DeletedUser20600
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Texte 1
Restrictions: Respectées
Texte 2
Restrictions: 19 000 caractères
Texte 3
Restrictions : Respectées
Codes pour voter
Comme vous avez pu le constater, je n'ai reçu que 3 textes, Donc j'invite tous les membres de la communauté à venir voter pour ces textes. Les participants n'ont pas de droit de voter, car les pseudos ne seront dévoilés qu'à la fin de cette battle
Comme il y a eu des contres-temps, vous avez jusqu'au 20 juillet 23:59 pour voter et ensuite je dévoilerai le pseudo de l'heureux gagnant.
Texte 1
Restrictions: Respectées
Libre.
C’était vraiment le mot parfait, pour décrire ce que j’avais ressenti à l’approche de mon dernier souffle. Aucune douleur ne me tiraillait, et pourtant, un cancer m’assaillait depuis plusieurs années. Cette même douleur, qui vous déchire les entrailles avait disparu. J’eu l’impression d’être dénudé, j’étais nu. Pourquoi étais-je nu ?
J’ouvrais les yeux, et me relevais pour observer mon environnement. Mon impression n’en était manifestement pas une. C’est aussi vêtu qu’Adam, que je marchais tranquillement vers ce qu’il semblait être… Rien ? Tout était blanc autour de moi. D’un blanc immaculé, pur et franc. Un blanc qui en temps normal, fait travailler votre sphincter, en contractant votre pupille. J’étais seul, dans cet univers étrange, et je sentais que cette impression, tout comme celle concernant ma nudité, était juste. Cependant, l’envie de ressentir le contact rassurant de mes vêtements se fît ressentir. C’est après un clignement éclair de mes yeux bleus, que je me rendis compte que j’étais vêtu comme à l’accoutumée : Une chemise simple, et un jean.
Je travaillais, avant ce qui semblait être ma mort, comme actuaire pour une assurance réputée. J’avais pour habitude de défier les codes qui nous obligeaient tous à nous vêtir comme des ministres, ce qui m’avait valu maintes remontrances par mes supérieurs. A vrai dire, je m’en fichais un peu, je vivais paisiblement, accompagné de ma magnifique copine Laura, qui m’aimait tout autant qu’elle aimait mon argent, et de mon chien Sultan, qui lui, était un fidèle compagnon, -trop- obéissant,. Ma monotonie du quotidien fût rompue, le 27 Février 2012, lorsqu’on m’apprit, dans un dialecte inaudible, que j’étais atteint d’un cancer à priori irrémédiable.
Moi, athlète de 28ans, « beau comme un Dieu » comme Laura se plaisait à le dire, je me retrouvais K.O. par une prolifération de cellules à l’intérieur de mon propre corps. La nouvelle m’avait mit dans une rage incommensurable, si bien que mes proches s’étaient éloignés de moi, plutôt que de m’aider à surmonter l’épreuve. Et moi, maudit moi, je ne leur en voulais pas. Ces gens qui m’avait abandonné dans la maladie, ces bougres qui n’attendaient que de recevoir mon héritage jeune mais fructueux, ces traîtres, que j’avais appelé famille pendant une vingtaine d’année lâchait la main qu’ils m’avaient toujours tendue, et se repliait sur eux-mêmes, n’attendant que le bon moment, pour sortir de leur abominable torpeur…
Un doux air de piano retentit à mes oreilles pourtant accommodées à un silence si parfait qu’il en était devenu anormal. Je reconnu, expert, l’air frissonnant de Fly, la musique désormais célèbre de Ludovico Einaudi. L’air, si doux et grave, me prit aux tripes, et chassa toutes mes mauvaises pensées, pour me laisser paisible. Tout simplement. Je me retournais pour voir qui jouait. Une jeune femme aux longs cheveux blonds presque blancs laissait ses doigts voler littéralement sur les touches du piano qui pour sa part, était magnifique. Des lettres d’or étaient inscrites sur son clapet. Je ne pu les lire.
La belle femme, qui dodelinait doucement, tendrement de la tête au rythme de l’air, souriait d’un air entendu. Ce sourire me frappa tout autant qu’un souvenir qui caressa mes pensées. C’était le sourire de ma mère, quand j’étais bébé. J’en étais persuadé, et j’en aurais mit ma main à coupé, quitte à souiller ce sol d’une blancheur imperfectible. Cependant, ce n’étais pas ma mère, que ça soit au moment ou je l’avais quittée, ou durant ses jeunes années. Ce visage était différent. Rieur, presque squelettique, Charmeur, presque exotique, ses yeux transperçaient l’âme, et vous transportait vers un monde aussi pur que du diamant.
Envoûté, je m’assois pour pouvoir l’observer en toute impunité. Son sourire enfantin s’élargit quand elle me vit du coin de l’œil, m’assoir en pliant les jambes, comme j’avais toujours eu l’habitude de le faire. Ses hautes pommettes, lui conférait une sagesse d’un autre âge, en contraste total avec ses yeux pétillants et son sourire qui eux, lui octroyaient une jeunesse véritable. En fait, émanait autour d’elle une singularité frappante. Vous savez, ces personnes que l’on a l’impression de voir pour la première fois, mais d’avoir déjà vu.
Timidement, je m’approche. Les yeux fermés, elle savoure totalement la musique vibrante que ses doigts de virtuose ont le pouvoir d’émettre au simple contact des délicates touches du piano. J’ai la certitude que c’est à moi de m’adresser à elle en premier, alors, un peu très rauquement, j’avance : « Qui êtes-vous ? »
Son regard croise le mien alors qu’elle pianote encore la merveilleuse mélodie italienne. Après une esquisse de sourire, elle me répond calmement : « Qui voulez-vous que je sois ? » Perturbé, je ne réponds guère. D’un coup d’un seul, les neurones de mon cerveau s’unissent pour trouver une réponse logique à la question qui m’a été posée. Ma logique implacable de mathématicien ne trouve qu’une seule explication logique à toute cette mascarade. Méfiant, je rétorque : « Êtes-vous une sorte de rêve ? »
Plissant les sourcils, telle une enfant que l’on gronde, elle me répond d’un ton mesuré à la perfection : « Si je ne suis pas réel, cela veut-il dire que je suis nécessairement un rêve ? ». Frustré, voir agacé par le manque apparent de clarté dans ses réponses, j’entrevois une ouverture, large, la voyez-vous, vous aussi ? Mais oui, bien sur, pourquoi ne lui ai-je pas demandé plus tôt… D’une voix frêle, la question écorche mes lèvres et sort de ma bouche avant que la prudence ne mesure mes propos : « Qu’y a-t-il donc après la mort ? »
Cette fois-ci, c’est un large sourire qui traverse son visage. Le pâle décor se reflète dans la pureté resplendissante et parfaite de sa dentition. Son index glisse sur le bord du piano, avant d’exécuter enfin l’ultime note de la musique. Le son pur me traverse de la tête aux pieds, et me fait revivre. Comme dessaoulé, j’attends la réponse de la demoiselle. Celle-ci ne se fait guère prier : « Tu sais, Thomas, je crois qu’après la fin de vie horrible que tu viens de vivre, les épreuves liées au cancer qui t’ont gravement marqué, et le délaissement de tes proches, je pense, tout comme toi, que tu mérites un peu de repos, un repos unique et éternel, n’est-ce pas ? »
Eberlué, je me demande si l’existence d’un paradis est réellement fondée, mais je n’ose questionner la femme. Puis, il me semble que j’entrevois la subtilité des propos qui m’ont été rapportés. C’est le plus innocemment du monde que je réponds : « Je ne saisis pas parfaitement la teneur de vos propos, êtes-vous en train de me dire que la mort de chaque individu est différente, en fonction des vertus dont il ou elle a fait foi durant sa vie sur terre ? »
Elle me regarde franchement dans les yeux. : « Thomas, tu es très intelligent, et tu as bien vite assimilé le fait que l’esprit humain n’a pas de limite. Le corps comme tu le sais pertinemment est à la merci de beaucoup de désagrément, mais, Thomas, l’esprit, qu’il soit humain ou d’une quelconque espèce animale, est la chose la plus merveilleuse qui existe et n’est pas soumis à tant de restrictions. Penses-tu que le paradis puisse être universel Thomas ? En chacun de nous, sommeil un paradis artificiel que nous entretenons, et c’est cela, je crois, que tu as très bien compris »
Ces paroles ne me rassurèrent guère. Et c’est alors que je compris la portée symbolique de ses propos. Mon esprit si puissamment attaché aux personnes que j’aimais ne se fit pas attendre. Lorsque je rouvris les yeux, j’étais entouré de ma famille, de ma femme, et mon toutou. La jeune femme avait disparu, seul restait le piano, et les lettres d’or scintillantes, que je pu enfin voir : Libre
.C’était vraiment le mot parfait, pour décrire ce que j’avais ressenti à l’approche de mon dernier souffle. Aucune douleur ne me tiraillait, et pourtant, un cancer m’assaillait depuis plusieurs années. Cette même douleur, qui vous déchire les entrailles avait disparu. J’eu l’impression d’être dénudé, j’étais nu. Pourquoi étais-je nu ?
