DeletedUser20600
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TEXTE 1
Thème: Poème
Nombre de caractères 2500
TEXTE 1
Thème: Poème
Nombre de caractères 2500
La porte est close.
J’ai beau gloser,
J’ai beau m’exposer,
Rien ne soutient ma cause.
Les faits s’opposent.
Une petite dose
(Merde et poudre d’os)
Et c’est l’osmose.
Et si j’osai ?
Travailler sans pause,
Détruire ce que j’arrosai,
Et s’éteindre de sclérose.
Le constat de mon existence
Ne laisse place à aucun suspense,
Ni à aucune surprise ;
Déguisé,
Excisé,
Brisé.
A terre
J’ai souffert
Car ne j’ai rien offert.
De la connerie humaine
Je m’exaspère
Et traine ma peine.
Flirtant avec les limites,
Flirtant avec mes limites,
Dépassant les limites,
Surpassant mes limites…
L’explosion des frontières m’écrase
Comme la société qui s’extase
Devant les vœux de la masse
Qui en mur se tasse.
Oppressé par l’angoisse,
Englué par la poisse
Que bave cette conasse
Avec ses exploits sensass’.
Je me débats,
J’encaisse,
Je me fatigue,
Je me résigne,
Je me recroqueville
Et tout part en vrille.
Me laissant choir
Au loin une échappatoire.
C’est un mince espoir.
Retour en pleine poire.
Décollage avorté,
De nouveau couvert de saleté.
La sueur et la puanteur
S’ajoute au labeur et au malheur.
Souffreteuse et vacillante
Survit ma petite flamme
Entretenue par la came
Addictive et reposante.
Par ma bouche mon âme
Agonise
Et s’épuise.
Un vent, une bise,
Une femme.
Encastrée dans un coffre
Ma vie s’offre.
Elle me snobe,
Le sol se dérobe.
Mais de sa robe
Echappe une étincelle.
Lui pousse des ailes
Puis s’envole de notre orbe.
Retombant sur des sentiments desséchés
Un brasier immense nait
Me refusant toute paix
Avec ma conviction ébréchée.
S’émanciper de la solitude,
De la routine et des habitudes,
Fuir cette torture,
Voilà le plus dur.
Choisir le chemin le plus sûr,
Avancer en voiture,
C’est plonger dans l’obscur
Tandis que les autres n’en ont cure.
Choisir l’exotisme,
S’éveiller au difficile
Et vivre par d’autres prismes
Juste pour une idylle.
Le moteur
Ce n’est,
Ni la peur,
Ni la rancœur.
C’est,
Les emmerdeurs,
Les jambon-beurres.
Le pilote,
C’est la fille un peu hot
Ainsi que les potes.
Pas la tête,
Mais la fête.
Les copains défoncés,
La barre est délaissée.
Il faut gonfler les voiles
Pour attraper cette étoile.
C’est en pavoisant
Qu’on devient paon.
C’est en s’amourachant
Que l’on a l’air con.
C’est en s’obstinant
Que mon cœur reste vif.
C’est vivant
Que je suis créatif.
Ce maelström décevant
Peut s’avérer insuffisant,
Clouant le bec
Dans un triste échec.
La vie est une foire, noire, sans gloire.
N’empêche, la vie est revêche.
Sans morale, j’achève cette histoire
Très sombre et un poil fraiche.
J’ai beau gloser,
J’ai beau m’exposer,
Rien ne soutient ma cause.
Les faits s’opposent.
Une petite dose
(Merde et poudre d’os)
Et c’est l’osmose.
Et si j’osai ?
Travailler sans pause,
Détruire ce que j’arrosai,
Et s’éteindre de sclérose.
Le constat de mon existence
Ne laisse place à aucun suspense,
Ni à aucune surprise ;
Déguisé,
Excisé,
Brisé.
A terre
J’ai souffert
Car ne j’ai rien offert.
De la connerie humaine
Je m’exaspère
Et traine ma peine.
Flirtant avec les limites,
Flirtant avec mes limites,
Dépassant les limites,
Surpassant mes limites…
L’explosion des frontières m’écrase
Comme la société qui s’extase
Devant les vœux de la masse
Qui en mur se tasse.
Oppressé par l’angoisse,
Englué par la poisse
Que bave cette conasse
Avec ses exploits sensass’.
Je me débats,
J’encaisse,
Je me fatigue,
Je me résigne,
Je me recroqueville
Et tout part en vrille.
Me laissant choir
Au loin une échappatoire.
C’est un mince espoir.
Retour en pleine poire.
Décollage avorté,
De nouveau couvert de saleté.
La sueur et la puanteur
S’ajoute au labeur et au malheur.
Souffreteuse et vacillante
Survit ma petite flamme
Entretenue par la came
Addictive et reposante.
Par ma bouche mon âme
Agonise
Et s’épuise.
Un vent, une bise,
Une femme.
Encastrée dans un coffre
Ma vie s’offre.
Elle me snobe,
Le sol se dérobe.
Mais de sa robe
Echappe une étincelle.
Lui pousse des ailes
Puis s’envole de notre orbe.
Retombant sur des sentiments desséchés
Un brasier immense nait
Me refusant toute paix
Avec ma conviction ébréchée.
S’émanciper de la solitude,
De la routine et des habitudes,
Fuir cette torture,
Voilà le plus dur.
Choisir le chemin le plus sûr,
Avancer en voiture,
C’est plonger dans l’obscur
Tandis que les autres n’en ont cure.
Choisir l’exotisme,
S’éveiller au difficile
Et vivre par d’autres prismes
Juste pour une idylle.
Le moteur
Ce n’est,
Ni la peur,
Ni la rancœur.
C’est,
Les emmerdeurs,
Les jambon-beurres.
Le pilote,
C’est la fille un peu hot
Ainsi que les potes.
Pas la tête,
Mais la fête.
Les copains défoncés,
La barre est délaissée.
Il faut gonfler les voiles
Pour attraper cette étoile.
C’est en pavoisant
Qu’on devient paon.
C’est en s’amourachant
Que l’on a l’air con.
C’est en s’obstinant
Que mon cœur reste vif.
