Chapitre 6
Recrutement et formation
Après avoir reçu sa paie, les restes de la troupe à Guarda partirent vers la ville de Westbring afin d'aller s'approvisionner et de chercher de nouveaux mercenaires. La ville était grande, avec une population de cinquante mille habitants. La troupe s'installa dans deux des vingts auberges de la ville, y occupant toutes les chambres. Grâce à l'or donné par le compte de Brisfall, la prime pour avoir vaincu Grogbar et l'argent récupéré par le pillage des habitants, la troupe avait la belle vie. Elle donnait ainsi l'impression d'être une troupe riche et avec une bonne ambiance, donc de nombreuses personnes voulurent l'intégrer.
Au bout d'une semaine, grâce à la population locale et au grand nombre de voyageurs, la troupe grandit jusqu'à atteindre deux mille personnes, dont la majorité étaient des paysans qui avaient acheté une épée de basse qualité avec leurs économies, ou même certains qui se battaient avec leur fourche ou leur faux.
Chacun des soldats expérimentés furent assignés à l'entrainement d'une troupe d'entre vignt et trente paysans tremblants et malhabiles. Guarda eut de la chance : elle fut assignée à une troupe d'anciens bûcherons, qui donc avaient un équipement correct, leur hache, et que Guarda connaissait déjà pour s'y être longuement entraîné.
Elle vit pour la première fois sa troupe dix jours après être arrivée à Westbring. La plupart se connaissaient et formaient une bande de gueux indisciplinés.
- Mettez vous en rang! Leur dit-elle.
L'un des hommes, qui semblait le chef du principal groupe de bûcherons, éclata de rire :
- Hahaha ! Une gamine de même pas dix-huit ans qui croit me donner des ordres !
Guarda s'avança vers lui et lui plaça la pointe de son épée sous la gorge :
- Tant que tu ne m'auras pas battu en duel, avec ou sans armes, c'est que tu auras des choses à apprendre de moi, et que donc c'est moi qui commande, compris?
- Tant que je ne t'aurais pas battu... On va régler ça. Pas d'armes, ça te va?
Voyant que c'était la seule manière pour se faire respecter par ce bûcheron, et donc par le reste de la troupe, Guarda accepta les conditions.
Ils posèrent leurs armes et se firent face. Guarda envoya un coup de poing dans le ventre de l'homme, qui se retrouva plié en deux. Saisissant l'occasion, la jeune mercenaire envoya son genou dans le nez de son adversaire, qui recula, se tenant son nez ensanglanté dans les mains.. Avant d'avoir eu le temps de comprendre ce qu'il se passait, le bûcheron subit trois violents coups de poing au visage. Il s'étala sur le sol.
- Peut-on passer à l'entraînement ou quelqu'un d'autre a-t-il une remarque à faire?
N'obtenant pas de réponses, Guarda aida l'homme étendu à ses pieds à se relever, puis poursuivit :
- Bien, mettez vous en rang!
Les futurs soldats obéirent. Guarda passa ses troupes en revue, redressant leur allure, examinant leurs capacités musculaires... Un fois son examen terminé, Guarda annonça aux hommes ce que serait leur programme d'entraînement.
- Je ne vous entraînerais pas à vous battre en duel, car vous n'en aurez as besoin. Je vais vous apprendre à survivre, car si vous mourrez vous ne servirez plus à rien. Toutefois, pour cette première journée d'entraînement, je privilégierais l'amélioration des vos capacités musclulaires, car il vous faudra être rapide et savoir manier votre hache avec aisance si vous ne voulez pas être touchés par l'ennemi. Mettez vous chacun face à un arbre et essayez d'enfoncer votre hache aussi profondément que possible votre hache dans le tronc. Le but n'est pas de couper du bois mais bizn de mettre toute votre force dans chacun de vos coups.
Les anciens bûcherons si mirent alors à frapper les troncs violemment, mais les meilleurs n'enfonçaient malgré tout leur hache que de guère plus d'un centimètre à chaque coup.