J’ouvrais les yeux, et me relevais pour observer mon environnement. Mon impression n’en était manifestement pas une. C’est aussi vêtu qu’Adam, que je marchais tranquillement vers ce qu’il semblait être… Rien ? Tout était blanc autour de moi. D’un blanc immaculé, pur et franc. Un blanc qui en temps normal, fait travailler votre sphincter, en contractant votre pupille. J’étais seul, dans cet univers étrange, et je sentais que cette impression, tout comme celle concernant ma nudité, était juste. Cependant, l’envie de ressentir le contact rassurant de mes vêtements se fît ressentir. C’est après un clignement éclair de mes yeux bleus, que je me rendis compte que j’étais vêtu comme à l’accoutumée : Une chemise simple, et un jean.
Je travaillais, avant ce qui semblait être ma mort, comme actuaire pour une assurance réputée. J’avais pour habitude de défier les codes qui nous obligeaient tous à nous vêtir comme des ministres, ce qui m’avait valu maintes remontrances par mes supérieurs. A vrai dire, je m’en fichais un peu, je vivais paisiblement, accompagné de ma magnifique copine Laura, qui m’aimait tout autant qu’elle aimait mon argent, et de mon chien Sultan, qui lui, était un fidèle compagnon, -trop- obéissant,. Ma monotonie du quotidien fût rompue, le 27 Février 2012, lorsqu’on m’apprit, dans un dialecte inaudible, que j’étais atteint d’un cancer à priori irrémédiable.
Moi, athlète de 28ans, « beau comme un Dieu » comme Laura se plaisait à le dire, je me retrouvais K.O. par une prolifération de cellules à l’intérieur de mon propre corps. La nouvelle m’avait mit dans une rage incommensurable, si bien que mes proches s’étaient éloignés de moi, plutôt que de m’aider à surmonter l’épreuve. Et moi, maudit moi, je ne leur en voulais pas. Ces gens qui m’avait abandonné dans la maladie, ces bougres qui n’attendaient que de recevoir mon héritage jeune mais fructueux, ces traîtres, que j’avais appelé famille pendant une vingtaine d’année lâchait la main qu’ils m’avaient toujours tendue, et se repliait sur eux-mêmes, n’attendant que le bon moment, pour sortir de leur abominable torpeur…
Un doux air de piano retentit à mes oreilles pourtant accommodées à un silence si parfait qu’il en était devenu anormal. Je reconnu, expert, l’air frissonnant de Fly, la musique désormais célèbre de Ludovico Einaudi. L’air, si doux et grave, me prit aux tripes, et chassa toutes mes mauvaises pensées, pour me laisser paisible. Tout simplement. Je me retournais pour voir qui jouait. Une jeune femme aux longs cheveux blonds presque blancs laissait ses doigts voler littéralement sur les touches du piano qui pour sa part, était magnifique. Des lettres d’or étaient inscrites sur son clapet. Je ne pu les lire.
La belle femme, qui dodelinait doucement, tendrement de la tête au rythme de l’air, souriait d’un air entendu. Ce sourire me frappa tout autant qu’un souvenir qui caressa mes pensées. C’était le sourire de ma mère, quand j’étais bébé. J’en étais persuadé, et j’en aurais mit ma main à coupé, quitte à souiller ce sol d’une blancheur imperfectible. Cependant, ce n’étais pas ma mère, que ça soit au moment ou je l’avais quittée, ou durant ses jeunes années. Ce visage était différent. Rieur, presque squelettique, Charmeur, presque exotique, ses yeux transperçaient l’âme, et vous transportait vers un monde aussi pur que du diamant.
Envoûté, je m’assois pour pouvoir l’observer en toute impunité. Son sourire enfantin s’élargit quand elle me vit du coin de l’œil, m’assoir en pliant les jambes, comme j’avais toujours eu l’habitude de le faire. Ses hautes pommettes, lui conférait une sagesse d’un autre âge, en contraste total avec ses yeux pétillants et son sourire qui eux, lui octroyaient une jeunesse véritable. En fait, émanait autour d’elle une singularité frappante. Vous savez, ces personnes que l’on a l’impression de voir pour la première fois, mais d’avoir déjà vu.
Timidement, je m’approche. Les yeux fermés, elle savoure totalement la musique vibrante que ses doigts de virtuose ont le pouvoir d’émettre au simple contact des délicates touches du piano. J’ai la certitude que c’est à moi de m’adresser à elle en premier, alors, un peu très rauquement, j’avance : « Qui êtes-vous ? »
Son regard croise le mien alors qu’elle pianote encore la merveilleuse mélodie italienne. Après une esquisse de sourire, elle me répond calmement : « Qui voulez-vous que je sois ? » Perturbé, je ne réponds guère. D’un coup d’un seul, les neurones de mon cerveau s’unissent pour trouver une réponse logique à la question qui m’a été posée. Ma logique implacable de mathématicien ne trouve qu’une seule explication logique à toute cette mascarade. Méfiant, je rétorque : « Êtes-vous une sorte de rêve ? »
Plissant les sourcils, telle une enfant que l’on gronde, elle me répond d’un ton mesuré à la perfection : « Si je ne suis pas réel, cela veut-il dire que je suis nécessairement un rêve ? ». Frustré, voir agacé par le manque apparent de clarté dans ses réponses, j’entrevois une ouverture, large, la voyez-vous, vous aussi ? Mais oui, bien sur, pourquoi ne lui ai-je pas demandé plus tôt… D’une voix frêle, la question écorche mes lèvres et sort de ma bouche avant que la prudence ne mesure mes propos : « Qu’y a-t-il donc après la mort ? »
Cette fois-ci, c’est un large sourire qui traverse son visage. Le pâle décor se reflète dans la pureté resplendissante et parfaite de sa dentition. Son index glisse sur le bord du piano, avant d’exécuter enfin l’ultime note de la musique. Le son pur me traverse de la tête aux pieds, et me fait revivre. Comme dessaoulé, j’attends la réponse de la demoiselle. Celle-ci ne se fait guère prier : « Tu sais, Thomas, je crois qu’après la fin de vie horrible que tu viens de vivre, les épreuves liées au cancer qui t’ont gravement marqué, et le délaissement de tes proches, je pense, tout comme toi, que tu mérites un peu de repos, un repos unique et éternel, n’est-ce pas ? »
Eberlué, je me demande si l’existence d’un paradis est réellement fondée, mais je n’ose questionner la femme. Puis, il me semble que j’entrevois la subtilité des propos qui m’ont été rapportés. C’est le plus innocemment du monde que je réponds : « Je ne saisis pas parfaitement la teneur de vos propos, êtes-vous en train de me dire que la mort de chaque individu est différente, en fonction des vertus dont il ou elle a fait foi durant sa vie sur terre ? »
Elle me regarde franchement dans les yeux. : « Thomas, tu es très intelligent, et tu as bien vite assimilé le fait que l’esprit humain n’a pas de limite. Le corps comme tu le sais pertinemment est à la merci de beaucoup de désagrément, mais, Thomas, l’esprit, qu’il soit humain ou d’une quelconque espèce animale, est la chose la plus merveilleuse qui existe et n’est pas soumis à tant de restrictions. Penses-tu que le paradis puisse être universel Thomas ? En chacun de nous, sommeil un paradis artificiel que nous entretenons, et c’est cela, je crois, que tu as très bien compris »
Ces paroles ne me rassurèrent guère. Et c’est alors que je compris la portée symbolique de ses propos. Mon esprit si puissamment attaché aux personnes que j’aimais ne se fit pas attendre. Lorsque je rouvris les yeux, j’étais entouré de ma famille, de ma femme, et mon toutou. La jeune femme avait disparu, seul restait le piano, et les lettres d’or scintillantes, que je pu enfin voir : Libre
Texte 2
Restrictions: 19 000 caractères
L'envol
« Si vous parcourez ces quelques lignes, c'est que j'ai sans doute pris mon envol.
Je n'arrive plus à faire bonne figure et à cacher ces sentiments enfouis en moi.
