De la désillusion du fou du Roi

  • Auteur de la discussion Anseilm
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Le (très) fou du Roi

I.

C'est un artiste. Il manie son art. A ses risques et périls, certes. La lame de la guillotine tue le comique de répétition au berceau. Pour passer de vie à trépas, il suffira aux jongleurs de s'emmêler les quilles, au crieur de perdre sa voix et à la maladie d'emporter le paysan. Mais le fou du Roi ? Est-ce un drôle de métier ? Assurément non.

Il était une fois, un royaume où le grand humour du Roi n'était plus une rumeur, mais une réputation parvenue jusqu'aux contrées anglaises. Un royaume du nom de Belle-figure, où les éclats de rire étaient légions, comme les démons en enfer. A la tête de ce trône fantaisiste, le Roi Momos, surnommé Mégalo par sa Cour en secret. Il avait fait écrire le résumé de sa vie à un biographe errant, qui s'était présenté aux portes du domaine sous le nom d'Affrion. Le vagabond racontait de sa voix de ténor à qui voulait l'entendre et même à ceux qui se bouchaient les oreilles sur son passage qu'il était un mage dont chaque phrase écrite devenait réalité. Dans sa biographie, le Roi Momos le fit écrire que dans une de ses vies antérieures, il avait été le bouffon attitré des Dieux de l'Olympe. Absurde ! Mais cela, n'est pas notre affaire.

Le héros de l'histoire était à chercher dans l'ombre du Roi. Cette obscurité où la folie et la conscience jouait à cache-cache. Dans cette ombre, se tapissait l'être le plus drôle du royaume : le fou du Roi. Pour trouver notre bouffon – ne vous méprenez pas ! Du bouffon, il n'avait que le métier – il fallait s'engouffrer dans le dédale de couloir du château, grimper la tour Royale pour rejoindre le petit donjon construit en son sommet. Pas la peine de toquer, à la porte point de verroux, qui voudraient s'en prendre à un fou ? Sur la poignée en bois grossier, son prénom était gravé. Il suffisait d'y poser la main pour sentir au creux de sa paume la courbe des lettres de son nom. Jusqu'auprès des Rois voisins, le talent d'Angély était reconnu, c'est pourquoi le Roi Momos le gardait précieusement sous sa coupe. Sous ses boucles blondes, les yeux bleus du bouffon pétillaient d'une espièglerie naïve. Il avait fait de l'innocence feinte sa ligne de vie et le peuple de Belle-figure ne masquait plus son adoration pour ce farceur candide.

Depuis qu'Angély vivait au château, le Roi Momos le gâtait, il se trouvait ainsi pâré des plus beaux tissus colorés. Dans les reflets de son accoutrement brillait toute la candeur du fou. Angély était rarement dans son minuscule donjon, le Roi Momos quémandait sans cesse sa présence, ne laissant au bouffon que de rares moments de répit. Une vie d'amusement, où le clown était Roi, où le Roi était spectateur. Une vie de faux-semblants, où le burlesque devint grotesque.

A suivre.​
 
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sympa; mais essaye d'en donner plus à la fois ! là ca me laisse sur ma faim ^^
 

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Guest
Je prends note, la prochaine fois, j'en donnerai plus ; là c'était surtout histoire de pas trop m'avancer, si ça n'avait plu à personne
 

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Le nom Momos a une signification, le nom n'est pas un hasard. Dans la mythologie grecque, Momos était considéré comme le "bouffon" des divinités olympiennes. :) Alors, ça fait kéké, ça fait bouffon, c'est fait exprès !
 
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