suis pas fou, toi non plus, j'ai besoin de ton aide.
Il avait vu juste en moi, je le prenais pour un fou tout droit sorti de l'asile, mais quelque chose chez cet homme m'intriguait. Il était énigmatique, et semblait sincère. Lorsqu'il me regardait dans les yeux, j'apercevais un immense savoir, une sagesse sans limite et un grand appel à l'aide.
J'ai réfléchi. Entre nous le silence se fit long et pesant .
Il espérait quelque chose de moi, je le savais. J'ai rompu le silence.
- Vous sollicitez mon aide, vous me faites un récit plutôt étrange, mais vous ne me dites pas en quoi je puis vous aider.
Qu'attendez vous de moi?
Il réfléchissait, cherchait ses mots, enfin il parla.
- Je sais beaucoup de choses sur toi. Tu es français, ta grand mère est à l'hôpital, c'est la dernière de tes grands parents, tu as le goût de l'aventure... Mais je ne vais pas te faire ta biographie. Comme je te l'ai déjà dit, je suis le gardien du passage. Mon maître est passé de l'autre côté il y a sept ans, il est temps pour moi de trouver un apprenti. Et je pense que tu es l‘élu. J'ai deux cent-trente ans, et deux cent encore à garder le passage. J'avais trente ans lorsque mon maître est venu me chercher dans le camp d'esclaves. Il m'a enseigné tout son savoir pendant deux-cents ans puis est parti avec les dieux.
A mon tour, j'ai deux-cents ans pour enseigner à mon élève ce savoir.
Je commençais à percevoir où il voulait en venir, mais un homme de cet âge c'était impossible: il semblait plus jeune que moi!
Cependant je percevais la sagesse dans son regard, et je me sentais presque obligé de l'écouter, poussé à la fois par la curiosité et par une petite voix au fond de ma tête qui me disait "Ecoute au moins ce qu'il a à te dire, ça ne coûte rien!"
Je lui ai dit:
- Votre élève, vous pensez que c'est moi, c'est bien ça?
Il me regardait dans le blanc des yeux, comme s'il voulait lire en moi.
Plus je réfléchissais, plus son histoire me semblait possible. Il en savait trop sur moi pour être fou. Je me suis assis, lui faisant signe d'en faire de même et j'ai ajouté:
- Dites m'en plus sur ce passage.
- L'histoire que je vais te conter est celle de mon peuple:
Il y a fort longtemps, à l'époque où les dieux descendaient encore sur la Terre de mes ancêtres, un jeune garçon se nommait Olao. Il était doux, bon et juste par nature. Sa mère était morte en couche, et son père était champion au jeu de pomme, et avait été sacrifié selon la tradition avec tous les honneurs qui lui étaient dus. Il n'avait qu'un seul point faible: son coeur. Les dieux l'avaient mis en garde contre cette faiblesse, et veillaient beaucoup sur lui. Ils descendaient souvent sur Terre, incarnés en animaux, pour lui parler et l'instruire. A mesure qu'il grandissait, il devenait de plus en plus beau. Il se maria avec la fille du chef du village, Ténéa, qui était la plus belle femme qui soit, et, lorsque le chef fut décédé, il accéda à son rang.
Il fit construire une ville puissante, qui règnerait sur tout le continent. Il fallut plus de dix ans pour l'élever, et, lorsqu'elle fut finie, il ordonna la construction d'un temple gigantesque dédié au dieu du soleil, ainsi que d'un palais pour sa femme et lui. Très vite Ténéa eut un petit garçon, Tao-ké, et une fille Manaé. Un jour qu'il se promenait au bord du fleuve, un perroquet vint se poser sur son épaule. C'était le dieu du soleil, il lui expliqua que son peuple ainsi que les Incas et les Mayas étaient menacés par les Européens, de redoutables guerriers avides des cailloux jaunes et verts dont on se servait pour orner les temples. Ils allaient arriver de la grande mer à l'Est avec trois grands bateaux, des soldats de métal, pâles et poilus. Puis, le perroquet s'en alla, et Olao resta seul, à réfléchir sur l'avenir de son monde.
Rien à ses yeux ne comptait plus que ses enfants et sa femme, mais ses occupations de chef l'obligeaient à les laisser parfois de longues semaines seuls. Tao-ké rêvait plus que tout de l'accompagner dans ses voyages aux montagnes célestes. L'année de ses dix ans, il parla à son fils en ces mots:
- Tu es grand maintenant, ton initiation peut commencer. Tu viendras avec moi au mois de mai à la montagne céleste."
Tao-ké fut heureux comme jamais il ne l'avait été.
