La Guerre du Temps – ou Comment Tuer le Temps

  • Auteur de la discussion Famine de Crayon
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DeletedUser

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Salut,

J'avais commencé La sorcière des rêves mais le récit à écrire s'est révélé assez peu intéressant. On peut savoir précisément tout ce qu'on va écrire dans une histoire sans juger d'utile d'aller jusqu'au bout. Alors j'ai choisi de continuer un projet qui me tient à coeur, clore enfin la trilogie commencée avec Le roi Minotaure, que je crois, seules 3 personnes ont lu en entier, continuée avec Les Seigneurs des Labyrinthes, que personne n'a lu en entier, et qui perdure et se terminera avec cette histoire ci. Pourquoi je publie cette histoire alors que personne n'a lu les précédentes ? Parce qu'elle est suffisamment décalée chronologiquement pour qu'on ait pas besoin d'avoir lu les autres pour la comprendre. En gros, ça se passe après les autres, mais c'est pas une suite directe. Donc voilà, on peut la lire quand même.

Je n'ai écrit que ce premier chapitre pour l'instant, je le mets histoire de voir si des gens le trouvent intéressant. Et oui, mes introductions sont aussi longues que les histoires elles mêmes.

La Guerre du Temps – ou Comment Tuer le Temps​

D’après les légendes, il y a dix milles ans, le Dieu Minotaure et ses formidables pouvoirs imaginaires, à la tête du Second Empire Labyrinthique, déclara la guerre au Temps lui-même. Le Dieu Minotaure disparut pendant le conflit, et le Temps en sortit mortellement blessé. Pour les historiens, ce ne sont que des récits racontant les conquêtes d’un roi particulièrement mégalomane et qui aurait demandé aux scribes de l’époque de tout rendre extraordinaire. Pour les scientifiques, il s’agit seulement de la tentative primitive d’expliquer des phénomènes dépassant l’entendement humain. Car s’il demeure encore des labyrinthes, enfouis profondément sous terre, ce ne sont que des successions de couloirs inoffensifs. Personne n’a jamais réussi à utiliser son esprit pour transformer la réalité. L’imaginaire n’est qu’un beau rêve. Quant aux distorsions temporelles, elles sont devenues la vie quotidienne de la population. D’ailleurs, n’en est-il pas toujours été ainsi ? Peut-on réellement concevoir un monde où le temps est linéaire et constant, et les nuits peuplées d’étranges visions oniriques ?

Ne me faites pas rire.


UN MONDE SANS RÊVE

…n’était qu’une noirceur indicible dont son inconscience ne pouvait même pas appréhender. Il s’endormait, puis il se réveillait. Une sorte de bond temporel qu’effectuait son esprit, lui permettant d’ignorer le temps lui-même durant ses heures de sommeil. C’était à ça que se résumait l’action de dormir, après tout. On se couchait fatigué, l’obscurité s’emparait de nous, et puis on se levait en pleine forme. Quelle merveilleuse invention que la sieste. Une perte de temps disaient certains, parce que pendant qu’on dormait, on ne faisait rien d’autre d’utile. Il aurait fallut rentabiliser tout ça d’une manière ou d’une autre.

Matioé y réfléchi lorsqu’il ouvrit les yeux et s’extirpa des langueurs de la nuit. Il s’assit sur le rebord de son lit, attendant patiemment que son cerveau s’active afin de redevenir pleinement fonctionnel, et il tourna dans sa tête les différentes possibilités permettant de tirer parti de cette période d’inactivité que constituait le sommeil. Si on passait moins de la moitié de la journée à dormir, cela faisait tout de même une perte sur le long terme de près de la moitié de sa vie, à ne rien faire de particulier. Ramené sur une population toute entière, les conséquences s’avéraient horriblement désastreuses. Il fallait deux hommes pour faire ce qu’un seul aurait réalisé s’il ne dormait jamais. Toute la place pour le logement que l’on économiserait, toute la nourriture, tout…

Il se leva en baillant et écarta tous les grigris et colifichets qui entouraient son lit d’un rempart filandreux et colorés de protection. Il se baissa mollement pour éviter le coup vengeur d’un petit attrape-temps en bois pailleté qui se balançait dans tous les sens pendant que sa clochette chantait son petit tintamarre aigu. Il donna enfin un coup de pied peu énergique à un malheureux lapin en peluche qui parti rouler dans le couloir en lui renvoyant au passage un regard de reproches amères, ou du moins c’est ce qu’il cru voir dans les deux billes noirs qui lui servaient d’yeux.