C’est vivant
Que je suis créatif.
Ce maelström décevant
Peut s’avérer insuffisant,
Clouant le bec
Dans un triste échec.
La vie est une foire, noire, sans gloire.
N’empêche, la vie est revêche.
Sans morale, j’achève cette histoire
Très sombre et un poil fraiche.
TEXTE 2
Thème: Récit
Restrictions: Respectées
Thème: Récit
Restrictions: Respectées
L'Envers du décor
Je sais ce qu'on attend de moi. On attend des raisons, une explication. Quelque chose de rationnel, de logique qui puisse contenter les esprits étriqués de ces moutons séniles. Un truc noué et bien serré qu'on puisse enterrer au fond d'un trou pour faire comme si ça n'était jamais arrivé. On veut que je demande sincèrement pardon, que je dise que c'est la faute de ma mère, ou peut-être celle de mon père, qu'il buvait et me battait. Ou que c'est arrivé à cause de la télé, à cause des films, de la violence des jeux vidéo ou des conneries dans le genre. Ou bien, à cause d'une fille, d'une séparation, d'un chagrin d'amour ou de l'influence d'une quelconque personne.
On veut comprendre, me comprendre, comprendre ce qui m'a traversé la tête, pourquoi j'ai fait ça, ce qui m'y a poussé ou la cause qui l'a provoqué. Ils veulent analyser mon esprit, disséquer mon cerveau, fouiller dans mes neurones pour y trouver la moindre petite faille, le plus léger dysfonctionnement qui pourrait les amener à une théorie scientifique et méthodique leur expliquant le fondement de mon action. Quelque chose de cohérent afin qu'ils puissent se vanter de m'avoir analysé, compris et décrypté. Quelque chose de sensé afin qu'ils rentrent chez eux l'esprit tranquille le soir venu, qu'ils puissent baiser leur bourgeoise avant de s'abrutir devant la télévision.
On attend de moi que je m'effondre en pleurs, que je me repentisse, que je dise à quel point je suis désolé, à quel point je regrette mes actes et, ô combien j'aimerais revenir en arrière pour changer cela.
Certains me disent même de prier. Prier qui, et pourquoi ? Dieu ? J'admets que les gros bras qui m'entourent me prennent pour un aliéné mais je ne pense pas être doté d'une naïveté digne de croire en l'existence d'une quelconque divinité. Réussir à réunir une machine à fric, une cause de guerre et une façon de vivre et de penser dans un symbole prétendu divin, j'avoue que c'est bien joué. À croire que prendre les gens pour des cons n'a jamais été aussi facile qu'à l'aide de la religion.
On nous matraque, nous assomme, nous abrutit et on aime ça. Nous en redemandons même. Je vois les regards des gens quand ils me croisent. Une espèce de mélange de dégoût, de peur et de répulsion leur provoquant des haut-le-cœur. Je les dégoûte et les effraie. Ils ont peur car ils ne comprennent pas. Et pourtant, ils ne valent guère mieux. Tous ces grassouillets aux cheveux gras dans leurs costumes trois pièces qui sautent des putes tous les week-ends, tous ces jeunes cadres pensant tout savoir et qui passent leur temps à se regarder dans le reflet du miroir, tous ces banquiers, traders, politiques et autres hommes de guichet qui participent à capitaliser notre vie, tous ces jeunes insouciants, cons et ignorants qui pensent tout savoir et aspirent à changer le monde, tous ces écolos soi-disant engagés qui mangent, vivent et militent vert, toutes ces saletés de flics protégés par le mur bleu du silence, tous ces skinheads, homophobes ou antisémites qui justifient leurs actes par des idéaux racistes. Le monde est infecté, empoisonné, souillé. On préfère fermer les yeux, enterrer tout ça bien profond, le poser dans un coin bien sombre pour l'oublier ou, tout du moins, faire semblant. On préfère délaisser l'essentiel pour se concentrer sur des banalités, des futilités ou des cas ratés tels que moi.
Je dois, quelque part, leur servir de bouc émissaire. Tous ces maris frustrés qui rêvent de cogner sur leur femme ou leurs gamins mais qui se retiennent par état de conscience, c'est sur moi qu'ils se vengent. Non pas qu'ils me brutalisent, mais je vois dans leurs yeux ce regard sadique, cette satisfaction éblouissante. Ils ont besoin d'un défouloir et me voilà, tombé du ciel, juste devant eux. Ils s'en foutent de ce que j'ai pu faire, du crime que j'ai pu commettre, de la loi que j'ai pu enfreindre. Ils sont trop aveuglés par la jouissance d'avoir quelqu'un sur qui libérer leurs pulsions refoulées. Ils savent que je ne suis pas en position de négocier ni d'ouvrir ma gueule. Ils rêveraient de me la fracasser pour ne pas risquer de mettre deux balles dans la tête de leurs mômes en rentrant le soir, pour se soulager un coup et exprimer pleinement toute cette violence réprimée et causée par trop d'années de mariage, pour sentir mon sang couler sur leurs phalanges. Et personne n'en aurait que faire, je ne suis qu'une erreur, une épave, une ruine, un déchet de la société pour eux. Un sous-homme, jeté et enfermé au fond d'un trou, analysé et étudié par une armada de spécialistes, tous plus diplômés les uns que les autres, et qui finiront tout de même par m'étiqueter, me classifier et me ranger avec les dingues. Plusieurs diront que je suis déséquilibré mentalement, d'autres que je suis un sociopathe, certains essayeront même de me comprendre et persévèreront pendant plusieurs mois ou années à m'étudier, ne voulant pas abandonner, par orgueil, par esprit professionnel ou, peut-être même, par attachement pour moi. Ils finiront, en fin de compte, par partir, comme tous les autres, déçus de ne pas avoir réussi à me déchiffrer malgré leur esprit brillant, me laissant là, telle une proie dans la cage aux lions.
