La tribu de la Vachette

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Bonjour à tous !

J'ai l'intention de poster une série de petites histoires dans ce topic dont le sujet n'est autre que la tribu de la Vachette, tribu qui gagne à être connue au vu de la vie qui s'y déroule. Des amitiés profondes y grandissent, des aventures époustouflantes s'y boivent, de la gnôle divine s'y brasse, ... Un plein pot de détente pour tous les internautes !

Ces histoires narrent l'histoire de cette tribu depuis 2006. Il y a donc des pseudos qui ne diront rien à personne étant donné qu'ils datent un peu, d'autres, qui sait ;)

Il y a certains passages plus "osés", surtout dans les textes 5 et 6, je crains. Je laisse le soin aux admins de faire censure s'ils l'estiment nécessaire. J'ai pour inspiration le monde de Lanfeust de Troy dont certaines chansons en sont prises, ainsi que le film Les Visiteurs avec Jean Réno et Christian Clavier.

Sommaire
1. La Taverne du hérisson bleu
Histoire de la recréation de la tribu sur le monde 10 de TW
2. La marche jusqu'à l'échafaud
Histoire d'un ami trahissant sur le monde 3 de TW
Musique : March to the Scaffold de Berlioz

3. L'antre du bourreau
Hommage à un très bon ami, Dauntless, des mondes 3 et 10 de TW et des mondes 1 et 7 de GdT
4. Les soirées de l'ambassadeur ou tiens, ça sent la bouse
Souvenir intense de notre alliance avec les KAOS et notre mésentente avec les RW3 sur le monde 3 de TW. Petit hommage à -Rhaxephon78- toujours présent sur le monde 7 de GdT
5. Un jour, de bon matin,
Allusion à mon score sur le monde 1 de GdT
6. Un deuxième jour, de bon matin,
Allusion à mon score sur le monde 1 de GdT
7. Le solstice de Tartaze
Hommage à un très bon ami, Tartaze, du monde 7 de GdT. Conte de Noël !
Musique : Piano Solo de Philip Glass et autres extraits de Battlestar Galactica
 
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La Taverne du hérisson bleu

Une lueur pâlotte frissonnait à travers les fenêtres givrées de la Taverne du hérisson bleu. Seuls quelques chiens errant se trouvaient encore à braver le froid dans les rues du bourg. Cet hiver était le plus rude qu’on ait connu depuis plusieurs générations. Les prêtres en disaient même qu’il annonçait la fin du monde connu au profit d’un chaos indescriptible.

Dans un coin sombre de la taverne se trouvaient deux hommes et une femme habillés de guenilles et portant vieilles besaces, couvertes de plaques de boues séchées, et bouteilles vides. Ils ne discutaient de rien depuis un moment, ce qui affolait davantage le jeune domestique à qui ses trois soudards filaient déjà une frousse terrible uniquement par leur présence.

L’un des deux hommes s’appelait « flocon », un prénom sanguinaire dont l’origine s’est perdue à travers les temps. L’autre se faisait appeler « letaureau » par la femme qui répondait au nom de « mystere74 ». C’était un trio de sombres et vieux guerriers poussiéreux, chacun disposant d’armes émoussées, encore encrassées de sang durci.

- Et dire qu’ils ont osés ! lança tristement flocon.
- Oui, je n’aurais jamais pensé que c’eut été encore possible ! répondit hagardement mystere74.
- Mon dieu ! laissa échapper letaureau en ouvrant une nouvelle bouteille de mauvais bourbon.

Et le silence revint dans l’antre où seul l’âtre crépitant rompait la solitude du lieu. Quand soudain, une troupe joyeuse entra vivement et s’installa au bar comme s’il s’agissait d’une vieille habitude à laquelle on ne s’était plus adonnée depuis de longs mois.

- Holà tavernier ! Sers-nous de ta meilleure gnôle où mal t’en cuira ! brailla énergiquement ce qui ressemblait à un bourreau avachi par un harassant travail brassicole.
- Tout de suite mon seigneur ! répondit fébrilement notre jeune domestique.
- C’est vrai qu’on a soif et qu’on mérite au moins la moitié de ta cave ! ria l’un des comparses.
- Ho tais-toi Zacharius ! Tu sais très bien que ce ne sera pas suffisant ! répondit celui-qui ressemblait à s’y méprendre à une grenouille d’un mètre quatre-vingt de haut.
- Il est vrai que nous devons fêter dignement cette recréation fabuleuse ! poétisa un guerrier ressemblant étrangement à un ancien grec.
- Ô Sisyphe, comme tu sais bien parler et comme tu es beau ! soupirèrent ensemble les femmes de cette troupe hétéroclite.