J'ai lu que le suicide vient à l'esprit non pas car on souhaite mourir, mais parce qu'on souffre et qu'on veut arrêter de souffrir.
Il faut être vivant pour éprouver un sentiment et la mort ne peut donc en aucun cas panser cette souffrance.
Peut-être que vous penserez que cette solution extrême est lâche et égoïste, mais c'est avant tout, je pense, un appel à l'aide désespéré, bien que trop tardif…
Je sais que je ferai sans doute de la peine autour de moi en partant, mais dites-vous juste que je suis plus heureux comme ça et que la réalité n'était de toute façon plus à la hauteur de mes espérances.
Mon seul regret sera de ne plus vous avoir à mes côtés.
Simon. »
« Si vous parcourez ces quelques lignes, c'est que j'ai sans doute pris mon envol.
Je n'arrive plus à faire bonne figure et à cacher ces sentiments enfouis en moi.
J'ai lu que le suicide vient à l'esprit non pas car on souhaite mourir, mais parce qu'on souffre et qu'on veut arrêter de souffrir.
Il faut être vivant pour éprouver un sentiment et la mort ne peut donc en aucun cas panser cette souffrance.
Peut-être que vous penserez que cette solution extrême est lâche et égoïste, mais c'est avant tout, je pense, un appel à l'aide désespéré, bien que trop tardif…
Je sais que je ferai sans doute de la peine autour de moi en partant, mais dites-vous juste que je suis plus heureux comme ça et que la réalité n'était de toute façon plus à la hauteur de mes espérances.
Mon seul regret sera de ne plus vous avoir à mes côtés.
Simon. »
Zoé trouva cette lettre, un matin de printemps, soigneusement pliée sur le lit de Simon, alors qu'elle se précipitait dans sa chambre pour lui souhaiter son anniversaire. Il était son ainé de trois ans et allait alors en avoir vingt. La veille au soir, Zoé était allée au cinéma avec Simon et il avait semblé très calme et posé, comme à son habitude. Elle avait même réussi à le trainer ensuite dans un pub du centre ville pour y boire une bière, profitant de la majorité de son frère. Elle adorait l'ambiance du Frelon Vert, véritable lieu de rendez-vous des jeunes du coin, avec sa lumière chaude, son odeur de bière fruitée et sa musique rock enivrante que parvenaient à peine à couvrir les discussions des nombreux habitués. Il avait pris un whisky avec de la glace et elle une bière au caramel. Elle ne comprenait d'ailleurs pas sa manie de toujours commander un whisky, même en pleine journée, alors que l'odeur seule suffisait à lui donner des haut-le-cœur. Il est vrai que, durant la soirée, Simon n'avait pas paru très bavard, mais cela lui arrivait souvent et ne dérangeait en aucun cas Zoé, qui aimait se laisser bercer par le bourdonnement des discussions. Ils étaient restés un bon moment dans ce lieu familier dans lequel ils se sentaient comme chez eux, et avaient fini par rentrer à pieds, en longeant les quelques centaines de mètres de côte qui séparaient le pub de leur maison. Avant de se coucher, Zoé était allée voir Simon dans sa chambre afin de lui souhaiter son anniversaire en avance. Il avait esquissé un sourire et avait laissé échapper un vague merci.
Prise dans ses pensées, elle n'avait pas réalisé qu'elle tenait toujours la lettre entre ses mains tremblantes. Elle était figée et ne parvenait pas à y voir clair, tant elle était traversée par une multitude d'émotions et de sentiments différents. Son cœur tambourinait à tel point qu'elle pensa un moment qu'il allait déchirer sa poitrine et bondir hors de son corps. Sa tête tournait, ses jambes flageolaient… Elle finit par se laisser tomber à genoux sur le tapis de la chambre.
Après quelques minutes d'absence, Zoé secoua sa tête énergiquement, se releva et s'assit sur le bord du lit. Elle ne comprenait pas. Etait-ce une plaisanterie de mauvais goût ? Ce n'était pas dans les habitudes de son frère mais on ne savait jamais. Simon était assez réservé et ne racontait jamais rien sur ses journées, ses nuits d'absences ou ses occupations. Zoé avait bien essayé de le questionner mais il se contentait toujours de lui sourire et de lui dire gentiment de se mêler de ses affaires. Malgré cela, tous deux avaient toujours été très proches. Simon veillait sur elle bien plus que sur sa propre vie et il était toujours là quand elle avait besoin. Il était son grand frère mais aussi son meilleur ami, avec qui elle pouvait tout partager sans crainte.
Elle relut la lettre une deuxième fois, une troisième fois et ainsi de suite jusqu'à la connaître par cœur. Elle avait beau la retourner dans tous les sens, elle ne comprenait pas. Il s'agissait forcément d'une mauvaise blague. Peut-être d'une farce de son frère pour marquer son anniversaire. Peut-être avait-il préparé une surprise et il n'allait pas tarder à la contacter, pensant qu'elle dormait encore. La contacter… Elle se sentit bête de ne pas y avoir penser plus tôt. Elle courut en trombe jusqu'à sa chambre et se saisit de son téléphone. Elle composa le numéro de Simon et attendit. Elle commençait à se calmer et en rigolait presque. Qu'elle avait pu être bête d'avoir de noires pensées comme cela. Elle commençait à peine à se remettre de ses émotions et à se rassurer que tout retomba d'un bloc quand elle tomba directement sur la messagerie. Il gardait tout le temps son téléphone sur lui et décrochait toujours quand elle l'appelait. Elle avait pris l'habitude de le contacter pour le moindre conseil ou le moindre problème et il était toujours là pour elle. On aurait dit qu'il mettait sa propre vie personnelle en second plan dès qu'elle avait besoin de lui.
Elle essayait de se rassurer par tous les moyens, de trouver une raison logique ou une explication rationnelle à tout ça mais ne pouvait s'empêcher d'envisager le pire. Le pire… Elle n'arrivait d'ailleurs pas à l'imaginer. Simon parlait de prendre son envol… Peut-être avait-il eu besoin de changer d'air ou de voir du pays. La lettre paraissait assez claire mais elle n'arrivait pas à admettre l'évidence. Une première larme coula le long de sa joue mais elle l'essuya rapidement d'un revers de manche et alla se rincer le visage à la salle de bain.
Quand elle releva la tête, elle resta un moment face au miroir à se regarder. Zoé était de taille moyenne, plutôt jolie, les cheveux châtains avec de beaux yeux verts, ainsi que des pommettes roses assez marquées et des petites fossettes au coin des lèvres, qui faisaient tout son charme. Elle resta là, plantée face au miroir, de longues minutes durant, ne sachant que penser.
L'eau continuait de couler abondamment dans l'évier lorsque, son prénom, crié depuis le rez-de-chaussée, la tira brusquement de ses pensées. Le déjeuner était prêt, et toujours pas de Simon à l'horizon. Elle n'avait pas eu le temps de penser quoi dire à ses parents. Leur montrer la lettre de Simon ? Mais s'il s'agissait d'une stupide blague ? Elle décida alors de descendre déjeuner sans rien dire et se rendit tout de suite compte qu'elle n'obtiendrait aucune nouvelle de Simon de la part de ses parents dès l'écoute des premières bribes de conversation qu'elle parvint à capter. Elle stoppa alors nette sa course. Il avait sûrement dû ressortir la veille, avec des amis, après être rentré du Frelon Vert et il n'était pas encore rentré. La soirée avait dû être arrosée et il était peut-être resté chez un ami ou une copine. D'ailleurs, Zoé se rendit compte qu'elle ne savait pas si Simon avait une petite amie. Il était souvent absent la journée et parfois la nuit mais n'en parlait jamais. Aussi proche qu'elle était de lui, elle ne savait finalement pas grand chose de ses occupations, elle ne connaissait pas ses amis ni les lieux qu'il fréquentait. Zoé se confiait sans cesse à lui mais lui ne la faisait jamais entrer dans son univers.
Comme un électrochoc, la voix d'Isabelle, sa mère, la ramena à la réalité. Zoé était toujours dans l'escalier, la paume moite de sa main posée sur la rampe, le regard hagard, l'esprit lointain… Elle feignit alors une migraine, s'excusa, fit demi-tour et grimpa les quelques marches qui menaient au premier étage. Elle s'enferma dans sa chambre, essayant de reprendre ses esprits dans le lourd silence de la pièce.