Lorsque le mois de mai arriva, comme promis, Olao emmena son fils avec lui à la montagne céleste. Tao-ké avait du mal à suivre les grandes enjambées de son père, mais son honneur était mis à l'épreuve, alors il forçait le pas. Arrivés là haut, ils rentrèrent dans une grotte. L'obscurité était telle que l'on ne voyait même plus la sortie. Là, on pouvait communiquer avec tous les dieux. Olao commença à parler avec eux, son fils les écoutait, buvant leurs paroles. Les dieux dirent à Olao qu'il vivrait vieux à condition que, lorsque sa femme mourra, il donne le contrôle de la cité à son fils, et qu'il parte dans le Nord. Il devra également construire, dans le temple du soleil un passage qui permettra de lier à jamais le monde des dieux et la Terre.
Les dieux se turent, alors Tao-ké questionna son père sur la façon de sortir de cette grotte dont on ne voyait pas la sortie. Olao lui répondit que, lorsqu'on est perdu, le meilleur moyen de retrouver son chemin est de marcher à reculons. C'est ce qu'ils firent et se retrouvèrent dehors. Ils redescendirent à Tenochtitlan.
Lorsqu'ils arrivèrent, ils apprirent que Ténéa était gravement blessée et que sa fille Manaé avait été enlevée lors d'une attaque des Mayas.
Il devait pourtant suivre les directives des dieux. Il modifia donc l'autel du temple du soleil de sorte à ce que l'on puisse passer derrière pour communiquer avec les dieux. Sa femme mourut le jour où il acheva sa tache. Il nomma son fils chef de Tenochtitlan et adressa une ultime prière au dieu du soleil, lui implorant le retour de sa fille.
Il était triste, et partit en pèlerinage dans le Nord comme le souhaitaient les dieux qui l'accompagnèrent. Son coeur le brûlait, il ne reverrait jamais plus ni son fils, ni sa fille. C'était une blessure, une plaie qui ne cicatriserait jamais totalement.
Dans le Nord, il rencontra un nuage de peluches blanches et froides. C'était de la neige. Jamais il ne s'était senti si gelé, ses extrémités semblaient ne plus lui appartenir. Mais il se construisit un abri, et attendit le dégel. Il resta là pendant plus de cent cinquante ans, à chasser des animaux aux bois longs.
Un jour, le perroquet revint le voir. Le moment était venu pour Olao de rejoindre les siens, son exil était terminé.
Il avait deux-cents ans déjà et lorsqu'il arriva dans sa cité, un nouveau chef, Télak, était sur le trône. Son fils était mort, et sa fille s'était noyée dans la rivière sainte cent ans plus tôt. Mais la sagesse de ces longues années passées dans le blizzard avait pris le dessus.
Tout le monde fêta le retour de celui qui est protégé des dieux, sauf Télak qui, lors de la cérémonie de retour d'Olao tenta de l'assassiner. Mais les dieux avaient protégé Olao, et Télak trébucha et s'enfonça sa lance dans le cou.
Le perroquet vint quelques jours plus tard parler à Olao, lui annonçant que les Européens allaient arriver. Le chef décida alors d'apaiser la cupidité de ces hommes en leur donnant ce qu'ils étaient venu chercher, des pierres. Il les attendit avec quelques uns de ses hommes, parmi les plus sages, et leur offrit les présents. Mais les soldats de fer se dirent que si on leur offrait tout cet or, toutes ces émeraudes, c'est qu'il y en avait encore, peut être même une quantité infinie!
Ils sortirent des armes bien plus élaborées et puissantes que les leurs. Ils possédaient la foudre, une foudre meurtrière. Olao et ses compagnons furent terrorisés par ces hommes qui étaient capables de maîtriser l'orage. Ils rentrèrent à Tenochtitlan, et égarèrent les soldats de fer dans la forêt.
Quelques années après, les Européens arrivèrent à la cité, et commencèrent à leur apprendre leur langue et leur imposer leur religion. Très vite, ils les prirent en esclaves pour construire des églises et des cathédrales. Puis, une partie des soldats repartirent en Europe chercher d'autres hommes, d'autres armes. Olao dit alors à tous ses hommes de repousser les soldats de fer. La nuit fut sanglante. Pas un seul soldat de fer n'en réchappa. Il ne fallait pas que les Européens découvre ce qu'il se passait dans le temple du soleil. Olao assura trois cents ans durant la conservation du passage. Puis il revint chercher un élève et lui enseigner tout son savoir, et comment communiquer avec les dieux. Puis, quand son apprentissage fut achevé, il les rejoignit.
Cet élève c'est moi. Je suis le deuxième gardien, l'élève d'Olao, la dernière personne à l'avoir connu. Il est parti pour la première fois sur le passage vers 1500."