C’est à ce moment précis qu’un poing de vingt centimètres d’envergure fendit les airs et se retrouva à percuter précisément le nez de notre gentil grec.

- Et il est beau encore comme ça maintenant ? défia un truand de trois mètres de hauteur.
- Assurément non ! répondit une jeune femme splendide habillée de cuir, un fouet à la ceinture.
- Ô, ma Kayla. Dis seulement une parole et mon cœur sera guéri ! gémit à genoux le sire Zacharius.
- Zachounet ! Tu te tapes le ridicule ! rigola un homme vêtu d’une peau de caribou. Viens que je te mette ton suppo !

C’est sur ces dernières paroles qu’un jeune homme à la splendide chemise paya une nouvelle tournée.

Bien des années plus tard, le jeune domestique comprit qu’il venait de vivre là le début d’une fantastique aventure. Il avait eu pendant un moment sous ses yeux les différents protagonistes de la tribu qu’on allait bientôt connaître sous le nom de « La Tribu de la Vachette ».
 

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La marche jusqu'à l'échafaud

Une odeur âcre et poussiéreuse flottait sur la place du village. La chaleur régnant n'aidait en rien à supporter le climat qui était tombé depuis l'arrivée du bourreau près de l'échafaud. Chacun suait sang et eau, trépignant nerveusement dans l'attente de l'exécution de la sentence. Cela faisait déjà deux heures que le public était là, haletant, près à découvrir avec effroi et curiosité la punition qu'allait subir l'immonde crapule qui avait osé défier la mystérieuse guerrière, reine des Vaches.

Son crime abject avait été d'être autrefois un des membres les plus appréciés de la tribu de la Vachette, l'un des plus courtisés. Il était aimé de tous et il le rendait par son humour, son fanatisme, son implication dans la vie du clan. Cependant, après avoir été promu à l'un des plus hauts rangs de l'école des guerriers bovins, son attitude changea du tout au tout. Il devint prétentieux, impétieux. Il combatit des alliés, s'ennorgueillit et devint injurieux envers ses pères.

Il décida de lui-même que sa place n'était plus parmi ce clan et partit rejoindre les gens qui composaient la lie de ce monde, des vandales assoiffés d'hémoglobine.

Notre chère reine en fut d'abord attristée puis écoeurée par tant d'impudance et de traîtrise. Il fut décidé de ne plus lui laisser accès en place publique mais cela ne changea rien. Il s'évertua à vouloir conserver des relations amicales avec la tribu tout en pillant certains des membres du clan. Cela ne pouvait durer. Il fallait agir.

- Qu'on lui coupe la tête ! s'époumona la reine des coeurs, la pourtant si douce Sickina.
- Et on lui pêlera le jonc ! brailla un écuyer à l'haleine fétide.
- Qu'on le pende avec ses tripes de bon matin ! vociféra gaiement un chevalier en armure avant d'éclater d'un rire caverneux.

Après encore quelques minutes d'intense expectation, le geôlier fit son apparition avec, enserré dans un carcan, celui qui auparavant avait été le bouffon de la tribu. Le silence qui ne dura que trente secondes mais qui paraîssait avoir durer une heure entière fut brisé par le jet de condiments avariés sur le condamné.

Arrivé au pied de l'échafaud, couvert de crachats et d'une masse informe d'aliments décomposés, il sanglotait, demandant pardon à chacun de ses anciens amis. Il était méconnaissable, faisait pitié à voir ainsi acculer à la vindicte populaire.

- Qu'as-tu à dire pour ta défense, bouffon ? s'inquiéta froidement la reine du clan des Vaches.
- Je regrette ses attaques, ma reine, je voulais juste... c'est... je ... je vous aime, ma Reine ! gémit-il.
- Nous t'avions accueilli parmi nous ! Nous t'avions élevé au plus haut rang ! Nous te portions en nos coeur ! Et tu as tout gâché par ton orgueil et ta cupidité ! répondit sêchement le prince Gunthar.
- Nous aussi, nous t'aimions ! compléta sire Noxes.