Je ne leur en veux pas, ils ne peuvent pas comprendre. Ils sont ancrés dans leurs bouquins, dans leurs manuels, dans leurs écrits, avec leur tête de premier de la classe, ne connaissant rien de la réalité du monde extérieur. Ils ont lu Freud durant leurs études et croient alors pouvoir décrypter le comportement humain par la psychanalyse, allant de l'inconscient au subconscient, du narcissisme au refoulement. Ils ne me connaissent pas, ne me comprennent pas, malgré leur prétendu savoir. Ils ont toujours cet air hautain, cet air supérieur lorsqu'ils viennent me voir la première fois, tel un père de famille croisant un pointeur dans un couloir. Ils me regardent, m'observent, étudient tous mes mouvements et consignent le moindre de mes faits et gestes dans leurs carnets. Ils me posent des questions toutes plus étranges les unes que les autres sur ma famille, mon enfance, mes relations avec les gens, ma vie amoureuse et même ma sexualité. Je ne réponds jamais à leurs questions. Ils ne répondent pas non plus en retour mais continuent de prendre insolemment des notes dans leurs carnets noirs, réitérant constamment les mêmes questions.
Je ne sais pas pourquoi ils me gardent dans cette pièce ni pourquoi ils me posent toutes ces questions. À vrai dire, je ne me souviens même pas de la raison pour laquelle je suis ici. Ils ne me croient pas quand je leur dis que je ne sais pas ce qu'il s'est passé ce jour là. Ils pensent que je tente de leur cacher la vérité afin de m'en sortir sans trop de dommages, plaidant la folie, la schizophrénie ou l'amnésie. Mais je ne mens pas. Je ne me rappelle pas ce qu'il s'est passé ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là. J'aimerais m'en souvenir dans les moindres détails mais je n'y arrive pas, tout est flou, confus, brumeux, tel un camé déambulant dans un brouillard permanent. Une partie de moi le sait sans doute mais ne veut – ou ne peut – pas le dévoiler. Certaines nuits, des flashs me reviennent soudainement, mais jamais assez longtemps pour que les souvenirs refassent surface.
Ils attendent que je cède, que je m'effondre, que je sois à bout et que je leur raconte tout, mais ils ne m'auront pas. La folie m'emportera bien avant.
Et comme si les blouses blanches ne suffisaient pas, les képis sont également de la partie. Ils m'ont abordé avec un ton mielleux, essayant de m'amadouer, me disant que c'est pour mon bien, que c'est pour m'aider et me comprendre. Mais ils ont rapidement changé d'angle d'attaque quand ils ont perçu mon arrogance, mon sarcasme et la volonté de confusion dans mes propos. Je ne négocie pas avec les terroristes. Ils me prennent pour un malade, un attardé, un dégénéré. La belle affaire. Je n'ai que faire de ce qu'ils pensent de moi. Ils me voient comme une bête enfermée en cage, privée de ses libertés et de ses droits fondamentaux, mais ce qu'ils ne saisissent pas, c'est que leur situation ne vaut pas mieux, ils sont juste dans une cage un peu plus grande qui leur procure l'illusion d'être libres.
TEXTE 3
Thème: Récit
Restrictions: Respectées
Thème: Récit
Restrictions: Respectées
Il devait être dix heures du matin. C’était un de ces jours banals, où le temps passe, indolent compagnon, et que le ciel nous gâte parfois d’une petite averse, sans raison apparente. Le temps était frais, et obligeait les passants qui déambulaient à se vêtir chaudement. Certains arboraient au-dessus de leur tête un parapluie, éclatante tâche noire au milieu de tout ce gris, simplement pour être sûrs de devancer le temps, déviant par la même occasion les gouttes célestes, impassibles bataillons qui ravageait les cieux.
C’est lorsqu’il se dirigeait vers la gare, que Julio Stradivarius, enfoncé dans son pardessus, reçu la première averse de la matinée. Quelques gouttes éparses qui s’écrasaient, tels des avions en perdition, sur les dalles qui pavaient le sol, devant la structure de verre et d’acier qui abritait le terminus de la voie ferrée. Il ne modifia pas son allure. Pour quelques gouttes… Il était de ses gens-là à qui la météo ne dictait pas de conduite, à qui il importait peu qu’Hélios brille ou que le tonnerre fasse sa loi. Du reste, sa veste le protégeait suffisamment de l’assaut impétueux des éléments, et son écharpe le gardait du froid. La capuche qui recouvrait sa tête, bordée de fourrure, semblait un barrage infranchissable.
Il fut satisfait de la douce tiédeur qui régnait dans le hall dans la gare, mélange de soupirs éprouvés et de fausses malédictions à l’encontre des nuages. Il sortit les billets de sa poche, pour s’informer du quai où était stationné son train. C’était le numéro trois. Le train partait à onze heures quarante-sept, il avait largement le temps de s’installer. Il entreprit de descendre les marches qui le conduisirent au niveau du quai, quelques mètres plus bas. Il lui restait une petite galerie à parcourir, rendue sombre par le disfonctionnement des lampes au plafond. Il s’y engagea.
Un éclat métallique brilla sur la gauche. Julio l’ignora. S’il fallait faire attention à tout ce qui brille ! Et pourtant… Un solide gaillard sortit d’un recoin masqué par les ténèbres, et d’un geste mécanique et tremblant à la fois, lui pointa un pistolet sur la tempe. Julio eu un mouvement de recul, mais le tremblement du pistolet l’empêcha d’aller plus loin. La voix qui sortait de son agresseur ne lui collait bizarrement pas. Elle était affaiblie, désespérée, mais il essayait d’y mettre un semblant d’autorité implacable.
- Ton portefeuille, gamin. Vite. Ton portefeuille, j’te dis !
- Sinon quoi ? Vous appuierez sur la gâchette ?
La réponse le prit au dépourvu. Julio en profita pour dégager sa capuche. Les gouttes d’eau qui y étaient accrochées volèrent tout autour. Son geste dévoila des cheveux coupés courts, au niveau des oreilles. Quelques épis en bataille se dressaient fièrement çà et là, dus à la négligence qu’il faisait de se peigner. Il n’était pas très grand, de fait, on se leurrait souvent sur son âge. Il prit une profonde inspiration, tenta de se détendre. Difficile, pour le moins. Il prit la parole :
- Qu’est-ce qui vous retient tant ? Auriez-vous peur de tuer pour une poignée de billets colorés ?