Après être tombée de nombreuses autres fois sur la messagerie de Simon, Zoé s'approcha de la fenêtre de sa chambre, les larmes aux yeux. La maison familiale était faite de pierres grises et surplombait une côte rocheuse sur laquelle venaient se briser des vagues, projetant une écume blanche disparate. Elle la connaissait bien cette vue. Elle avait toujours habité ici et n'avait que peu voyagé. Elle se rappelait tous les après-midi passés sur la plage, été comme hiver, avec Simon, le vent soufflant dans sa chevelure, le son de la guitare de son frère la faisant voyager au fil des accords mélodieux. Les larmes coulaient sur son visage et elle n'arrivait plus à retenir ses sanglots. Pourquoi avait-il dû faire cela ? Elle était là, elle, s'il avait besoin de quelque chose. Qu'avait-il bien pu se passer pour que, du jour au lendemain, il disparaisse. Sa lettre parlait d'envol, de souffrance, d'appel à l'aide désespéré… Mais Simon n'aurait jamais pu partir comme ça, en la laissant derrière, seule. Il devait être quelque part, peut-être même tout près. L'éventualité qu'il soit parti définitivement devint insupportable et Zoé la rejeta fermement. C'était impossible. Il n'aurait jamais pu lui faire cela.
Ravalant ses sanglots et essuyant ses larmes, elle se dirigea rapidement vers la chambre de Simon, à l'autre extrémité du couloir. Le panneau « War sucks ! Let's party ! » sur la porte de la chambre la fit sourire. Simon était un beau jeune homme assez grand aux cheveux bruns bouclés. Il avait de beaux idéaux, parlait de paix mondiale, d'amour, d'égalité et passait son temps à jouer de la guitare dans sa chambre sur des airs des Doors ou de Hendrix. Il avait arrêté ses études assez tôt et trouvait des petits boulots à droite à gauche. Aux dernières nouvelles, il travaillait chez un disquaire dans la petite ville de Brem, à dix kilomètres de là.
C'était Simon, il vivait au jour le jour, comme le montraient les bouteilles vides de bière ainsi que les mégots de joints qui trainaient un peu partout dans sa chambre. Les parents avaient depuis longtemps abandonné l'idée de le faire reprendre ses études et le laissaient libre de faire ce que bon lui semblait, du moment qu'il ne s'attirait pas d'ennuis et travaillait pour gagner sa vie.
Zoé pénétra dans la chambre et nota aussitôt des détails qu'elle n'avait pas remarqués plus tôt, le matin, lorsqu'elle avait trouvé la lettre : la guitare manquante, les tiroirs de la commode entrouverts, son vieux foulard fétiche absent, qu'il aimait tant nouer autour de ses cheveux, lui donnant un air de hippie. Simon n'avait pas dû naître à la bonne époque. Il lui avait maintes fois parlé de la fin des années soixante aux Etats-Unis, de combien il aurait aimé en faire partie et assister à ce mouvement. Il n'y avait pas à dire, Simon était un jeune homme complètement largué, né quarante ans trop tard.
Zoé se réveilla. Elle était étendue sur le parquet de la chambre de Simon. Elle avait passé l'après midi à fouiller sa chambre de fond en comble pour essayer d'y trouver quelque chose, n'importe quoi, un indice, un message… Elle avait dû s'endormir, épuisée, dans la soirée. C'était le fouillis autour d'elle, elle avait ouvert tous les placards, vidé les tiroirs du bureau et avait fini pas s'asseoir par terre, contre le lit, pour lire des chansons que Simon avait consignées dans un carnet. Elle en connaissait certaines mais d'autres lui étaient inconnues. Elle avait également retrouvé de vieilles cartes postales que Simon avait reçues, des dessins qu'il avait fait, et même, une boîte à chaussures contenant des lettres d'amour qu'il avait reçues étant plus jeune. Les souvenirs refaisant surface, un picotement au nez survint et une larme embua son œil, mais elle la chassa rapidement. Plus de pleurs ! Elle s'était promis, la veille au soir, de ne plus se laisser submerger par ses émotions et de faire quelque chose d'utile plutôt que de rester immobile, sans rien faire, à s'apitoyer sur son sort.
Elle se releva et mit quelques instants à reprendre ses esprits. Le réveil de la chambre de Simon indiquait neuf heures et demie, elle avait dormi un long moment. Elle franchit le seuil de la porte et s'approcha du haut de l'escalier. Elle entendait ses parents discuter en bas mais ne parvenait pas à distinguer ce qu'ils se disaient. Elle commença alors, tout doucement, à descendre les premières marches sur la pointe des pieds afin de se rapprocher de la conversation. Ils parlaient de Simon. Ils n'avaient eu aucune nouvelle de sa part et s'énervaient du fait qu'il ne prévienne jamais quand il disparaissait. Zoé sentit son sang affluer de plus en plus vite et fort jusqu'à son coeur, le bruit des battements tambourinant dans sa tempe et ses oreilles, un son sourd se propageant au travers de sa tête… Elle resta là de longues minutes, figée, ne sachant que faire, le regard hagard… Elle finit pas faire demi-tour et remonta lentement jusqu'à sa chambre. Assise sur son lit, elle se rendit compte qu'entendre ses parents en parler donnait à l'évènement une tournure beaucoup plus réaliste, tragique et brutale. Comme si elle avait passé les dernières vingt-quatre heures dans une bulle qui venait d'éclater pour s'ouvrir sur la réalité. Elle ne savait que faire. Elle était la seule au courant de la lettre laissée par Simon. Devait-elle la montrer à ses parents ? Devait-elle la garder secrète ? Si elle leur montrait, ils seraient au courant de la situation mais en seraient d'autant plus inquiets. Si elle ne leur montrait pas, ils penseraient à une fugue, au pire. Etait-ce de l'égoïsme que de ne pas vouloir leur montrer la lettre ? Ou alors faisait-elle ça pour les protéger ? Elle n'en savait rien et hésitait encore. Garder un secret comme ça pour elle toute seule était un poids énorme et elle ne savait pas si elle pourrait le supporter. Le partager avec ses parents permettrait au moins d'en discuter avec quelqu'un, de partager les points de vue… Mais elle ne voulait pas voir ses parents souffrir, surtout inutilement. Elle se rendit compte à ce moment là qu'elle avait définitivement rejeté la possibilité que Simon ne soit plus. Elle était persuadée qu'il était parti pour changer d'air, réfléchir, méditer…
Zoé décida alors de se rendre en ville, afin de passer chez les quelques amis de Simon qu'elle connaissait, pour glaner quelques informations et, peut-être, obtenir un indice sur l'endroit où il pourrait se trouver. Elle prit quelques vêtements dans sa chambre et fila dans la salle de bain afin de se préparer à partir. Vingt minutes plus tard, lavée et habillée, elle descendit l'escalier en trombe, passa par la porte de derrière et sortit en vitesse dans le jardin.
L'air était frais et humide, comme souvent à cette période de l'année. Le ciel était gris et le soleil peinait à percer les masses sombres de nuages. Un rais de soleil apparut pourtant et vint se poser sur la joue de Zoé. Cette douce chaleur la remonta et elle s'engagea d'un pas sûr dans le jardin en direction du portillon. La jardin avait un côté de jungle miniature de par son entretien assez peu fréquent ainsi que ses longues plantes qui grimpaient le long des murs de la maison. Zoé passa le portillon, le claqua derrière elle et commença à marcher rapidement en direction de l'arrêt de bus. La maison se situait légèrement à l'écart du petit village auquel elle était rattachée et il lui fallait donc marcher une dizaine de minutes pour y arriver. La route était peu fréquentée et, le temps n'incitant pas à sortir, elle ne croisa personne jusqu'à l'arrêt de bus, désert également. Elle s'assit sur l'unique banc métallique et attendit. Les horaires de bus avaient dû être affichés un temps dans l'abri mais la pluie, l'usure, ainsi que les divers tags les rendaient complètement illisibles. Tant pis, elle n'allait pas rentrer chez elle de toute façon. Elle sortit son lecteur de musique de son sac, mit son casque sur ses oreilles et se vida l'esprit afin de rêvasser un peu. Elle repensa à l'été précédent, aux vacances qu'elle avait passées avec ses amis à la montagne, aux nombreuses soirées à la lumière d'un feu de camp, aux baignades dans les lacs, aux festivals de musique auxquels elle était allée…
Elle fut tirée de ses pensées par le klaxon du bus. Elle se leva, monta dans celui-ci et s'assit au fond. Il était aux trois quarts vide et sentait le renfermé. Le bus démarra et commença à rouler sur la petite route de campagne qui menait à Brem. Elle commença alors à se demander où elle allait débuter ses recherches, qui elle irait voir en premier… Elle avait la journée devant elle et la tête suffisamment pleine d'émotions et de pensées pour le moment. Elle remit son casque et replongea dans ses souvenirs le temps du trajet. La route zigzaguait, la berçant doucement. Elle regardait le paysage si familier : des pâturages, la côté rocheuse, la mer… Le tête posée contre la vitre, elle profita de ce moment au calme, dans sa bulle, loin de tout.