Perdu dans ses larmes, le triste bouffon n'arrivait plus à dire quoi que ce soit. On le conduisit alors en haut de l'échafaud, près du bourreau. Il s'agenouilla, mit sa tête sur le tronc des condamnés, et sanglota de plus belle.

- Bourreau, fais ton office ! scanda un chef militaire du nom de Jerome, soixante-deuxième du nom.

Toute l'assistance vit alors la hache du bourreau s'élever dans les airs. Elle y resta un moment, comme suspendue aux regards de l'assemblée, et finit par s'abattre, tel un couperet, pour couper en deux le nounours préféré du bouffon.

La sentence en était dès lors aboutie et chacun s'en retourna chez soi siroter un bon jus de fraise.
 

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L'antre du bourreau


Il était minuit moins le quart quand ont commencé les cloches à sonner, comme si le temps lui même s'empressait de passer son chemin. L'atmosphère était moite et âcre. Une odeur de chair brûlée planait dans le faubourg Sainte-Eulalie comme si un corps humain s'était consummé sans que quiconque ne vienne pour l'éteindre. Parfois un chien errant hurlait, rompant le silence pesant qui régnait jusqu'alors. Soudain, on entendit des pas suivit d'un frottement et d'un râle, comme si on traînait sur le sol quelque chose d'encore vivant.

Ces pas étaient lourds et irrégulier, comme si la personne faisait des efforts pour allonger la jambe. On eut dit qu'elle souffrait le martyr tout en s'acharnant à une triste besogne. Et toujours ce glissement cadencé au pas de l'homme qui aurait fait frémir n'importe quel farouche aventurier.

- C'est toujours pareil ! grommela une voix erraillée où se mêlaient paroles et bruits de biles crasseuses coincées en la gorge de l'homme. J'aurais mieux fait de l'engeôler. J'suis là maintenant à le traîner dans les rues. Manquerait plus qu'il perde un bout pour que je doive nettoyer derrière lui.

Brusquement, l'homme s'arrête devant une chaumière au son d'une porte qui se ferme à son arrivée. Son regard noir vise l'endroit précis où fut émis celui-ci, comme s'il voulait qu'il pénètre à l'intérieur de la masure. On pouvait sentir qu'une peur intense et un profond dégoût se terrait derrière la porte. Et l'homme reprit son cortège funèbre.

Arrivé devant un taudis de boue séchée et de paille cramoisie, l'homme sortit d'une de ses poches une clé. Malgré la rouille, on pouvait encore y reconnaître certains dessins de corps en putréfaction et de haches à l'allure fantômatique. L'homme la fit glisser dans la serrure et entrouvrit la porte maintenant déverrouillée.

Entrant en premier, il continua de tirer son fardeau à l'intérieur du lieu. Il y faisait sombre et encore plus moite qu'au-dehors. Une odeur pestilentielle flottait de partout. On eut dit que des morceaux de chairs séchaient, suspendus au plafond. Les murs de l'unique pièce étaient recouverts de divers outils funestes : haches, hallebardes, tenailles, cordes, broches, lances, scalpels, plumes, scies, écarteleurs, fléaux, faux, fouets, garrots, vierges de fer, ... Des tâches noires recouvraient encore certains pieux et piques.

L'homme abandonna son fardeau près d'un tonneau et y plaça ce qui ressemblait à une tête. Une tension lourde de sens pouvait être palpée aisément si on l'aurait voulu. L'homme revint près de son colis avec un marteau et un pieu qu'il plaça à hauteur de la dite tête. Le marteau s'éleva dans les airs et... quelqu'un cogna alors à la porte.

- Holà, bourreau ! Il paraît que tu t'affaires encore à une bien triste tâche ? scanda une voix forte et claire.
- Pourceau ! Je t'avais pas invité au spectacle ! Retourne CENSURED ta mie ! répondit grossièrement l'homme.
- Immondice ambulante ! Poivrot mal décanté ! Infusion de camomille ! Granulocyte neutrophile ! Je vais te faire passer l'envie de redire de telles vilaines paroles ! s'offusqua violemment le nouvel arrivant.