- Ferme-là ! Contente-toi de me donner ton portefeuille pour rester vivant. C’est un marché équitable, non ?
Un attroupement éberlué commençait déjà à se former sur le côté. La scène allait tourner à l’épreuve de force. Dire qu’il avait attendu désespérément que quelque chose arrive dans sa vie. Un sourire triste se forma sur les lèvres de Julio. Le vieux le remarqua.
- L’idée que j’appuie te fait sourire, gamin ?
- Vous n’avez seulement pas idée à quel point.
- Donne-moi ce que je demande, et je me chargerais en plus d’exaucer ton souhait.
Julio perdait pied. Ce n’est pas que l’idée de la mort lui faisait peur, loin de là. La vie, il en avait soupé jusqu’à s’en rendre malade. Il y a certains soirs où il regardait le ciel en se demandant ce qu’il faisait là. Mais c’était la première fois qu’il affichait clairement ce ressenti en public. Question d’éthique et d’étiquette. Et ça jouait contre lui. Son agresseur était lui aussi mal-à-l’aise, de toute évidence. Il commençait à prendre peur des conséquences de son acte.
- Vous savez, je pense qu’on devrait en rester là. Vous rengainez votre arme, je continue mon chemin, et basta.
- Si je n’avais pas besoin de cet argent, je ne serais pas ici à te braquer un flingue sur le visage.
- Je ne suis pas sûr que vous ayez besoin de la prison par contre.
Le ton était arrogant, ironique. Julio savait qu’il gagnait, et il aimait l’afficher. C’était un rictus qui se dressait désormais sur son visage. Le masque qu’il avait affiché un peu plus tôt avait été balayé. Le regard du vieux s’était assombri, et sa main avait raffermi la prise sur son arme. Julio regrettait le ton qu’il avait pris, mais il était trop tard pour la changer.
- Je travaille pour le bonheur de ma fille, gamin. Si elle ne se mourrait pas dans un lit d’hôpital, je ne serais pas ici. Je ne suis pas un criminel, mais je sais le prix de la vie. C’est pour ça que je serais de toute façon incapable de tirer ! Tu joues les braves, mais au fond de toi, qu’est-ce que t’es ? Une enveloppe vide qui marche sans rien ressentir. Tire-toi de là.
Sa voix s’était affermie peu à peu, et avait gagné en puissance. Julio ne bougeait pas, trop sonné par la déclaration qu’il avait entendu, par la justesse des mots. Il chancelait. Son agresseur dégagea son arme, et la lança rageusement contre la paroi. Le pistolet rebondit avec un petit bruit et se figea au sol. L’homme à la carrure imposante se tailla sans mal un chemin dans la foule et gagna les quais. Julio reprit se esprits et emprunta le même chemin.
- Je t’ai pas demandé de me suivre, gamin.
- Vous m’avez demandé mon portefeuille.
- Je n’en veux plus.
- Alors laissez-moi vous donner autre chose.
Le vieux ne l’écouta pas. Julio fit comme si, et tira de la valise qu’il n’avait pas lâché un étui à violon. Il sortit l’instrument, le cala sous son menton. C’était un de ces instruments d’un autre âge, verni comme au premier jour, teinté d’une belle couleur boisée. D’élégants motifs couraient le long de la caisse de résonance ; le manche était sculpté d’un oiseau. Julio prit délicatement l’archet, et le fit danser sur les cordes.
Une douce mélodie s’éleva. Inaudible tout abord, puis de plus en plus forte, de plus en plus haute. Les notes s’envolaient à mesure que la colophane qui enduisait l’archet se déposait sur la table d’harmonie. La musique emplit l’espace de la gare. Les voyageurs s’arrêtaient, tendaient l’oreille, convergeaient vers la source de leur émerveillement. On y voyait là un jeune homme, juché sur un socle qui avait dû soutenir une statue, cheveux courts et en bataille, l’air comme-tout-le-monde, enveloppé dans une épaisse veste. Il semblait vibrer de concert avec les cordes de son instrument. Son étui, ouvert devant lui, était une invitation à se décharger d’une petite pièce encombrante.
Le vieux lui-même avait arrêté sa marche et se tenait droit. Il fixait intensément le musicien qui se mouvait, danseur frénétique, sur son socle de cuivre. Des éclats cuivrés et dorés brillaient régulièrement à mesure que des mains se tendaient pour les jeter dans l’étui. Julio reste là à jouer pendant deux heures. Son train partit à l’heure prévue, mais il n’y fit pas attention. Lorsqu’il posa son violon, la foule se dispersa peu à peu, retournant vaquer à ses occupations, sans plus faire attention au violoniste. La magie des mélodies ne dure qu’un temps. Seul son agresseur se trouvait encore là, penaud, sans bouger. On aurait pu le croire timide. Julio descendit du socle, et lui fit signe de s’approcher. Le vieux découvrit un véritable trésor dans l’étui. Des pièces brillantes, qui le devinrent encore plus lorsque les larmes brouillèrent sa vue.
Il ne savait comment remercier le jeune homme. Dire qu’il l’avait menacé un peu plus tôt. Julio lui fit savoir qu’ils étaient quittes, et lui remit l’étui. Le vieux le remercia une dernière fois, et sanglotant toujours d’émotion, s’empressa de retourner vers sa fille. Julio le regarder s’éloigner, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans les escaliers. Il soupira. Un petit sourire se dessina sur ses livres, et il courut racheter un billet de train.
C’est lorsqu’il se dirigeait vers la gare, que Julio Stradivarius, enfoncé dans son pardessus, reçu la première averse de la matinée. Quelques gouttes éparses qui s’écrasaient, tels des avions en perdition, sur les dalles qui pavaient le sol, devant la structure de verre et d’acier qui abritait le terminus de la voie ferrée. Il ne modifia pas son allure. Pour quelques gouttes… Il était de ses gens-là à qui la météo ne dictait pas de conduite, à qui il importait peu qu’Hélios brille ou que le tonnerre fasse sa loi. Du reste, sa veste le protégeait suffisamment de l’assaut impétueux des éléments, et son écharpe le gardait du froid. La capuche qui recouvrait sa tête, bordée de fourrure, semblait un barrage infranchissable.