Un coup de freins brusque envoya la tête de Zoé taper contre l'appui-tête du siège devant elle. Un piéton pressé était passé en courant juste devant le bus alors que celui-ci s'engageait dans la gare routière de Brem. Elle s'étira, mit quelques secondes à reprendre ses esprits, se leva de sa place et descendit du bus. L'horloge de la gare affichait onze heure. La ville de Brem n'avait rien d'une grande ville et il lui serait donc aisé de tout faire à pieds. Tant mieux, elle avait besoin de marcher un peu. Elle quitta la gare et s'engagea dans les ruelles de la ville. Elle n'avait que peu de numéros de téléphone et d'adresses d'amis de Simon mais, tant pis, elle se débrouillerait et elle avait de toute façon un premier arrêt à faire avant.
François Fitro, famille Rateur, Clémence Chinoui, Thomas Vlaskish… Son doigt descendit le long de ces noms et appuya sur l'interphone du dernier. Elle attendit, pas de réponse. Elle réitéra et la porte s'ouvrit. Elle pénétra dans l'entrée de la vieille bâtisse et commença à grimper les étages.
Elle s'arrêta au troisième et pénétra dans l'appartement s'y trouvant.
Il faisait sombre et l'appartement n'avait pas dû être rangé depuis quelques temps. Un jeune homme apparu, s'approcha d'elle, marmonna un vague bonjour et l'embrassa avant de se diriger vers la cuisine. Elle était souvent venue ici, bien que ses parents ne soient pas au courant. Thomas avait deux ans de plus qu'elle et était de nature assez fêtarde. Elle l'avait rencontré lors d'une soirée, il y avait maintenant un peu plus d'un an, et elle s'était très vite attachée à lui. Il sortit de la cuisine, une tasse de café à la main. On voyait qu'il sortait du lit et avait sa tête de lendemain de fête.
Simon disparu, elle avait besoin de lui plus que jamais. Simon… « Plus de pleurs ! » Facile à dire. La simple évocation de son nom suffit à lui remplir les yeux de larmes.
Thomas la regardait d'un air étonné. Normal, comment pouvait-il comprendre. Il posa son café et la prit dans ses bras. Il la serra fort, aussi fort qu'il le pouvait et elle se laissa alors aller, libérant ainsi tout son chagrin réfréné. Ils restèrent plusieurs minutes ainsi, sans qu'une parole ne vienne rompre ce triste silence bercé de sanglots. Il ne lui demanda rien et elle lui en fut reconnaissante. Aucun son ne pourrait de toute façon sortir de sa bouche. Elle se déshabilla et alla s'installer dans le lit de Thomas. Il mit de la musique et vint la rejoindre. La chaleur dégagée par son corps, son doux parfum et son souffle régulier la rassuraient, elle était bien. Horriblement triste mais bien. Ils passèrent tout l'après-midi ainsi, Thomas chantonnant au fil des chansons, lui embrassant le coup ou lui passant la main dans les cheveux. Elle ne voulait surtout pas être seule et cette présence réconfortante lui donnait du baume au cœur. [...]
Prise dans ses pensées, elle n'avait pas réalisé qu'elle tenait toujours la lettre entre ses mains tremblantes. Elle était figée et ne parvenait pas à y voir clair, tant elle était traversée par une multitude d'émotions et de sentiments différents. Son cœur tambourinait à tel point qu'elle pensa un moment qu'il allait déchirer sa poitrine et bondir hors de son corps. Sa tête tournait, ses jambes flageolaient… Elle finit par se laisser tomber à genoux sur le tapis de la chambre.
Après quelques minutes d'absence, Zoé secoua sa tête énergiquement, se releva et s'assit sur le bord du lit. Elle ne comprenait pas. Etait-ce une plaisanterie de mauvais goût ? Ce n'était pas dans les habitudes de son frère mais on ne savait jamais. Simon était assez réservé et ne racontait jamais rien sur ses journées, ses nuits d'absences ou ses occupations. Zoé avait bien essayé de le questionner mais il se contentait toujours de lui sourire et de lui dire gentiment de se mêler de ses affaires. Malgré cela, tous deux avaient toujours été très proches. Simon veillait sur elle bien plus que sur sa propre vie et il était toujours là quand elle avait besoin. Il était son grand frère mais aussi son meilleur ami, avec qui elle pouvait tout partager sans crainte.
Elle relut la lettre une deuxième fois, une troisième fois et ainsi de suite jusqu'à la connaître par cœur. Elle avait beau la retourner dans tous les sens, elle ne comprenait pas. Il s'agissait forcément d'une mauvaise blague. Peut-être d'une farce de son frère pour marquer son anniversaire. Peut-être avait-il préparé une surprise et il n'allait pas tarder à la contacter, pensant qu'elle dormait encore. La contacter… Elle se sentit bête de ne pas y avoir penser plus tôt. Elle courut en trombe jusqu'à sa chambre et se saisit de son téléphone. Elle composa le numéro de Simon et attendit. Elle commençait à se calmer et en rigolait presque. Qu'elle avait pu être bête d'avoir de noires pensées comme cela. Elle commençait à peine à se remettre de ses émotions et à se rassurer que tout retomba d'un bloc quand elle tomba directement sur la messagerie. Il gardait tout le temps son téléphone sur lui et décrochait toujours quand elle l'appelait. Elle avait pris l'habitude de le contacter pour le moindre conseil ou le moindre problème et il était toujours là pour elle. On aurait dit qu'il mettait sa propre vie personnelle en second plan dès qu'elle avait besoin de lui.
Elle essayait de se rassurer par tous les moyens, de trouver une raison logique ou une explication rationnelle à tout ça mais ne pouvait s'empêcher d'envisager le pire. Le pire… Elle n'arrivait d'ailleurs pas à l'imaginer. Simon parlait de prendre son envol… Peut-être avait-il eu besoin de changer d'air ou de voir du pays. La lettre paraissait assez claire mais elle n'arrivait pas à admettre l'évidence. Une première larme coula le long de sa joue mais elle l'essuya rapidement d'un revers de manche et alla se rincer le visage à la salle de bain.
Quand elle releva la tête, elle resta un moment face au miroir à se regarder. Zoé était de taille moyenne, plutôt jolie, les cheveux châtains avec de beaux yeux verts, ainsi que des pommettes roses assez marquées et des petites fossettes au coin des lèvres, qui faisaient tout son charme. Elle resta là, plantée face au miroir, de longues minutes durant, ne sachant que penser.
L'eau continuait de couler abondamment dans l'évier lorsque, son prénom, crié depuis le rez-de-chaussée, la tira brusquement de ses pensées. Le déjeuner était prêt, et toujours pas de Simon à l'horizon. Elle n'avait pas eu le temps de penser quoi dire à ses parents. Leur montrer la lettre de Simon ? Mais s'il s'agissait d'une stupide blague ? Elle décida alors de descendre déjeuner sans rien dire et se rendit tout de suite compte qu'elle n'obtiendrait aucune nouvelle de Simon de la part de ses parents dès l'écoute des premières bribes de conversation qu'elle parvint à capter. Elle stoppa alors nette sa course. Il avait sûrement dû ressortir la veille, avec des amis, après être rentré du Frelon Vert et il n'était pas encore rentré. La soirée avait dû être arrosée et il était peut-être resté chez un ami ou une copine. D'ailleurs, Zoé se rendit compte qu'elle ne savait pas si Simon avait une petite amie. Il était souvent absent la journée et parfois la nuit mais n'en parlait jamais. Aussi proche qu'elle était de lui, elle ne savait finalement pas grand chose de ses occupations, elle ne connaissait pas ses amis ni les lieux qu'il fréquentait. Zoé se confiait sans cesse à lui mais lui ne la faisait jamais entrer dans son univers.
Comme un électrochoc, la voix d'Isabelle, sa mère, la ramena à la réalité. Zoé était toujours dans l'escalier, la paume moite de sa main posée sur la rampe, le regard hagard, l'esprit lointain… Elle feignit alors une migraine, s'excusa, fit demi-tour et grimpa les quelques marches qui menaient au premier étage. Elle s'enferma dans sa chambre, essayant de reprendre ses esprits dans le lourd silence de la pièce.
