Grésillement indistinct, une âme roule ses dernières images, fin fond d'un caméscope usé par mots et maux. C'est une fine lumière, qui perd sa vitalité, une lampe de poche qui s'éteint dans un cœur, laissant une abime partiellement explorée, la rendant à l'obscurité, dans un dernier sursaut, un dernier sombre-saut. C'est une fine pluie, un crachin, qui n'atteint rien, qui atteint tout, qui laisse chuter ses gouttes, qui s'écrasent plus bas, sur une veste décharnée, une conscience torturée, un paysage de suicide, une vallée de cordes, de grattes-ciels plongeoirs, de revolvers meurtriers, de poisons rutilant. C'est une peine isolée, une vie ravagée, mais finalement une injustice commune, une tristesse collective. C'est le décès d'une passion, le parapluie trouée, la tuile qui manque, la jambe amputée, la page envolée, un rictus à infarctus.
Dans un recueil, la fin d'une nouvelle rime avec le début d'une autre, mais dans ce cas présent, ce caillot de désespoir, on en est arrivé à la dernière nouvelle, on l'a lu, et s'en fut fini. L'auteur n'a pas prévu de rajouter des pages. L'éditeur a oublié. Voilà la fin. Une fin, qui montre, derrière ses haillons spectrales une face tout aussi minée que sa proie. Proie de la dérision des sentiments, écrasé par le poids de la société, qui crache sa haine, englobe le monde, détrône les romances, en fait des succubes, des rejetons, des sbires, des tueurs ou des tueuses. Déshumanisation de propos qui klaxonnent dans la fanfaronnade de la foule mondiale, larmes à l’œil les intellectuels eux même oublient les faits d'hier tandis que le hublot de l’honnêteté se camoufle de toujours plus de sel, et finalement, disparaisse, dans l'immensité sombre de l'acier. Enfin, la coque avale la dernière lumière, les vagues y lèchent leur victoire, l'érosion nous a eut, finalité d'une espèce, la pêche fut abusive. Le bateau coule. Touché-coulé, qui vous l'a dit ? Nous nous le sommes dit à nous même.
Il meurt ...