Il fut satisfait de la douce tiédeur qui régnait dans le hall dans la gare, mélange de soupirs éprouvés et de fausses malédictions à l’encontre des nuages. Il sortit les billets de sa poche, pour s’informer du quai où était stationné son train. C’était le numéro trois. Le train partait à onze heures quarante-sept, il avait largement le temps de s’installer. Il entreprit de descendre les marches qui le conduisirent au niveau du quai, quelques mètres plus bas. Il lui restait une petite galerie à parcourir, rendue sombre par le disfonctionnement des lampes au plafond. Il s’y engagea.
Un éclat métallique brilla sur la gauche. Julio l’ignora. S’il fallait faire attention à tout ce qui brille ! Et pourtant… Un solide gaillard sortit d’un recoin masqué par les ténèbres, et d’un geste mécanique et tremblant à la fois, lui pointa un pistolet sur la tempe. Julio eu un mouvement de recul, mais le tremblement du pistolet l’empêcha d’aller plus loin. La voix qui sortait de son agresseur ne lui collait bizarrement pas. Elle était affaiblie, désespérée, mais il essayait d’y mettre un semblant d’autorité implacable.
- Ton portefeuille, gamin. Vite. Ton portefeuille, j’te dis !
- Sinon quoi ? Vous appuierez sur la gâchette ?
La réponse le prit au dépourvu. Julio en profita pour dégager sa capuche. Les gouttes d’eau qui y étaient accrochées volèrent tout autour. Son geste dévoila des cheveux coupés courts, au niveau des oreilles. Quelques épis en bataille se dressaient fièrement çà et là, dus à la négligence qu’il faisait de se peigner. Il n’était pas très grand, de fait, on se leurrait souvent sur son âge. Il prit une profonde inspiration, tenta de se détendre. Difficile, pour le moins. Il prit la parole :
- Qu’est-ce qui vous retient tant ? Auriez-vous peur de tuer pour une poignée de billets colorés ?
- Ferme-là ! Contente-toi de me donner ton portefeuille pour rester vivant. C’est un marché équitable, non ?
Un attroupement éberlué commençait déjà à se former sur le côté. La scène allait tourner à l’épreuve de force. Dire qu’il avait attendu désespérément que quelque chose arrive dans sa vie. Un sourire triste se forma sur les lèvres de Julio. Le vieux le remarqua.
- L’idée que j’appuie te fait sourire, gamin ?
- Vous n’avez seulement pas idée à quel point.
- Donne-moi ce que je demande, et je me chargerais en plus d’exaucer ton souhait.
Julio perdait pied. Ce n’est pas que l’idée de la mort lui faisait peur, loin de là. La vie, il en avait soupé jusqu’à s’en rendre malade. Il y a certains soirs où il regardait le ciel en se demandant ce qu’il faisait là. Mais c’était la première fois qu’il affichait clairement ce ressenti en public. Question d’éthique et d’étiquette. Et ça jouait contre lui. Son agresseur était lui aussi mal-à-l’aise, de toute évidence. Il commençait à prendre peur des conséquences de son acte.
- Vous savez, je pense qu’on devrait en rester là. Vous rengainez votre arme, je continue mon chemin, et basta.
- Si je n’avais pas besoin de cet argent, je ne serais pas ici à te braquer un flingue sur le visage.
- Je ne suis pas sûr que vous ayez besoin de la prison par contre.
Le ton était arrogant, ironique. Julio savait qu’il gagnait, et il aimait l’afficher. C’était un rictus qui se dressait désormais sur son visage. Le masque qu’il avait affiché un peu plus tôt avait été balayé. Le regard du vieux s’était assombri, et sa main avait raffermi la prise sur son arme. Julio regrettait le ton qu’il avait pris, mais il était trop tard pour la changer.
- Je travaille pour le bonheur de ma fille, gamin. Si elle ne se mourrait pas dans un lit d’hôpital, je ne serais pas ici. Je ne suis pas un criminel, mais je sais le prix de la vie. C’est pour ça que je serais de toute façon incapable de tirer ! Tu joues les braves, mais au fond de toi, qu’est-ce que t’es ? Une enveloppe vide qui marche sans rien ressentir. Tire-toi de là.
Sa voix s’était affermie peu à peu, et avait gagné en puissance. Julio ne bougeait pas, trop sonné par la déclaration qu’il avait entendu, par la justesse des mots. Il chancelait. Son agresseur dégagea son arme, et la lança rageusement contre la paroi. Le pistolet rebondit avec un petit bruit et se figea au sol. L’homme à la carrure imposante se tailla sans mal un chemin dans la foule et gagna les quais. Julio reprit se esprits et emprunta le même chemin.
- Je t’ai pas demandé de me suivre, gamin.
- Vous m’avez demandé mon portefeuille.
- Je n’en veux plus.
- Alors laissez-moi vous donner autre chose.
Le vieux ne l’écouta pas. Julio fit comme si, et tira de la valise qu’il n’avait pas lâché un étui à violon. Il sortit l’instrument, le cala sous son menton. C’était un de ces instruments d’un autre âge, verni comme au premier jour, teinté d’une belle couleur boisée. D’élégants motifs couraient le long de la caisse de résonance ; le manche était sculpté d’un oiseau. Julio prit délicatement l’archet, et le fit danser sur les cordes.
Une douce mélodie s’éleva. Inaudible tout abord, puis de plus en plus forte, de plus en plus haute. Les notes s’envolaient à mesure que la colophane qui enduisait l’archet se déposait sur la table d’harmonie. La musique emplit l’espace de la gare. Les voyageurs s’arrêtaient, tendaient l’oreille, convergeaient vers la source de leur émerveillement. On y voyait là un jeune homme, juché sur un socle qui avait dû soutenir une statue, cheveux courts et en bataille, l’air comme-tout-le-monde, enveloppé dans une épaisse veste. Il semblait vibrer de concert avec les cordes de son instrument. Son étui, ouvert devant lui, était une invitation à se décharger d’une petite pièce encombrante.