S’étant assuré que la voie était libre et sûre, Matioé fit rapidement un tour dans la salle de bain. Se contemplant dans le miroir, il tenta de remettre ses longs cheveux blonds filasses en ordre, mais ils demeuraient obstinément dans la même position que tous les autres jours : tombant sur son front et sa nuque avec une raideur rebelle. Ils ne bouclaient pas, ne vivotaient pas par ci par là. Il grogna à l’encontre de ses cheveux, qui manquaient si singulièrement de fantaisie. Ses yeux bleu délavés lui renvoyèrent un reflet sans panache, et il eu beau se frotter les joues avec espoir, non, pas le moindre soupçon de barbe naissante ne lui avait poussé durant la nuit, le condamnant à avoir l’air d’un adolescent de dix sept ans quand il en avait vingt.

Il étira sa grande carcasse et parti prendre son petit déjeuné, sans oublier le plus fondamental des gestes à accomplir chaque matin, et régulièrement dans la journée : allumer le labyrintovison. Par défaut, il était configuré pour afficher dès son activation la principale chaine du pays, Labyrintovision Falaisie 1, qui diffusait en continue la chronotéo, afin d’informer perpétuellement les citoyens du moindre changement temporel et de ses zones d’impact.

Tranchant du beurre dans sa salade, il écouta avec attention les dernières nouvelles.

__ …sur Almelo, pouvant aller jusqu’à six pro-minutes de différence, disait l’imperturbable présentatrice vêtue d’une chrono-blouse violette indiquant l’heure (8h54 en temps fixe) et le jour (maevredi). Le temps en revanche sera au beau fixe toute la matinée dans la région de Vestiaire, mais des perturbations chronotéiques en provenance de l’archipel Poséen risquent de mettre fin à cette joyeuse tranquillité. La température pourra ainsi diminuer jusqu’à trois anté-minutes par seconde, tandis que des chutes de boucle sont à prévoir sur tout le littoral Chivien. Les chronologues ont par ailleurs grand espoir que le paradoxe diurne qui coupe actuellement Vestiaire en deux se résolve tout seul dans les prochains jours.

Matioé mordit dans sa carotte au jambon puis s’en servi pour touiller son jus de cerise confite, qu’il gouta ensuite du bout des lèvres. C’était proprement infect. Comme d’habitude. Mais il n’y fit pas attention. Il n’avait jamais compris pourquoi ses papilles gustatives étaient aussi déréglées, incapables d’appréhender la bonne nourriture. A dire vrai, il ne connaissait personne qui ait jamais gouté quelque chose de bon. L’inventeur d’un repas plus agréable à manger qu’à regarder ferait sans aucun doute fortune, si une telle entreprise était du domaine du possible. Il y réfléchit sérieusement, tandis que la présentatrice continuait de bavasser.

__ …rappelons qu’une tempête ravage actuellement le Rosheim, faisant aux dernières estimations plus de trois cents victimes, soit par cessation temporelle d’existence, soit suite à l’irruption spontanée d’un objet à l’emplacement précédemment occupé par un être humain. Concernant les conséquences heureuses de la tempête, on dénombrerait près de quarante naissances précoces, une vingtaine d’apparitions, et douze cas de chrono-clones.

Matioé hésita à se montrer davantage attentif à ces nouvelles. Le Rosheim se trouvait après tout sur le même continent que sa petite-amie, qui habitait quelque part en Nouvelle-Onirique, sans qu’il puisse dire si elle se trouvait ou non loin du phénomène, ses notions de géographie étant des plus vagues et imprécises. Il se résolu de lui demander si tout allait bien lors de leur prochaine conversation, mais la blouse violette de la présentatrice affichait 9h02 et sa douce amante n’était sans doute pas encore levée. Pour peu que sa région connaisse actuellement des perturbations temporelles, il n’était même pas sûr de l’heure, voir même du jour (ou que diable, de l’année) à laquelle elle se trouvait. Il avait déjà connu l’infortune de lui parler alors qu’un paradoxe enfantin isolait le quartier où elle habitait, la condamnant durant quelques heures à vivre six ans en arrière, soit à une époque où ils ne se connaissaient pas.