Après être tombée de nombreuses autres fois sur la messagerie de Simon, Zoé s'approcha de la fenêtre de sa chambre, les larmes aux yeux. La maison familiale était faite de pierres grises et surplombait une côte rocheuse sur laquelle venaient se briser des vagues, projetant une écume blanche disparate. Elle la connaissait bien cette vue. Elle avait toujours habité ici et n'avait que peu voyagé. Elle se rappelait tous les après-midi passés sur la plage, été comme hiver, avec Simon, le vent soufflant dans sa chevelure, le son de la guitare de son frère la faisant voyager au fil des accords mélodieux. Les larmes coulaient sur son visage et elle n'arrivait plus à retenir ses sanglots. Pourquoi avait-il dû faire cela ? Elle était là, elle, s'il avait besoin de quelque chose. Qu'avait-il bien pu se passer pour que, du jour au lendemain, il disparaisse. Sa lettre parlait d'envol, de souffrance, d'appel à l'aide désespéré… Mais Simon n'aurait jamais pu partir comme ça, en la laissant derrière, seule. Il devait être quelque part, peut-être même tout près. L'éventualité qu'il soit parti définitivement devint insupportable et Zoé la rejeta fermement. C'était impossible. Il n'aurait jamais pu lui faire cela.
Ravalant ses sanglots et essuyant ses larmes, elle se dirigea rapidement vers la chambre de Simon, à l'autre extrémité du couloir. Le panneau « War sucks ! Let's party ! » sur la porte de la chambre la fit sourire. Simon était un beau jeune homme assez grand aux cheveux bruns bouclés. Il avait de beaux idéaux, parlait de paix mondiale, d'amour, d'égalité et passait son temps à jouer de la guitare dans sa chambre sur des airs des Doors ou de Hendrix. Il avait arrêté ses études assez tôt et trouvait des petits boulots à droite à gauche. Aux dernières nouvelles, il travaillait chez un disquaire dans la petite ville de Brem, à dix kilomètres de là.
C'était Simon, il vivait au jour le jour, comme le montraient les bouteilles vides de bière ainsi que les mégots de joints qui trainaient un peu partout dans sa chambre. Les parents avaient depuis longtemps abandonné l'idée de le faire reprendre ses études et le laissaient libre de faire ce que bon lui semblait, du moment qu'il ne s'attirait pas d'ennuis et travaillait pour gagner sa vie.
Zoé pénétra dans la chambre et nota aussitôt des détails qu'elle n'avait pas remarqués plus tôt, le matin, lorsqu'elle avait trouvé la lettre : la guitare manquante, les tiroirs de la commode entrouverts, son vieux foulard fétiche absent, qu'il aimait tant nouer autour de ses cheveux, lui donnant un air de hippie. Simon n'avait pas dû naître à la bonne époque. Il lui avait maintes fois parlé de la fin des années soixante aux Etats-Unis, de combien il aurait aimé en faire partie et assister à ce mouvement. Il n'y avait pas à dire, Simon était un jeune homme complètement largué, né quarante ans trop tard.
Zoé se réveilla. Elle était étendue sur le parquet de la chambre de Simon. Elle avait passé l'après midi à fouiller sa chambre de fond en comble pour essayer d'y trouver quelque chose, n'importe quoi, un indice, un message… Elle avait dû s'endormir, épuisée, dans la soirée. C'était le fouillis autour d'elle, elle avait ouvert tous les placards, vidé les tiroirs du bureau et avait fini pas s'asseoir par terre, contre le lit, pour lire des chansons que Simon avait consignées dans un carnet. Elle en connaissait certaines mais d'autres lui étaient inconnues. Elle avait également retrouvé de vieilles cartes postales que Simon avait reçues, des dessins qu'il avait fait, et même, une boîte à chaussures contenant des lettres d'amour qu'il avait reçues étant plus jeune. Les souvenirs refaisant surface, un picotement au nez survint et une larme embua son œil, mais elle la chassa rapidement. Plus de pleurs ! Elle s'était promis, la veille au soir, de ne plus se laisser submerger par ses émotions et de faire quelque chose d'utile plutôt que de rester immobile, sans rien faire, à s'apitoyer sur son sort.
Elle se releva et mit quelques instants à reprendre ses esprits. Le réveil de la chambre de Simon indiquait neuf heures et demie, elle avait dormi un long moment. Elle franchit le seuil de la porte et s'approcha du haut de l'escalier. Elle entendait ses parents discuter en bas mais ne parvenait pas à distinguer ce qu'ils se disaient. Elle commença alors, tout doucement, à descendre les premières marches sur la pointe des pieds afin de se rapprocher de la conversation. Ils parlaient de Simon. Ils n'avaient eu aucune nouvelle de sa part et s'énervaient du fait qu'il ne prévienne jamais quand il disparaissait. Zoé sentit son sang affluer de plus en plus vite et fort jusqu'à son coeur, le bruit des battements tambourinant dans sa tempe et ses oreilles, un son sourd se propageant au travers de sa tête… Elle resta là de longues minutes, figée, ne sachant que faire, le regard hagard… Elle finit pas faire demi-tour et remonta lentement jusqu'à sa chambre. Assise sur son lit, elle se rendit compte qu'entendre ses parents en parler donnait à l'évènement une tournure beaucoup plus réaliste, tragique et brutale. Comme si elle avait passé les dernières vingt-quatre heures dans une bulle qui venait d'éclater pour s'ouvrir sur la réalité. Elle ne savait que faire. Elle était la seule au courant de la lettre laissée par Simon. Devait-elle la montrer à ses parents ? Devait-elle la garder secrète ? Si elle leur montrait, ils seraient au courant de la situation mais en seraient d'autant plus inquiets. Si elle ne leur montrait pas, ils penseraient à une fugue, au pire. Etait-ce de l'égoïsme que de ne pas vouloir leur montrer la lettre ? Ou alors faisait-elle ça pour les protéger ? Elle n'en savait rien et hésitait encore. Garder un secret comme ça pour elle toute seule était un poids énorme et elle ne savait pas si elle pourrait le supporter. Le partager avec ses parents permettrait au moins d'en discuter avec quelqu'un, de partager les points de vue… Mais elle ne voulait pas voir ses parents souffrir, surtout inutilement. Elle se rendit compte à ce moment là qu'elle avait définitivement rejeté la possibilité que Simon ne soit plus. Elle était persuadée qu'il était parti pour changer d'air, réfléchir, méditer…
Zoé décida alors de se rendre en ville, afin de passer chez les quelques amis de Simon qu'elle connaissait, pour glaner quelques informations et, peut-être, obtenir un indice sur l'endroit où il pourrait se trouver. Elle prit quelques vêtements dans sa chambre et fila dans la salle de bain afin de se préparer à partir. Vingt minutes plus tard, lavée et habillée, elle descendit l'escalier en trombe, passa par la porte de derrière et sortit en vitesse dans le jardin.
L'air était frais et humide, comme souvent à cette période de l'année. Le ciel était gris et le soleil peinait à percer les masses sombres de nuages. Un rais de soleil apparut pourtant et vint se poser sur la joue de Zoé. Cette douce chaleur la remonta et elle s'engagea d'un pas sûr dans le jardin en direction du portillon. La jardin avait un côté de jungle miniature de par son entretien assez peu fréquent ainsi que ses longues plantes qui grimpaient le long des murs de la maison. Zoé passa le portillon, le claqua derrière elle et commença à marcher rapidement en direction de l'arrêt de bus. La maison se situait légèrement à l'écart du petit village auquel elle était rattachée et il lui fallait donc marcher une dizaine de minutes pour y arriver. La route était peu fréquentée et, le temps n'incitant pas à sortir, elle ne croisa personne jusqu'à l'arrêt de bus, désert également. Elle s'assit sur l'unique banc métallique et attendit. Les horaires de bus avaient dû être affichés un temps dans l'abri mais la pluie, l'usure, ainsi que les divers tags les rendaient complètement illisibles. Tant pis, elle n'allait pas rentrer chez elle de toute façon. Elle sortit son lecteur de musique de son sac, mit son casque sur ses oreilles et se vida l'esprit afin de rêvasser un peu. Elle repensa à l'été précédent, aux vacances qu'elle avait passées avec ses amis à la montagne, aux nombreuses soirées à la lumière d'un feu de camp, aux baignades dans les lacs, aux festivals de musique auxquels elle était allée…
Elle fut tirée de ses pensées par le klaxon du bus. Elle se leva, monta dans celui-ci et s'assit au fond. Il était aux trois quarts vide et sentait le renfermé. Le bus démarra et commença à rouler sur la petite route de campagne qui menait à Brem. Elle commença alors à se demander où elle allait débuter ses recherches, qui elle irait voir en premier… Elle avait la journée devant elle et la tête suffisamment pleine d'émotions et de pensées pour le moment. Elle remit son casque et replongea dans ses souvenirs le temps du trajet. La route zigzaguait, la berçant doucement. Elle regardait le paysage si familier : des pâturages, la côté rocheuse, la mer… Le tête posée contre la vitre, elle profita de ce moment au calme, dans sa bulle, loin de tout.