Le vieux lui-même avait arrêté sa marche et se tenait droit. Il fixait intensément le musicien qui se mouvait, danseur frénétique, sur son socle de cuivre. Des éclats cuivrés et dorés brillaient régulièrement à mesure que des mains se tendaient pour les jeter dans l’étui. Julio reste là à jouer pendant deux heures. Son train partit à l’heure prévue, mais il n’y fit pas attention. Lorsqu’il posa son violon, la foule se dispersa peu à peu, retournant vaquer à ses occupations, sans plus faire attention au violoniste. La magie des mélodies ne dure qu’un temps. Seul son agresseur se trouvait encore là, penaud, sans bouger. On aurait pu le croire timide. Julio descendit du socle, et lui fit signe de s’approcher. Le vieux découvrit un véritable trésor dans l’étui. Des pièces brillantes, qui le devinrent encore plus lorsque les larmes brouillèrent sa vue.
Il ne savait comment remercier le jeune homme. Dire qu’il l’avait menacé un peu plus tôt. Julio lui fit savoir qu’ils étaient quittes, et lui remit l’étui. Le vieux le remercia une dernière fois, et sanglotant toujours d’émotion, s’empressa de retourner vers sa fille. Julio le regarder s’éloigner, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans les escaliers. Il soupira. Un petit sourire se dessina sur ses livres, et il courut racheter un billet de train.
TEXTE 4
Thème: Récit
Restrictions: Respectées
Thème: Récit
Restrictions: Respectées
L'écrivain prit les rênes d'une vieille bactérie
Je haletais déjà tant je n'étais pas habitué à de pareilles vitesses. La fougue de nos jeunes avait rendu tout le clan enthousiaste et fou en nous jetant dans une course effrénée. Le groupe progressait dans une artère au débit particulièrement violent. Les globules rouges agissaient autant comme des plates-formes que des montures, et rendaient possibles deux type de déplacement qui s'équivalaient en terme de vitesse. Toutefois sauter d'un globule à l'autre se révélait rapidement éprouvant et dangereux, si bien que seuls les plus téméraires s'y tentèrent, les autres préférant chevaucher. Le canal et les éléments plus lents s'étiraient à nos côtés comme des lignes infinis. A l’insouciance de l'instant venait s'ajouter nos cris de joie, de jouissance !
L'artère s'était divisée en artérioles, puis en capillaires, et notre ruée s'était maintenant ralentie, tentant ainsi de garder un semblant de cohésion pour ne pas se diviser face à la myriade de chemins qui s'ouvraient doucement à nous. Nous les savions dédales, pire encore ils étaient sans cesse réorganisés. Nous pouvions donc nous perdre en suivant pourtant une même voie. La paroi ovoïdale plus fine des capillaires permettait aux organes et au squelette de transparaître enfin, tout en les teintant d'un léger vermillon.
J'étais une bien vieille cellule, ce fut pourquoi on me choisit pour prendre la tête. Non pas que les jeunes, qui avaient plus tôt prouvé leur hardiesse, ne pouvaient se résoudre à risquer leurs vies mais que l'ensemble préférait les réservait à sa prolifération. Alors qu'un vieillard, qui s'en souciait en fin de compte ? Nous nous mîmes à progresser avec prudence, mais ce ne fut pas sans mes jurons ni sans qu'on me dut me pousser devant tous. La largeur s'était réduite donc nous avancions en colonne. Par conséquent, je n'avais personne pour m'escorter et m'aider face à un éventuel agresseur. Mais je me consolais en pensant que j'étais le premier à découvrir les paysages qui s'offraient à moi.
Le spectacle était si grandiose que je ne pensais même plus aux risques auxquels je me présentais. On voyait, vers le haut, les rideaux musculaires se distendre à un rythme excessif, conséquence d'une ébullition phénoménale depuis notre entrée bien plus tôt dans ce monde par l'instrumentale sexuelle. Plus loin le mouvement lent et horizontal de masses graisseuses. Figé dans les tissus du muscle, les cotes souffraient d'une singulière fragilité. On les eut cru en proie à une suspecte érosion. Comme percé, le squelette présentait d'innombrables cavités. Je n'aurais su, pourtant riche d'une expérience à nulle pareille, définir quelle espèce de carence, de bactérie ou de parasite pouvait en être l'origine. Aussi, intrigué, je me dirigeai vers les lieux sans m'en rendre compte, guidant mon peuple à ma suite.
Je pliai mon corps, l'offrant à la paroi, pour céder le passage à un encombrant globule qui stagnait derrière moi. Il était pressé et présentait plusieurs tâches noirâtres qui croissaient telles des mers aux bras de rivières, me laissant penser que parmi nous certains commençaient déjà leurs jeux cruels. Affolé, il disparut bien vite à l'embranchement suivant. Grondant en mon fort intérieur, mon regard parcourut à nouveau l'espace extra-capillaire dans une gymnastique rapide pour détecter les anomalies qu'ils avaient provoqué. Je les sentis avant de les voir. La fine cloison qui constituait tant notre sol, nos murs que notre plafond, toute entière trembla. A leur tour, mes congénères s'inquiétèrent et c'est à l'unanimité qu'ils établirent un plan, qui allait encore une fois en ma défaveur*:
Ayant laissé le globule rouge s'enfuir, j'avais entraîné, selon leurs dires, l'arrivée d'une escouade de macrophages qui débarquait déjà de l'embranchement. Il était donc de mon devoir de faire diversion pour que le groupe puisse s’échapper et soit préservé. En somme, il me condamnait. Diable n'étais-je pas à tous leur aîné*? Mais leurs pinces ingrates me poussèrent à la mort tout de même, plus contentes qu'amers. Et eux, qui se revendiquaient plus tôt comme les plus courageux, fuirent au plus vite l'endroit et ses dangers.
Très vite des fouets cytoplasmiques mus d'une ardeur juvénile tentèrent de m'atteindre, si bien que je n'avais pas eu à attendre. Paralysé par la peur, je les vis déferler vers moi sans rien faire, ces léviathans terribles. Mes senseurs s'affolèrent et je fus pris de vertige. Ma vue se fit floue et mon corps tremblant. J'eus presque ouïe mes molécules tinter tels de sempiternels carillons. Cet extrême état de vieillard raviva une flamme, celle de ma fougue passée*! Dans l'élan de ces images épiques je me vis emporté.