Pour se protéger du mauvais sort, il prit garde à s’emparer d’une brassée d’attrape-temps gisants sur la table de son salon, passa son pantalon de gen et un chandail blanc, puis sorti de chez lui. Il se sentait presque coupable, avec ces petites statuettes en bois dans ses poches. Il n’était pas particulièrement religieux, ni superstitieux. Mais quelques semaines plus tôt, une épicerie du coin avait fait des promotions sur les attrapes-temps, à trois pour le prix d’un, une économie tellement renversante qu’il n’avait eu d’autre choix que de tous les acheter. Et maintenant qu’il en avait assez pour garnir toutes les pièces de son appartement, il fallait bien qu’ils servent à quelque chose. Censés protéger du mauvais temps, ils n’avaient semble t-il pas porté bonheur à l’épicier qui les avait bradé, mais ça, Matioé n’y avait songé qu’ensuite.

Il comptait aller se renseigner auprès d’un agence de voyage sur les prix d’un transport aérien jusqu’en Euleuthéria, afin d’y rejoindre enfin sa petite-amie, Chizine. C’était un drôle de prénom, comme seuls les Euleuthériens pouvaient en porter, Matioé était bien forcé de l’admettre. Il l’avait rencontré six mois auparavant sur le Réseau Labyrinthique, appelé couramment par son acronyme Érel, et avait trouvé en elle une fille formidable, attentive, drôle, intelligente et passionnée, qui avait rapidement fait chavirer son cœur.

Cela faisait deux ans qu’il cherchait à oublier sa précédente copine, dont le souvenir le hantait toujours, autant que le harcelaient les aéroparleurs qu’elle continuait de lui envoyer de temps en temps par pure cruauté. Les petites machines aux ailes vrombissantes servaient à délivrer des messages, tels rendez-vous, publicités, dernières nouvelles et pour les plus romantiques, de langoureux poèmes. Son ex elle, comme de nombreuses mégères à vrai dire, préférait les utiliser à quelque activité démoniaque consistant à reprocher à leur époux/amant/ex-copain tout ce qui allait mal dans leur vie, dans un babillage de haine et de colère perpétuel, vite usant. Malgré cette attitude pour le moins inconvenante de sa part, Matioé n’était pas parvenu à cesser de l’aimer, au fond de lui. Il avait le sentiment depuis longtemps de devoir passer à autre chose, mais aucune fille ne l’avait jamais remplacée dans son cœur. Jusqu’à Chizine.

Chizine qui n’avait que dix-huit ans, qui habitait un autre continent par delà l’Océan Pecomode, et qu’il n’avait en réalité jamais vue. Mais il l’aimait, il en était persuadé, alors qu’importe !

Le tapage ambiant attira son attention. Beaucoup de gens s’arrêtaient dans leur marche flegmatique afin de regarder l’un des nombreux théâtres de rue qui se jouaient dès qu’il y avait suffisamment de place pour les monter. Une estrade avait été montée entre deux platanes. Deux hommes y gesticulaient, l’un devant avoir passé les trente ans et présentant le caractère typique d’un vestiaire : l’air à la fois joyeux et fatigué, vaguement curieux et avide de vivre plus ou moins pleinement, les cheveux noirs courts, la peau sombre comme si elle avait été brûlée face à l’éclat d’une lampe mal réglée. L’autre était plus jeune, mais lui ressemblait en tout point, mis à part ses cheveux d’une espèce de mauve criard qui retenait assurément l’attention. Son comparse s’étonnait d’ailleurs à ce sujet.

__ Mais comment fais-tu pour avoir des cheveux aussi fins, aussi soyeux, aussi agréables à la vue et au toucher ?

Matioé doutait qu’ils soient si agréables que cela à regarder, mais ne pouvait au demeurant se prononcer sur le reste. Tous les gens autour de lui fixaient le jeune homme avec attention, attendant sa réponse avec une sorte de patience et de fascination presque ridicule. Alors que la vérité sur ce désastre capillaire allait être prononcée, des aéroparleurs peu discrets bourdonnèrent à côté de lui. Des lucioles clignotantes, multicolores, visiblement névrosées, s’agitaient à son attention, voulant à tout prix le diriger vers le salon de coiffure de Maitre Sorcerie. Ils lui murmuraient des mots doux d’allégresse et de contentement, le persuadant que s’il les suivait il n’en serait que plus heureux.

D’autres aéroparleurs arrivèrent en trompetant, clamant avec ardeur que Maitre Nigromance, coiffeur diplômé d’Etat, pouvait vous rendre plus attirant et résoudre tous vos problèmes esthétiques. Enfin, des bourdons scintillants firent leur apparition. A leur vue, les aéroparleurs s’égaillèrent, se mirent à voler de façon désordonnée, puis disparurent à mesure de les aéroéboueurs les pulvérisaient avec indifférence.