Sur ce fait, il fit une entrée fracassante dans la pièce et bondit à l'intérieur tel un diable sortant de sa boîte. La lumière pénétra instamment dans la pièce laissant entrevoir le sire Zacharius complètement bourré, la tête sur un fut de gnôle non encore ouvert, et le bourreau Ael prêt à l'ouvrir pour continuer cette soirée de beuverie.

Quinze minutes plus tard, un trio de voix masculines se fit entendre dans tout le bourg. Des paroles grivoises se mêlant à de vieux souvenirs de bataille :

- Et on lui pêlera le jonc
Comme au baillis du Limousin
Qu'on a pendu un bon matin
Qu'on a penduuuuuuuuu... avec ses triiiiiiiiiipeeeeeuuuuuuuus !



Pour ceux qui veulent en savoir plus : Cliquez ici
 

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Les soirées de l'ambassadeur ou tiens, ça sent la bouse !


Les réceptions de Monsieur l'Ambassadeur sont toujours un succès. L'ambiance chaude, années septante (ndla : soixante-dix), qui y règne grâce à la musique rend l'âme des gens plus douce qu'une friandise en chocolat. Les lustres de cristal illuminent cette pièce immense où se retrouvent les plus illustres personnages de ce monde depuis déjà plus de vingt ans pour fêter Noël ensemble.

- Que Monsieur l'Ambassadeur a bon goût ! murmura le seigneur Rhax à son doux ami.
- Je suis bien d'accord avec toi, compagnon ! lui répondit avec envie le bon seigneur Tryonix. Mais j'attends avec impatience la surprise que nous a réservée Monsieur l'Ambassadeur, comme pour chaque année !
- Dire qu'il y a vingt ans, nous appelions ça des "roches d'or" ! ironisa Rhax.
- C'est d'un drôle ! pouffa grassement Tryonix.

C'est à ce moment que le digne seigneur Insanius, l'Ambassadeur de tous les Kaosiens, leva son verre afin de réclamer l'attention de tous. Le seigneur Denver Nuggets et son fidèle compère Elwood l'entouraient. Une annonce de la plus haute importance devait certainement être divulguées au cours de cette soirée déjà bien entamée.

Pendant ce temps-là, l'exquise baronne Kayla restait près de la porte de la grande salle, prête à faire entrer le maître de cérémonie, Cid de son petit nom.

- Mesdames et Messieurs. Gens des Hautes Terres. Chevaliers guerroyants et chevaliers bedonants. Nous sommes ici réuni, aujourd'hui, en la présence de Dieu et de cette assemblée, pour unir dans les liens sacrés de l'alliance, deux âmes tribales qui depuis fort long se cotoient dans la débauche et dans une consommation liciencieuse de gnôle nauséabonde. annonça fièrement le seigneur Insanius. Si quelqu'un peut prouver qu'il y a quelque juste empêchement à ce qu'elles puissent être légitimement alliées ensemble, qu'il le dise à présent ou, qu'à l'avenir, il s'en taise à jamais.

Un silence pesant se fit sentir au-dessus de l'assemblée. En effet, quelques masses d'arme avaient été accrochées au plafond au cas où un malheureux aurait eu quelque chose à y redire. Même les seigneurs raudeurs ne laissèrent échapper aucun mot. On pensa bien plus tard que soit ils étaient déjà occupés de fomenter une guerre contre le nouvel allié kaosien (une crise de jalousie) soit parce que trop préoccupé par l'absence de ferreros cette année.

Dès lors, Elwood fit signe d'ouvrir les grandes portes de la salle afin de faire entrer le futur nouvel allié. Les portes grincèrent sinistrement sur leurs gonds avant de pivoter suffisamment pour qu'on puisse observer dans l'entrebaillement quelques figures méconnaissables. Il y avait là ce qui ressemblait, sous la couche de boue, à une reine, un diplomate cramoisi, un seigneur de guerre à peine émêché et quelques guerriers à la gueule de bois.

- Veuillez excuser notre apparence pour le moins négligée, mais les garçons ont voulu faire à tout prix une bataille de mottes en attendant. expliqua la reine bovine. D'ailleurs, je crois que nous avons oublié l'un des nôtres sous icelles, plus moyen de mettre la main sur le seigneur Zacharius...

Un nouveau silence pesant se fit sentir au-dessus de l'assemblée, et, pourtant, les masses d'arme n'y étaient pour rien cette fois-ci.