- Votre but n'est pas de faire tomber l'arbre, mais de le faire tomber en un seul coup ! Vous n'êtes plus des paysans travaillant toute la journée mais des soldats qui ont le temps de se reposer après une bataille ! Je veut voir votre rage dans chacun de vos coups!
En disant cela, Guarda passait entre ses soldats, leur corrigeant leurs prises d'appui, leur geste de frappe, leur posture...
Les bûcherons répétèrent cet exercice pendant quatre heures. A midi, ils prirent une pause repas, puis revinrent se mettre en rangs pour l'entraînement de l'après midi.
L'après midi, Guarda fit courir les hommes, pour qu'ils musclent leurs jambes. Elle leur fit aussi faire des exercices de déplacement rapide sur un ou deux mètres, afin de leur apprendre à esquiver.
Le soir, Guarda passa en ville pour acheter des teintures. Le lendemain, elle arriva sur le lieu d'entraînement avec ses teintures noires et rouges, ainsi qu'un nombre de bâtons correspondant à la taille de sa troupe. La moitié des bâtons furent teints en rouge, l'autre en noir, de façon à ce que les coups laissent des traces de couleur sur les vêtements.
Les équipes ainsi formées durent se battre. A la fin de la matinée, les hommes reçurent une punition proportionnelle au nombre de coups qu'ils avaient reçu : cinq pompes et cinq flexions pour chaque trace de teinture.
L'après midi, les combats reprirent, mais les hommes manquaient d'ardeur, ils préféraient éviter le combat plutôt que de faire des exercices musculaires. Guarda ramassa donc deux bâtons, qu'elle teint chacun de l'une des couleurs, et passa dans la mêlée en frappant de son bâton le dos de ceux qui ne se battaient pas assez.
Les bûcherons progressaient rapidement. Un mois après, ils maniaient le bâton avec un niveau élevé de maîtrise. Il était temps de chercher des exercices à armes réelles.
Guarda réfléchit longuement à quel serait le meilleur exercice, pas trop compliqué ni dangereux, mais malgré tout proche des conditions réelles. Après une semaine de réflexion, pendant laquelle les hommes continuèrent l'entraînement précédent, Guarda trouva l'idée qu'il lui fallait.
Toutefois, avant d'entamer la nouvelle partie de son entraînement, la jeune mercenaire décida de laisser profiter aux hommes des derniers instants de paix qu'il leur restait avant un entraînement infernal en leur offrant une tournée générale et en leur laissant une journée libre.
Le lendemain, elle mit ses troupes en rang :
- Je vois que l'alcool ne vous a pas fait oublier vos armes... C'est bien. Jusque là, je n'ai fait que vous introduire dans l'art de la guerre. Maintenant, les choses sérieuses commencent. Pour commencer, vous allez tailler des protections de bois pour vos haches, afin de protéger le tranchant et d'éviter de décapiter vos camarades. Ensuite, vous teindrez votre hache dans la couleur qu'avait votre bâton. Enfin, vous recommencerez à vous battre comme auparavant, en équipes.
Guarda prit le temps de respirer un peu, puis reprit :
- Vous vous rendrez vite compte de deux choses : les haches sont bien plus lourdes que les bâtons, et elles font infiniment plus mal, même avec les protections. Ah ! J'allais oublier : vu que l'on passe aux choses sérieuses, les sanctions sont doublées. Et je continuerais de passer avec des bâtons si vous ne faites pas preuve de bonne volonté. Pas de questions?
N'ayant pas de questions, les hommes commencèrent à subir leur nouvel entraînement. Au bout d'un mois, Guarda se rendit compte qu'il leur fallait se reposer un petit peu si elle souhaitais qu'ils survivent. Elle leur accorda donc un jour de repos par semaine.
Trois mois passèrent ainsi. Les hommes progressaient rapidement. Ce jour ci, il faisait beau. Le chef décida de passer entre les troupes afin de voir les progrès des soldats. Il fut satisfait leurs capacités, et la troupe leva le camp trois semaines plus tard, avec des finances bien réduites mais malgré tout une belle quantité de vivres.