Le théâtre publicitaire était terminé, Matioé ne saurait jamais comment avoir les cheveux mauves, ni quel prix cela coutait. A moins de suivre les lucioles et… Il secoua la tête. Il ne voulait pas se laisser manipuler par la publicité. Il s’éloigna en marchant d’un pas plus rapide, regardant avec méfiance les hommes-pancartes qui passaient devant lui, indiquant à qui le voulait bien savoir le magasin de poterie le plus proche, la direction pour différents établissements de tailleurs ainsi que les tarifs et horaires d’ouverture des maisons closes. Il tenta de ne pas lire avec trop d’intérêt cette dernière pancarte. Il avait après tout une petite-amie maintenant, même s’il ne l’avait jamais touchée.

Il leva la tête pour regarder autre chose que ses pieds, jeta un coup d’œil en l’air.

Plus loin devant lui s’étendait le paradoxe enfantin diurne qui coupait Vestiaire en deux depuis quelque temps. Le ciel d’une espèce de gris-bleu nauséeux laissait soudain la place à un noir-bleu foncé astral, le jour flegmatique se retrouvant séparé d’une nuit profonde par une simple déchirure temporelle. En clair, pour tous ces quartiers de la ville, il faisait nuit quand il faisait jour dans le reste du monde fixe, et inversement. Le paradoxe diurne n’était « qu’enfantin » parce qu’il ne couvrait qu’une petite zone géographique. D’autres paradoxes bien plus terribles avaient réduit des civilisations à néant.

Matioé ne comptait pas s’en approcher de trop près. Les paradoxes accentuaient souvent les probabilités de distorsions temporelles à proximité. Il voyait bien que le vent qui balayait une rue plus loin provoquait un décalage. Pour les gens qui se trouvaient pris dans son souffle, le temps n’était pas fixe, il se trouvait accéléré. Une bonne chose pour tous les individus pressés. Matioé l’était mais il n’avait pas d’intérêt à faire un détour dans cette direction.

__ Soyez vous-même ! s’exclama un aéroparleur en bourdonnant devant son nez, poursuivit par un automate de nettoyage urbain.

Pour lutter contre les effets néfastes des difractions temporelles, Matioé avait des attrapes-temps – si tant est qu’ils fonctionnent. Mais à ce moment précis, il regrettait de ne rien avoir contre les publicités volantes. Comme s’il lisait son exaspération sur son visage, un aéroparleur vint lui proposer pareil miracle.

__ Vous en avez assez des harangues publiques ? Je vous bourdonne, bzz, bzz, breeuh, breeuh, je vous agace, pss, pss, pfeuh, pfeuh, n’attendez plus pour vous débarrasser des publicités envahissantes, achetez les répulsifs de Maitre Tisonier ! Divers modèles vous permettrons de lutter contre les automates harceleurs et les aéroparleurs tourmenteurs. Faites toutefois attention ! Ils ne seront valables qu’une semaine. Venez régulièrement acheter de nouveaux répulsifs pour continuer à arpenter en toute sérénité les rues de notre belle ville. Les meilleurs modèles vous permettent une protection d’un mois ! Contre les publicités agaçantes, irritantes, horripilantes, une seule solution : les répulsifs de Maitre Tisonnier !

Une dizaine d’aérobots peu amicaux déboulèrent du coin de la rue et se jetèrent sur lui. Ce n’étaient manifestement pas des automates volants de nettoyage public. Des confrères publicitaires n’appréciant visiblement pas que l’on pirate leur commerce contrattaquaient violemment. L’aéroparleur de Maitre Tisonier pépia de surprise, vibra, puis lâcha quelques salves d’énergie sur ses adversaires avant de s’envoler vers les aérostats ancrés sur les toits.

Un gong puissant et grave résonna dans la ville.

__ Bonjour citoyens, il est 9h30 fixe, déclara la voix asexuée dans un des nombreux haut-parleurs municipaux. Bulletin d’information spécial, merci de votre attention. Une violente tempête ravage actuellement la plus grande partie de l’Euleuthéria et certains de ses bras se dirigent vers l’Alkatesh. Nous en ressentons dors et déjà les perturbations. Merci de rester vigilants face à toute déformation temporelle locale. Les horloges municipales sont là pour votre bien-être, n’hésitez pas à les consulter. Veuillez passer une agréable et fixe journée.