Afin de détendre l'atmosphère, Monsieur l'Ambassadeur fit signe à la décilicieuse Kayla de faire entrer Cid, "master of ceremony". Dans ses mains, il tenait un plateau avec une pyramide dorée dont l'odeur se répandit rapidement dans la salle.

- Tiens, ça sent la bouse ! remarqua le sire Gunthar.
- Monsieur, avec Ferrero Rocher, vous nous avez vraiment gâtés ! remercia la reine nouvellement alliée.

La soirée battit encore son plein des heures durant. Le champomy et les ferreros rochers furent consommer sans aucune modération. Le maitre de cérémonie n'en pouvait plus de déballer pour chacun les précieuses douceurs de l'Ambassadeur. Ses mains étaient recouvertes de cloques que quelque vicieux bourreau s'amusait à faire éclater de temps à autre.

Pendant ce temps-là, dans les jardins de l'Ambassadeur, un brouillard commençait à naître sous les frondaisons. Des hullulements lugubres résonnaient à faire pâlir d'effroi le plus puissant des raudeurs.

- Sers-moi dans tes bras mon Trytry, j'ai peur...
- Oui, mon Rharha. Mais prenons garde que personne ne nous voit. J'en crains à notre réputation de virils guerriers ! répondit timidement le seigneur Tryonix.

Se bécotant pour se rassurer, les grands seigneurs raudeurs ne virent pas la terre s'agiter en-dessous d'eux, comme si le sol allait engendrer une créature des enfers. On eut pu sentir l'arrivée d'un malheur mais tellement pris dans leurs ébas, ces deux compères ne virent rien venir.

Soudaint, une main blafarde surgit de hors de terre et s'agrippa nerveusement au godillot du seigneur Rhaxéophon. Les ongles étaient crasseux, noirs de moisissure, comme s'ils avaient dû creusés la terre pour en sortir. Rhax poussa un cri si aigu que la main relâcha prise et permit aux deux galants de se faire la malle sans demander leurs restes... de ferreros.

La main s'agitant toujours au-dessus de terre, la mirifique Kayla l'attrapa délicatement et tira de toutes ses forces afin de dégager le seigneur Zacharius de sa prison souterraine.

Et c'est ainsi que s'acheva cette réception chez Monsieur l'Ambassadeur.



(petite suite...)

- Bruuueueueghel !
- Pauvre bourreau ! Tu as l'air bien malade ! tenta de consola le sire Noxes. Il ne fallait pas manger autant de ferreros mon ami !
- C'était plus fort que moi ! Et maintenant avec tout ce vomi, j'vais pouvoir me remettre à la peinture... déglutit le bourreau.
- Vive la crise de foie ! rétorqua Zacharius. C'est jaune ?
 

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Un jour, de bon matin,...

Zacharius venait de se lever du pied gauche. En effet, la veille il avait dû tuer de la poiscaille dans sa pataugeoire préférée qui commençait à grouiller. Il n'avait plus sainte horreur que d'eviscérer la gente ichtyienne sans raison. Dans la guerre, on trouve toujours une raison (piller, taper, vilipander, boire, châtier, chatrer, ...) mais là, aucune raison à part le fait que ça grouille plus que le fion de sa femme en morpions. Soudain, il entendit une voix chanter avec facétie et une certaine malice :

- Pour dix écus, la ribaude se penche
On voit son cul et ses cuisses blanches !
Pour cent écus, la ribaude s'allonge
On r'nifl'son cul et on jette l'éponge !


C'était un chant fort plaisant mais ô combien inadéquat en la demeure !

- 'vais rabattre son caquet au vil galant qui m'asticote en bas des murailles ! grommela Zacharius.

Et Zacharius descendit dans le plus simple appareil au sein de la basse cour de son fief pour corriger le pleutre qui se prenait pour un ménestrel.

A peine arrivé qu'on lui annonça, les yeux emplis de larmes de joie, d'étincelles de fierté et de sécrétions oculaires datant de plusieurs semaines, qu'un triple événement serait célébré en le jour ! Abasourdi par une semblable et si inattendue bonne nouvelle, il se demanda s'il ne devait pas crucifier le messager pour l'avoir réveillé ou s'il devait commander à son cuisiner de récupérer les poissons tués dans les fosses pour préparer un banquet.