Autrefois, j'avais été une légende, me laisserai-je si facilement tué*? Je pondis au plus vite, pressé par le désespoir, la noirceur de mon espèce. Et ce sombre magma qu'était mes toxines, fort d'efficacité par ses années d'expérience, ne tarda pas à s'écouler vers les défenseurs. Avant que ce torrent ne les enlisa et les mordit, mon sol se perça sous l'agression du même suintement et je tombai brusquement contre un rempart de graisses. Dans ma chute, j'entraînai un des gardiens les plus tenaces et rapides de cette section, ayant résisté aux meurtrissures de mon arme jusqu'à, sans doute possible, la liquidation de ses proches.
Une myriade de colonnes polychromes, luisantes à la manière de feux follets ou de néons, maintenaient très précairement ce plateau flasque et épais. Les immenses bras élastiques du macrophage lui permirent d'élever son corps en hauteur, me toisant dès lors avec dédain comme si le combat allait être plus facile ainsi perché. Je pris appui sur un grumeau de graisses pour sauter à sa patte de senestre. J'échappai de justesse au revers qu'il m'envoya et je transformai instantanément mes poils, qui se raidirent pour devenir des piques noirâtres. Au contact du membre, je tournais à pleine vitesse sur moi-même, déchirant la membrane plasmique. Le gardien émit une série de gargouillements infâmes et trembla de tout son être mais ne chuta pas.
Déjà son bras repoussait. Ses ressources étaient-elles infinies*? Était-il invincible*? Je ne savais pas si je devais frapper ailleurs ou fuir le plus loin possible. A vrai dire, je n'avais plus tant hâte de l'attaquer. Je me mis à rouler autour de lui, prenant acte de ses faits et gestes, bondissant en arrière à mesure qu'il me chargeait.
Après de longs instants à ce jeu de fuites et d'arrêts, le macrophage revint au sol et soupira. La fatigue brûlait crescendo mon corps, et j'aurais pu être bientôt une proie facile. Avais-je été le plus endurant*? Non, il semblait toujours en pleine possession de ses moyens. C'était donc une ruse, qu'est-ce que ça pouvait être d'autre*? Je m'avançai tout de même, poussé par la curiosité. A deux sauts de lui, je me mis à le détailler.
C'était une sphère qu'on eut cru aplatie. Des motifs colorés psychédéliques se donnaient à une course-poursuite le long de sa membrane, alternant des mouvements horizontaux et verticaux. Ses deux bras opposés pendaient lamentablement, et ses poings lourds roulaient selon les pentes qu'offrait la plate-forme. Ses poings se figèrent soudainement et il se redressa, se plaçant à mon niveau. Si mes premiers instants prirent peur, je fus calmé par sa nouvelle immobilité. Que voulait-il me faire comprendre*?
Avant d'avoir le temps de saisir ce qu'il voulait faire, je me retrouvais écrasé entre ses deux poings. Ses couleurs se figeaient brutalement pour finalement converger dans les membres vers moi. Qu'était-ce donc*? Ça allait finir à l'intérieur de moi*? J'essayai bien vainement aux vus des forces qu'il me restait de me défaire de sa prise invincible. Je me sentis pénétré par un liquide froid, terriblement froid. C'était la mort qui étirait ses mains en moi. Je n'en pouvais plus, tellement que je ne m'étais pas rendu compte que je n'effectuais plus aucun mouvement. Tout devint incroyablement lumineux, il ne restait plus qu'une masse sombre, le gardien. Les détails disparurent par la même occasion, et tout me parut flou. Je sentais encore, comme un picotement éloigné, les flammes bleutées qui faisaient la danse de la faucheuse. Elles tiraient mes forces vers l'extérieur, vers le macrophage. Il se nourrissait de moi, il me vidait.
L'artère s'était divisée en artérioles, puis en capillaires, et notre ruée s'était maintenant ralentie, tentant ainsi de garder un semblant de cohésion pour ne pas se diviser face à la myriade de chemins qui s'ouvraient doucement à nous. Nous les savions dédales, pire encore ils étaient sans cesse réorganisés. Nous pouvions donc nous perdre en suivant pourtant une même voie. La paroi ovoïdale plus fine des capillaires permettait aux organes et au squelette de transparaître enfin, tout en les teintant d'un léger vermillon.
J'étais une bien vieille cellule, ce fut pourquoi on me choisit pour prendre la tête. Non pas que les jeunes, qui avaient plus tôt prouvé leur hardiesse, ne pouvaient se résoudre à risquer leurs vies mais que l'ensemble préférait les réservait à sa prolifération. Alors qu'un vieillard, qui s'en souciait en fin de compte ? Nous nous mîmes à progresser avec prudence, mais ce ne fut pas sans mes jurons ni sans qu'on me dut me pousser devant tous. La largeur s'était réduite donc nous avancions en colonne. Par conséquent, je n'avais personne pour m'escorter et m'aider face à un éventuel agresseur. Mais je me consolais en pensant que j'étais le premier à découvrir les paysages qui s'offraient à moi.
Le spectacle était si grandiose que je ne pensais même plus aux risques auxquels je me présentais. On voyait, vers le haut, les rideaux musculaires se distendre à un rythme excessif, conséquence d'une ébullition phénoménale depuis notre entrée bien plus tôt dans ce monde par l'instrumentale sexuelle. Plus loin le mouvement lent et horizontal de masses graisseuses. Figé dans les tissus du muscle, les cotes souffraient d'une singulière fragilité. On les eut cru en proie à une suspecte érosion. Comme percé, le squelette présentait d'innombrables cavités. Je n'aurais su, pourtant riche d'une expérience à nulle pareille, définir quelle espèce de carence, de bactérie ou de parasite pouvait en être l'origine. Aussi, intrigué, je me dirigeai vers les lieux sans m'en rendre compte, guidant mon peuple à ma suite.