Un coup de freins brusque envoya la tête de Zoé taper contre l'appui-tête du siège devant elle. Un piéton pressé était passé en courant juste devant le bus alors que celui-ci s'engageait dans la gare routière de Brem. Elle s'étira, mit quelques secondes à reprendre ses esprits, se leva de sa place et descendit du bus. L'horloge de la gare affichait onze heure. La ville de Brem n'avait rien d'une grande ville et il lui serait donc aisé de tout faire à pieds. Tant mieux, elle avait besoin de marcher un peu. Elle quitta la gare et s'engagea dans les ruelles de la ville. Elle n'avait que peu de numéros de téléphone et d'adresses d'amis de Simon mais, tant pis, elle se débrouillerait et elle avait de toute façon un premier arrêt à faire avant.
François Fitro, famille Rateur, Clémence Chinoui, Thomas Vlaskish… Son doigt descendit le long de ces noms et appuya sur l'interphone du dernier. Elle attendit, pas de réponse. Elle réitéra et la porte s'ouvrit. Elle pénétra dans l'entrée de la vieille bâtisse et commença à grimper les étages.
Elle s'arrêta au troisième et pénétra dans l'appartement s'y trouvant.
Il faisait sombre et l'appartement n'avait pas dû être rangé depuis quelques temps. Un jeune homme apparu, s'approcha d'elle, marmonna un vague bonjour et l'embrassa avant de se diriger vers la cuisine. Elle était souvent venue ici, bien que ses parents ne soient pas au courant. Thomas avait deux ans de plus qu'elle et était de nature assez fêtarde. Elle l'avait rencontré lors d'une soirée, il y avait maintenant un peu plus d'un an, et elle s'était très vite attachée à lui. Il sortit de la cuisine, une tasse de café à la main. On voyait qu'il sortait du lit et avait sa tête de lendemain de fête.
Simon disparu, elle avait besoin de lui plus que jamais. Simon… « Plus de pleurs ! » Facile à dire. La simple évocation de son nom suffit à lui remplir les yeux de larmes.
Thomas la regardait d'un air étonné. Normal, comment pouvait-il comprendre. Il posa son café et la prit dans ses bras. Il la serra fort, aussi fort qu'il le pouvait et elle se laissa alors aller, libérant ainsi tout son chagrin réfréné. Ils restèrent plusieurs minutes ainsi, sans qu'une parole ne vienne rompre ce triste silence bercé de sanglots. Il ne lui demanda rien et elle lui en fut reconnaissante. Aucun son ne pourrait de toute façon sortir de sa bouche. Elle se déshabilla et alla s'installer dans le lit de Thomas. Il mit de la musique et vint la rejoindre. La chaleur dégagée par son corps, son doux parfum et son souffle régulier la rassuraient, elle était bien. Horriblement triste mais bien. Ils passèrent tout l'après-midi ainsi, Thomas chantonnant au fil des chansons, lui embrassant le coup ou lui passant la main dans les cheveux. Elle ne voulait surtout pas être seule et cette présence réconfortante lui donnait du baume au cœur. [...]
Texte 3
Restrictions : Respectées
Où suis-je ? Tout est noir, ou blanc. L’absence de couleur est apaisante, mais me laisse seul, avec mes pensées. Comment suis-je arrivé là ? Je ne me rappelle que de l’accident, la fête chez Maximilien, les joints proposés comme si c’était légal, l’alcool en quantité, les mélanges plus ou moins digestes. Le trou noir. Et soudain devant moi, un arbre bouge. Sur la route, un arbre, surement un platane, ceux que l’on voit généralement sur les bords des routes de campagnes. Putain d’arbre…
Si seulement j’avais su que ça se terminerait comme ça, j’aurais surement réfléchi avant de prendre la voiture et de faire le con avec. J’aurais surement passé du temps avec mes proches et leur clamer mes sentiments à leur égard. J’aurais du. Mais l’heure n’est pas aux lamentations, ni aux regrets. Quoique. Les regrets ne m’apporte rien, où je suis, mais regretter, me permet de penser à l’avant, et à l’après. Finalement j’espère que cette situation va bientôt se terminer. Non pas que l’absence de sens me nuise, mais l’idée même de rester ainsi pendant encore quelque temps m’épuise… Euphémisme ?! Je ne sais pas, la notion du temps m’échappe, je ne peux dire s’il s’est déjà passé, une seconde, une minute, une vie.
Je sais seulement que mes pensées s’emmêlent, que les sentiments primaires sont absents, finalement je ne ressens rien. Juste une certaine sérénité.
Dire que toutes les religions pensaient avoir une idée précise sur la vie après la mort. La réincarnation ? J’en souris ! Le paradis, l’enfer, le purgatoire ? Je m’esclaffe. Toutes les théories, les hypothèses, les croyances. Fausses ! Dépassées ! Stupides ! La mort c’est le vide, l’absolu néant, pourtant je suis là, débattant avec moi-même. Absurde non ?
Finalement la mort, c’est pervers, puisque nous sommes là seuls à penser. J’imagine que certains doivent vivre ce moment comme une atrocité sans nom, les philosophes notamment, imaginez un homme dont la seule passion, et la douleur parfois, est de penser, de réfléchir à des sujets spirituels et abstraits ; la conscience, la vie, la mort, l’univers, Dieu. J’imagine alors que la mort est plus facile pour les simples d’esprit, ceux qui ont une idée toute faite des choses ! Pas besoin de se poser des questions, puisque ils ont la réponse !
Je n’ai pas vu de tunnel lumineux, dans lequel j’étais attiré tel un pantin hypnotisé, n’ayant aucune volonté propre. Je n’ai pas eu l’impression que la vie quittait mon corps, ou que mon esprit s’échappait par les pores de ma peau, je n’ai pas non plus vu ma vie entière défiler en quelques secondes sous mes yeux créant alors un sentiment de bonheur à la vue de ma vie passée. Au final, j’ai juste senti, une sorte d’énorme fatigue. Et qu’il est apaisant de se laisser s’endormir, de se laisser aller. Mourir… c’est la fin, enfin, la fin de la vie, car apparemment une nouvelle vie, si je peux la nommer ainsi, commence, douce et apaisante, mais néanmoins cette nouvelle vie me force à penser, car c’est ce qui me tient en alerte, oublier de penser ou ne pas penser était impossible de mon vivant, je suppose qu’il en est de même ici ! Sinon, le jeu ne serait pas intéressant, se laisser tomber et ne plus penser, cela serait trop facile ! Tellement facile, mais pourtant c’est peut-être ça l’enjeu, arriver à ne plus penser. La délivrance quand on y réfléchit !
Je me mets à penser aux gens que je connaissais, bien sur il y a ma famille, mes amis, mes amours et mes ennemis. Que pensent-ils de la mort, de ce qu’il y a après la vie ! Je suppose et regrette, que une majeure partie d’entre eux, soutiennent les thèses erronées des religieux. Je suppose, que j’aurais une sépulture, une croix sur un tas de terre, puis une dalle en marbre, surmontée, toujours de cette croix. Et je ne crois pas que les gens puissent imaginer que ces coutumes soient désuètes au vu de mon expérience récente. Les morts n’ont que faire de l’endroit où ils reposent. Ils se fichent de leur dernière demeure, alors pourquoi donc les vivants n’ont de cesse de vouloir donner une sépulture à leur proche ? Nous les morts, enfin, je parle pour ma part, je me fiche de savoir si la plaque de marbre au dessus de moi est somptueuse ou bon marché. Je me fiche d’être enterré ou incinéré ; de toutes façons, je ne reviendrais plus juger de l’état de mon trou, de ma tombe ! Et dans quelques décennies, je finirais oublié de tous, et ma tombe n’aura d’utilité pour personne et surtout pas pour moi.
On ne se dit jamais trop souvent que la mort arrive trop vite. Pour beaucoup, on meurt toujours trop jeune. Va dire ça au nouveau né que le dangereux crabe tue à petit feu, va dire ça à la prostituée junky qui ferait tout pour une dernière dose celle qui l’enverra loin, trop loin , va dire ça a l’adolescent qui fugue et tente de mettre fin à ses jours pour la cinquième fois.