- Seigneur, seigneur ! Bonne nouvelle ! Bonne nouvelle ! Le jour tant espéré est arrivé ! Hosanna ! Gloriaaargh... gémit le dit messager sur un coup de massue asséné par Zacharius qui n'en pouvait plus de cogiter sous tant de bruit.

Zacharius prit alors le message hors des mains du macchabé et le lit à haute voix :

"Seigneur Zacharius,
En la présente je t'annonce que viennent de passer sous ta coupe plus de 100 villages, que tu as accumulé en ce jour plus d'1.000.000 de points sur ta carte "Guerrier Bravoure" et surtout que tu es maintenant passé outre la barre du 1000ème seigneur en lice pour les "Joutes Orgiaques". Pour te récompenser, te seront livrés 800 fûts de gnôle à servir à tes multiples contemporains."

Sur ce, Zacharius tonitrua :

- Qu'on m'amène une chope et des sybarites ! Vite ! Et qu'on en serve à tous !
 

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Un deuxième jour, de bon matin,...

Un mois et quelques jours (37 jours en tout pour être précis) après cette débauche de nectar envinant et de dépravation, le sire Zacharius se montrait toujours aussi gaillard avec les donzelles que s'il avait encore vingt ans et un centigramme d'alcool dans le sang... ce qui était loin d'être le cas. Avec ses yeux pochés, des rides à faire pâlir d'envie le grand canyon et la goutte au pied gauche (ainsi qu'ailleurs mais bon, c'est un peu plus osé de décrire ça), il était loin de se douter de ce qui allait lui arriver si tôt après cette première grande cérémonie de victoire hépatique.

Quand tout à coup les trompettes sonnèrent en haut des tourelles de la porte noire du sud. Zacharius esquiva un geste de surprise en lâchant du mou par le bas sur son céans royal. Il se retourna alors vers son fidèle héraut pour lui demander à l'oreille un renseignement de la plus haute importance pour la santé de son fief :

- On a une porte sud, nous ? Depuis quand ?

Par prudence, il intima l'ordre de condamner cette issue qui lui était inconnue prétextant que tout trou sombre se doit d'être infranchissable. Bien qu'on lui conseilla de ne pas y pourvoir, il campa sur sa position en boudant qu'on ait osé le défier avec de futils arguments.

- Comment ça ne pas fermer la porte sud ? Au-moins ainsi elle suivra avec toutes les autres que j'ai déjà condamnées ! Non ?!

Face à une telle démonstration emplie de sagesse et de judicieuse logique, les courtisans qui avaient tenté de le contredire ne purent que se plier à son incommensurable autorité. Devant ce spectacle de courbettes, Zacharius prit son élan et enfourna quelques nouvelles donzelles en jurant qu'il leur ferait connaître toute la grandeur de son être.

Enfin arriva à lui la raison de tout ce remue-ménage féodal, une nouvelle était arrivée ! Un courrier ! Un message ! Une missive ! Une lettre ! Un sms ! Un parchemin ! Un courriel ! Un ban ! Une dépêche ! Une... Un bout de papier avec des trucs écrits dessus, quoi ! Zacharius demanda alors à son héraut de le lire à l'assemblée.

"Seigneur Zacharius,
En la présente je t'annonce que viennent de passer sous ta coupe plus de 200 villages, que tu as accumulé en ce jour plus de 2.000.000 de points sur ta carte "Guerrier Bravoure" et surtout que tu es maintenant passé outre la barre du 600ème seigneur en lice pour les "Joutes Orgiaques". Pour te récompenser, te seront livrés 2000 fûts de gnôle à servir à tes multiples contemporains."

Zacharius, pris de vertiges à l'écoute de si grands nombres, demanda qu'on pendit le messager et qu'on lui servit à boire juste après pour fêter cette grande et si rapide avancée ! Grâce à tous ces points, peut-être pourra-t-il enfin s'offrir le kit de barbecue facile à -10% au magasin "Guerrier Bravoure" du fief voisin ?!
 

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Le solstice de Tartaze

La neige tombait déjà depuis quelques jours sur la morne plaine. Un épais brouillard transformait toutes choses en d’étranges formes indistinctes, fantomatiques et lugubres. Parfois la lueur des étoiles s’engouffraient au travers des mailles des flocons tombant gracieusement sur l’herbe déjà couverte d’un blanc manteau. On voyait ça et là encore les traces disparaissant peu à peu du passage d’un renard ou d’un lapin perdu en cette immensité indifférente au désastre de ces temps.