Matioé regarda une à une les quelques trente horloges qui parsemaient l’unique rue où il se trouvait. Toutes affichaient 9h30 en violet, signe qu’il se trouvait dans une zone temporelle fixe, et donc sûre. Il allait continuer tranquillement son chemin quand un détail attira son attention. A l’autre extrémité de la rue derrière lui, une des horloges comprenait une indication dorée, et non violette. Il plissa les yeux pour mieux la discerner, espérant se tromper tout en sachant que les couleurs étaient conçues pour être visibles de très loin sans que l’on puisse commettre d’erreur en les regardant. Elle indiquait bien 9h30. Mais au choix, soit avançait de 3 jours, soit reculait de deux.

Il entendit un petit carillon, ce cling aigu caractéristique que faisaient les horloges quand elles changeaient de jour. Sauf qu’il retentit huit fois d’un coup. Comme si l’horloge avait vécu huit jours en une seconde. Matioé recula d’un pas, de la sueur lui perlant sur la nuque et le front, l’angoisse naissante faisant battre son cœur plus rapidement que jamais. Il contemplait avec une appréhension terrible les deux horloges à l’autre bout de la rue qui s’ornaient désormais d’un signe doré.

Cling cling cling cling cling cling cling cling

Une troisième horloge venait de passer à la semaine suivante. Et soudain, en l’espace de quelques secondes, toutes les horloges se mirent à claironner tandis que des choses qui n’étaient pas là auparavant apparaissaient soudain, et que d’autres qui étaient là disparaissaient à jamais, pendant que la déformation temporelle locale progressait en remontant la rue et envoyait tout ce qu’elle dévorait huit jour dans le futur, alors qu’elle se rapprochait de plus en plus vite de Matioé qui s’était mis à courir dans l’autre sens dans une tentative désespérée pour lui échapper, et qu’il savait vaine.

Il espéra, jusqu’au dernier moment, que ses nombreux attrapes-temps le protègent et que le brouillard temporel passe sans rien lui faire.

__ Avez-vous déjà goûté à nos promotions sur les salades de piment rose ? grinça un aéroparleur en lui rentrant douloureusement dans une narine.

Cling cling cling cling cling cling cling cling

Matioé disparu du temps fixe actuel.
 

DeletedUser331

Guest
Ah non je ne lis pas moi ! J'attends d'avoir fini Les Seigneurs des Labyrinthes ! :)
 

DeletedUser

Guest
Je renonce à faire le détail des fautes d'inattention, présentes mais à mon sens aucunement gênantes, car j'ai dû prendre l'habitude en te lisant d'en faire fi (d'ailleurs, je pense devenir de moins en moins intransigeant sur ce genre de choses : paresse ou véritable changement d'attitude ?).

Cette chose-là m'interroge pourtant : " ou du moins c’est ce qu’il cru voir dans les deux billes noirs qui lui servaient d’yeux. " Ton personnage arrive à voir ses propres yeux alors même qu'il regarde un lapin ? Si encore il y avait présence d'un miroir, je comprendrais, et même, il faudrait écarteler son regard entre le miroir et le lapin en peluche. Quelle gymnastique !

Donc, j'aime beaucoup l'idée. La fin est très prenante. On s'imagine mal vivre dans une système à ce point victime des dérèglements temporels. L'individu ne doit plus avoir aucune valeur, et la société moins encore, si tout cela peut disparaître si vite. J'imagine bien que le capitalisme doit y prospérer, comme le montre l'insistance du texte sur les publicités (très drôles, d'ailleurs) avec la fameuse philosophie qui fait de l'argent la seule valeur sûre. J'ai hâte de voir ce que tu vas faire de ce début prometteur, car très riche : j'aime beaucoup les deux revers de ta plume. D'une part, elle reste simple et fluide, d'autre part, elle relève d'un grand soin porté à la crédibilité de ton histoire : les détails, les anecdotes, dans les publicités, la chronotéo, etc.

J'accroche vraiment ! A quand la suite ?
 

DeletedUser

Guest
Salut,

"Ton personnage arrive à voir ses propres yeux alors même qu'il regarde un lapin ?"
Ce sont les yeux du lapin. Il lance le lapin dans le couloir, dont les yeux du lapin lui font face et donc il les regarde. Bien sûr c'est une peluche donc le personnage s'imagine le regard de reproche, le lapin n'est pas vivant.

Merci de ton com' je vais tenir compte de tes remarques.
 

DeletedUser

Guest
Tiens ! Famine ! Comment vas-tu ? :)

J'aime beaucoup ce début, j'ai hâte de voir la suite !!!! Ce chapitre est très prenant ! :D Bravo !! :)
 
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