Je ne sais pas comment ma famille a réagi à l’annonce de ma mort. Je doute qu’elle sache que où je suis, je pense à eux. Je doute qu’il pense à moi en temps qu’esprit penseur. Je pense que nous sommes, enfin... « Nous »… Les vivants, sont obsédés par la question fatidique : Qu’y a-t-il après la mort ? La vie ? Pas vraiment. Rien ? Pas vraiment non plus. L’expérience ultime, si je puis l’appeler ainsi, est indescriptible. Et la pensée me vient que les gens vivants, sont trop bornés. Les athées pensent que la mort c’est la fin. Les croyants, pensent que la mort c’est le renouveau. Nouvelle vie, nouvelle chance. Croyances stupides. S’il existe un Dieu, le monde ne serait pas dans cet état. Et les excuses dans le genre « Les voix du seigneur sont impénétrables. » me font doucement sourire ; que répondre ? Essayer de les convaincre et perdre du temps pour ça ? Ces arguments qui sont soigneusement étudiés pour être inattaquables et m’énervent plus qu’autre chose.
Je crois que je vois la fin arriver, ce sursaut de pensées, de réflexions et de raisonnements me semble toucher à sa fin, pourtant, je suis déçu, triste et désappointé. J’aurais aimé prendre plus de temps, me consacrer plus à cette forme de survivance, la découvrir, et peut être la maitriser. Mais je sens le dénouement si attendu, proche. Et là encore que de questions qui s’ouvrent à moi ! De quoi sera fait l’après, serait-ce ladite vie après la mort ? Ou l’absolu néant ? On verra bien, mais je doute revenir un jour à cet étrange état. Je pense improbable le fait qu’un jour, les vivants entendent parler de ce passage, cette jonction entre la mort et l’après…
Moi ? J’en ai fini. Je suis toujours seul, seul avec mes pensées. Et j’attends, j’attends la fin.
Si seulement j’avais su que ça se terminerait comme ça, j’aurais surement réfléchi avant de prendre la voiture et de faire le con avec. J’aurais surement passé du temps avec mes proches et leur clamer mes sentiments à leur égard. J’aurais du. Mais l’heure n’est pas aux lamentations, ni aux regrets. Quoique. Les regrets ne m’apporte rien, où je suis, mais regretter, me permet de penser à l’avant, et à l’après. Finalement j’espère que cette situation va bientôt se terminer. Non pas que l’absence de sens me nuise, mais l’idée même de rester ainsi pendant encore quelque temps m’épuise… Euphémisme ?! Je ne sais pas, la notion du temps m’échappe, je ne peux dire s’il s’est déjà passé, une seconde, une minute, une vie.
Je sais seulement que mes pensées s’emmêlent, que les sentiments primaires sont absents, finalement je ne ressens rien. Juste une certaine sérénité.
Dire que toutes les religions pensaient avoir une idée précise sur la vie après la mort. La réincarnation ? J’en souris ! Le paradis, l’enfer, le purgatoire ? Je m’esclaffe. Toutes les théories, les hypothèses, les croyances. Fausses ! Dépassées ! Stupides ! La mort c’est le vide, l’absolu néant, pourtant je suis là, débattant avec moi-même. Absurde non ?
Finalement la mort, c’est pervers, puisque nous sommes là seuls à penser. J’imagine que certains doivent vivre ce moment comme une atrocité sans nom, les philosophes notamment, imaginez un homme dont la seule passion, et la douleur parfois, est de penser, de réfléchir à des sujets spirituels et abstraits ; la conscience, la vie, la mort, l’univers, Dieu. J’imagine alors que la mort est plus facile pour les simples d’esprit, ceux qui ont une idée toute faite des choses ! Pas besoin de se poser des questions, puisque ils ont la réponse !
Je n’ai pas vu de tunnel lumineux, dans lequel j’étais attiré tel un pantin hypnotisé, n’ayant aucune volonté propre. Je n’ai pas eu l’impression que la vie quittait mon corps, ou que mon esprit s’échappait par les pores de ma peau, je n’ai pas non plus vu ma vie entière défiler en quelques secondes sous mes yeux créant alors un sentiment de bonheur à la vue de ma vie passée. Au final, j’ai juste senti, une sorte d’énorme fatigue. Et qu’il est apaisant de se laisser s’endormir, de se laisser aller. Mourir… c’est la fin, enfin, la fin de la vie, car apparemment une nouvelle vie, si je peux la nommer ainsi, commence, douce et apaisante, mais néanmoins cette nouvelle vie me force à penser, car c’est ce qui me tient en alerte, oublier de penser ou ne pas penser était impossible de mon vivant, je suppose qu’il en est de même ici ! Sinon, le jeu ne serait pas intéressant, se laisser tomber et ne plus penser, cela serait trop facile ! Tellement facile, mais pourtant c’est peut-être ça l’enjeu, arriver à ne plus penser. La délivrance quand on y réfléchit !
Je me mets à penser aux gens que je connaissais, bien sur il y a ma famille, mes amis, mes amours et mes ennemis. Que pensent-ils de la mort, de ce qu’il y a après la vie ! Je suppose et regrette, que une majeure partie d’entre eux, soutiennent les thèses erronées des religieux. Je suppose, que j’aurais une sépulture, une croix sur un tas de terre, puis une dalle en marbre, surmontée, toujours de cette croix. Et je ne crois pas que les gens puissent imaginer que ces coutumes soient désuètes au vu de mon expérience récente. Les morts n’ont que faire de l’endroit où ils reposent. Ils se fichent de leur dernière demeure, alors pourquoi donc les vivants n’ont de cesse de vouloir donner une sépulture à leur proche ? Nous les morts, enfin, je parle pour ma part, je me fiche de savoir si la plaque de marbre au dessus de moi est somptueuse ou bon marché. Je me fiche d’être enterré ou incinéré ; de toutes façons, je ne reviendrais plus juger de l’état de mon trou, de ma tombe ! Et dans quelques décennies, je finirais oublié de tous, et ma tombe n’aura d’utilité pour personne et surtout pas pour moi.
On ne se dit jamais trop souvent que la mort arrive trop vite. Pour beaucoup, on meurt toujours trop jeune. Va dire ça au nouveau né que le dangereux crabe tue à petit feu, va dire ça à la prostituée junky qui ferait tout pour une dernière dose celle qui l’enverra loin, trop loin , va dire ça a l’adolescent qui fugue et tente de mettre fin à ses jours pour la cinquième fois.
Je ne sais pas comment ma famille a réagi à l’annonce de ma mort. Je doute qu’elle sache que où je suis, je pense à eux. Je doute qu’il pense à moi en temps qu’esprit penseur. Je pense que nous sommes, enfin... « Nous »… Les vivants, sont obsédés par la question fatidique : Qu’y a-t-il après la mort ? La vie ? Pas vraiment. Rien ? Pas vraiment non plus. L’expérience ultime, si je puis l’appeler ainsi, est indescriptible. Et la pensée me vient que les gens vivants, sont trop bornés. Les athées pensent que la mort c’est la fin. Les croyants, pensent que la mort c’est le renouveau. Nouvelle vie, nouvelle chance. Croyances stupides. S’il existe un Dieu, le monde ne serait pas dans cet état. Et les excuses dans le genre « Les voix du seigneur sont impénétrables. » me font doucement sourire ; que répondre ? Essayer de les convaincre et perdre du temps pour ça ? Ces arguments qui sont soigneusement étudiés pour être inattaquables et m’énervent plus qu’autre chose.
Je crois que je vois la fin arriver, ce sursaut de pensées, de réflexions et de raisonnements me semble toucher à sa fin, pourtant, je suis déçu, triste et désappointé. J’aurais aimé prendre plus de temps, me consacrer plus à cette forme de survivance, la découvrir, et peut être la maitriser. Mais je sens le dénouement si attendu, proche. Et là encore que de questions qui s’ouvrent à moi ! De quoi sera fait l’après, serait-ce ladite vie après la mort ? Ou l’absolu néant ? On verra bien, mais je doute revenir un jour à cet étrange état. Je pense improbable le fait qu’un jour, les vivants entendent parler de ce passage, cette jonction entre la mort et l’après…
Moi ? J’en ai fini. Je suis toujours seul, seul avec mes pensées. Et j’attends, j’attends la fin.
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Comme vous avez pu le constater, je n'ai reçu que 3 textes, Donc j'invite tous les membres de la communauté à venir voter pour ces textes. Les participants n'ont pas de droit de voter, car les pseudos ne seront dévoilés qu'à la fin de cette battle
Comme il y a eu des contres-temps, vous avez jusqu'au 20 juillet 23:59 pour voter et ensuite je dévoilerai le pseudo de l'heureux gagnant.
BONNE CHANCE AUX PARTICIPANTS