En effet, en cette veille de solstice, bien qu’il fut annoncé que les beaux jours reviendraient dans peu, on percevait une ombre froide et blanche recouvrant la contrée de craintes étouffées, de murmures inquiets et de larmes qu’aucune mère n’était en mesure de sécher. Beaucoup avaient déjà fui au loin en direction d’hypothétiques pâturages plus verts où faire paître leurs troupeaux mais quelques uns demeuraient, accrochés à de vains et futiles espoirs.

Dans un de ces villages, Tierce, vivait le sieur Tartaze, piètre forgeron mais un fidèle ami. La barbe hirsute, le teint blafard, une peau ravagée par les affres du temps, des yeux perçants vert-émeraude où scintillait encore une étoile, souvenir des joies d’auparavant, une robuste stature, il avait de quoi affronter encore bien des périls tout au long du reste de sa vie mais rien ne l’aurait préparé à ce qu’il allait vivre ce soir-là.

Il restait seul en sa maison, dernière à être restée droite dans le petit hameau, près d’un feu qui se battait lui aussi pour sa survie. Il avait préparé deux assiettes sur la table, deux couverts, comme toujours, mais personne ne viendrait partager sa pitance qui depuis longtemps n’était composé que de quelques racines vermoulues et parfois d’un peu de viande grâce à ses pièges disposés et vérifiés chaque jour tout aux alentours. Une bouteille d’un alcool douteux restait à moitié vide sur la table. Ses lèvres se posèrent lentement sur le goulot. D’abord une sensation de froid imprégna sa bouche pour ensuite laisser la place à un liquide sucré qui, en s’insinuant sur son palais et dans sa gorge, émoustillait chacune de ses papilles, chaque partie de son cou, puis les échauffait doucement pour descendre finalement jusque dans le ventre où se formait un lac comme un tapis de douceur et de chaleur. Tartaze se sentait mieux, revigoré grâce à ce breuvage, bien qu’il savait que cette sensation de bien-être ne durerait pas.

Il prit alors un morceau de pain rassis et l’amena sous ses dents pour entamer son repas sans qu’aucune autre forme de joie ni de gaieté ne vienne à nouveau agrémenter celui-ci. Même sans possibilité de changer son existence dérisoire, il continuait à vivre celle-ci sans rechigner, sans chercher à tout transformer. Il vivait et c’était là pour lui l’essentiel. Mais combien de temps encore le pourrait-il dans de telles conditions.

Quand le froid se fit trop intense, que plus aucune étoile ne brillait au firmament, il s’endormit paisiblement sous des peaux qui lui servaient de couverture, un sourire difforme aux lèvres. Un de ses pieds dépassait et se faisait mordre par le gel mais il n’en ressentait aucune douleur. Déjà son esprit commençait à se dégager vers ces rêves qu’il chérissait tant et qui lui donnaient son désir ardent de persévérer malgré les embûches. Un peu à la fois, il sentit une chaleur nouvelle l’envahir de partout. Il la sentait monter de ses entrailles et emplir chacun de ses membres d’une aménité sans égale. Insouciant, il se laissa dériver vers ce plaisir depuis longtemps disparu de son ordinaire. Au fur et à mesure qu’il avançait, la chaleur s’accompagnait de lumière et de joie. Il en dévora sans connaître la satiété.

Au petit matin, l’âtre s’était éteint. Aucune chaleur n’était encore présente dans la demeure de Tartaze. La table était mise pour deux personnes mais la nourriture y était restée intouchée. Une bouteille aux trois-quarts vide restait couchée près d’un lit de peaux. Une main glaciale et inerte dépassait de dessous ces couvertures de fortune.

Plus rien ne vivait dans le village de Tierce.

Parfois, le soir du solstice d’hiver, certaines personnes croient apercevoir un vieil homme à la barbe hirsute passer d’une maison à une autre, vérifiant que l’âtre des cheminées ne s’éteigne. Quelques-uns disent l’avoir vu, un sourire doux et bienveillant aux lèvres. D’autres encore lui préparent quelques gâteaux et boissons sur une table garnie pour de multiples convives afin de le remercier d’apporter un peu d’espoir et de persévérance à tout ceux qui se voient obliger de partir loin de leur foyer originel.
 
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