Je pliai mon corps, l'offrant à la paroi, pour céder le passage à un encombrant globule qui stagnait derrière moi. Il était pressé et présentait plusieurs tâches noirâtres qui croissaient telles des mers aux bras de rivières, me laissant penser que parmi nous certains commençaient déjà leurs jeux cruels. Affolé, il disparut bien vite à l'embranchement suivant. Grondant en mon fort intérieur, mon regard parcourut à nouveau l'espace extra-capillaire dans une gymnastique rapide pour détecter les anomalies qu'ils avaient provoqué. Je les sentis avant de les voir. La fine cloison qui constituait tant notre sol, nos murs que notre plafond, toute entière trembla. A leur tour, mes congénères s'inquiétèrent et c'est à l'unanimité qu'ils établirent un plan, qui allait encore une fois en ma défaveur*:
Ayant laissé le globule rouge s'enfuir, j'avais entraîné, selon leurs dires, l'arrivée d'une escouade de macrophages qui débarquait déjà de l'embranchement. Il était donc de mon devoir de faire diversion pour que le groupe puisse s’échapper et soit préservé. En somme, il me condamnait. Diable n'étais-je pas à tous leur aîné*? Mais leurs pinces ingrates me poussèrent à la mort tout de même, plus contentes qu'amers. Et eux, qui se revendiquaient plus tôt comme les plus courageux, fuirent au plus vite l'endroit et ses dangers.
Très vite des fouets cytoplasmiques mus d'une ardeur juvénile tentèrent de m'atteindre, si bien que je n'avais pas eu à attendre. Paralysé par la peur, je les vis déferler vers moi sans rien faire, ces léviathans terribles. Mes senseurs s'affolèrent et je fus pris de vertige. Ma vue se fit floue et mon corps tremblant. J'eus presque ouïe mes molécules tinter tels de sempiternels carillons. Cet extrême état de vieillard raviva une flamme, celle de ma fougue passée*! Dans l'élan de ces images épiques je me vis emporté.
Autrefois, j'avais été une légende, me laisserai-je si facilement tué*? Je pondis au plus vite, pressé par le désespoir, la noirceur de mon espèce. Et ce sombre magma qu'était mes toxines, fort d'efficacité par ses années d'expérience, ne tarda pas à s'écouler vers les défenseurs. Avant que ce torrent ne les enlisa et les mordit, mon sol se perça sous l'agression du même suintement et je tombai brusquement contre un rempart de graisses. Dans ma chute, j'entraînai un des gardiens les plus tenaces et rapides de cette section, ayant résisté aux meurtrissures de mon arme jusqu'à, sans doute possible, la liquidation de ses proches.
Une myriade de colonnes polychromes, luisantes à la manière de feux follets ou de néons, maintenaient très précairement ce plateau flasque et épais. Les immenses bras élastiques du macrophage lui permirent d'élever son corps en hauteur, me toisant dès lors avec dédain comme si le combat allait être plus facile ainsi perché. Je pris appui sur un grumeau de graisses pour sauter à sa patte de senestre. J'échappai de justesse au revers qu'il m'envoya et je transformai instantanément mes poils, qui se raidirent pour devenir des piques noirâtres. Au contact du membre, je tournais à pleine vitesse sur moi-même, déchirant la membrane plasmique. Le gardien émit une série de gargouillements infâmes et trembla de tout son être mais ne chuta pas.
Déjà son bras repoussait. Ses ressources étaient-elles infinies*? Était-il invincible*? Je ne savais pas si je devais frapper ailleurs ou fuir le plus loin possible. A vrai dire, je n'avais plus tant hâte de l'attaquer. Je me mis à rouler autour de lui, prenant acte de ses faits et gestes, bondissant en arrière à mesure qu'il me chargeait.
Après de longs instants à ce jeu de fuites et d'arrêts, le macrophage revint au sol et soupira. La fatigue brûlait crescendo mon corps, et j'aurais pu être bientôt une proie facile. Avais-je été le plus endurant*? Non, il semblait toujours en pleine possession de ses moyens. C'était donc une ruse, qu'est-ce que ça pouvait être d'autre*? Je m'avançai tout de même, poussé par la curiosité. A deux sauts de lui, je me mis à le détailler.
C'était une sphère qu'on eut cru aplatie. Des motifs colorés psychédéliques se donnaient à une course-poursuite le long de sa membrane, alternant des mouvements horizontaux et verticaux. Ses deux bras opposés pendaient lamentablement, et ses poings lourds roulaient selon les pentes qu'offrait la plate-forme. Ses poings se figèrent soudainement et il se redressa, se plaçant à mon niveau. Si mes premiers instants prirent peur, je fus calmé par sa nouvelle immobilité. Que voulait-il me faire comprendre*?
Avant d'avoir le temps de saisir ce qu'il voulait faire, je me retrouvais écrasé entre ses deux poings. Ses couleurs se figeaient brutalement pour finalement converger dans les membres vers moi. Qu'était-ce donc*? Ça allait finir à l'intérieur de moi*? J'essayai bien vainement aux vus des forces qu'il me restait de me défaire de sa prise invincible. Je me sentis pénétré par un liquide froid, terriblement froid. C'était la mort qui étirait ses mains en moi. Je n'en pouvais plus, tellement que je ne m'étais pas rendu compte que je n'effectuais plus aucun mouvement. Tout devint incroyablement lumineux, il ne restait plus qu'une masse sombre, le gardien. Les détails disparurent par la même occasion, et tout me parut flou. Je sentais encore, comme un picotement éloigné, les flammes bleutées qui faisaient la danse de la faucheuse. Elles tiraient mes forces vers l'extérieur, vers le macrophage. Il se nourrissait de moi, il me vidait.
qui mourut.
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Comme vous avez pu le constater, je n'ai reçu que 4 textes, Donc j'invite tous les membres de la communauté à venir voter pour ces textes. Les participants n'ont pas de droit de voter, car les pseudos ne seront dévoilés qu'à la fin de cette battle
Comme il y a eu des contres-temps concernant certains, vous avez jusqu'au 2 mai 23:59 pour voter et ensuite je dévoilerai le pseudo de l'heureux gagnant.
BONNE CHANCE AUX PARTICIPANTS
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