DeletedUser
Guest
Salut à tous,
Voici le lieu où vous pourrez trouver horreurs littéraires, monstruosités textuelles et autres mochetés bricolées par moi-même
Surtout : ne hurlez pas.
Voici le premier texte. Je vous préviens, c'est court (je sais pas faire plus long que ça)
Deuxième texte :
Les critiques, bonnes et mauvaises, sont bienvenues !
Myrina
Voici le lieu où vous pourrez trouver horreurs littéraires, monstruosités textuelles et autres mochetés bricolées par moi-même
Surtout : ne hurlez pas.
Voici le premier texte. Je vous préviens, c'est court (je sais pas faire plus long que ça)
~^~ An 2004 ~^~
Elle était là, au sommet d'un bâtiment. Elle regardait à travers la baie vitrée. Dehors, le soleil estival dardait de ses rayons la capitale.
Elle était là, au milieu de l'activité ambiante. Son visage délicat était baigné par la lumière du tropique du Cancer. Ses yeux bruns célestes scintillaient comme deux joyaux éclatants. Yeux qui fixaient l'horizon ardent quand se produit une explosion.
C'était là-bas, au loin, à la périphérie de la ville, là où le béton des buildings contemple le désert.
Elle était là, pétrifiée, ne croyant pas ses yeux. Elle savait qu'il venait de se passer quelque chose de grave. Quelque chose qui allait changer sa vie, celle de tout un peuple et de toute une espèce.
* * *
Il était là, aux abords de la capitale, sur la route qui traversait le petit pays. Il contemplait avec horreur les ruines fumantes du bâtiment qui se tenait là. Qui aurait pu ? Qui aurait voulu commettre un tel crime que de les assassiner - eux, civils innocents ?
S'était tenu là un symbole d'une liberté que son peuple tentait d’acquérir au prix fort. C'était là un fragment de leur fierté. Un pas vers la démocratie, ce rêve et ce mirage qu'ils avaient au plus profond de leurs cœurs. La première des institutions qui était des leurs – la première qu'ils pouvaient enfin contempler sans être pris de dégoût, la première sur laquelle ils pouvaient enfin poser des yeux respectueux, la première qui, enfin, était libre. Et on venait de la leur arracher en un instant.
Il s'approcha des décombres, les yeux pleins de larmes. Les relents fétides de chair calcinée lui donnèrent la nausée. Un instant, il voulut se retourner, partir, s'enfuir de son pays, loin, là-bas, là où de tels crimes n'existeraient pas. Mais sa dignité l'empêchait de détourner son regard de l'atrocité qui se tenait devant lui.
Bientôt, à ses pieds, il vit un fragment de missile. Dessus, imprimé : les couleurs d'un pays, un drapeau de nacre et de sang, et, sur un fond d'un bleu océanique, les cinquante étoiles d'une tyrannie inavouée qui se résumait en un mot : Amérique. Alors, une rage incontrôlable l'envahit. Alors, mû par la fureur dévastatrice de l'oppressé poussé à bout, il se mit à pousser un formidable cri de défiance, un énergique "Allah akbar !", un terrible cri qui allait bientôt se répercuter aux quatre coins du monde. Car ce qu'il venait d'annoncer était, ni plus ni moins, une déclaration de guerre.
Elle était là, au sommet d'un bâtiment. Elle regardait à travers la baie vitrée. Dehors, le soleil estival dardait de ses rayons la capitale.
Elle était là, au milieu de l'activité ambiante. Son visage délicat était baigné par la lumière du tropique du Cancer. Ses yeux bruns célestes scintillaient comme deux joyaux éclatants. Yeux qui fixaient l'horizon ardent quand se produit une explosion.
C'était là-bas, au loin, à la périphérie de la ville, là où le béton des buildings contemple le désert.
Elle était là, pétrifiée, ne croyant pas ses yeux. Elle savait qu'il venait de se passer quelque chose de grave. Quelque chose qui allait changer sa vie, celle de tout un peuple et de toute une espèce.
* * *
Il était là, aux abords de la capitale, sur la route qui traversait le petit pays. Il contemplait avec horreur les ruines fumantes du bâtiment qui se tenait là. Qui aurait pu ? Qui aurait voulu commettre un tel crime que de les assassiner - eux, civils innocents ?
S'était tenu là un symbole d'une liberté que son peuple tentait d’acquérir au prix fort. C'était là un fragment de leur fierté. Un pas vers la démocratie, ce rêve et ce mirage qu'ils avaient au plus profond de leurs cœurs. La première des institutions qui était des leurs – la première qu'ils pouvaient enfin contempler sans être pris de dégoût, la première sur laquelle ils pouvaient enfin poser des yeux respectueux, la première qui, enfin, était libre. Et on venait de la leur arracher en un instant.
Il s'approcha des décombres, les yeux pleins de larmes. Les relents fétides de chair calcinée lui donnèrent la nausée. Un instant, il voulut se retourner, partir, s'enfuir de son pays, loin, là-bas, là où de tels crimes n'existeraient pas. Mais sa dignité l'empêchait de détourner son regard de l'atrocité qui se tenait devant lui.
Bientôt, à ses pieds, il vit un fragment de missile. Dessus, imprimé : les couleurs d'un pays, un drapeau de nacre et de sang, et, sur un fond d'un bleu océanique, les cinquante étoiles d'une tyrannie inavouée qui se résumait en un mot : Amérique. Alors, une rage incontrôlable l'envahit. Alors, mû par la fureur dévastatrice de l'oppressé poussé à bout, il se mit à pousser un formidable cri de défiance, un énergique "Allah akbar !", un terrible cri qui allait bientôt se répercuter aux quatre coins du monde. Car ce qu'il venait d'annoncer était, ni plus ni moins, une déclaration de guerre.
Deuxième texte :
Tareq s'assit dans sa misérable maison des quartiers pauvres de Manãma, capitale d'une contrée qui n'aurait pas dû s'effacer des mémoires. Il se mit à repenser à tout ce qui s'était passé dans le pays depuis tant de mois. Tout avait commencé par ces révoltes, au-delà des frontières, dans les États voisins. Ces quelques révolutions, auparavant inimaginables, avaient fait naître l'espoir de changer les choses. Espoir qui frappa bientôt les côtes d'une petite île perdue dans le Golfe Persique, île qui était la leur : le Bahreïn. C'était magnifique. Tous ces manifestants, unis dans un cortège, scandant d'une même voix ces slogans pour la démocratie. Ces dizaines de milliers de personnes réunies au même endroit, autour de ce même rond-point, liées par un même objectif. Ils s'étaient sentis si libres.
Mais les choses ne continuèrent pas ainsi. Pendant la nuit, la police débarqua sur les lieux pour amorcer une longue et cruelle répression. Le sol de la ville s'était alors teinté de rouge. Tareq s'en souviendra à jamais de ces corps mutilés, de l'odeur nauséabonde du sang, des balles qui fusaient. Pour faire taire l'élan de la révolte et chasser les manifestants du rond-point, la dictature avait également envoyé l'armée. Les tanks ont défilé par dizaines, écrasant tout sur leur passage. L'hôpital ne parvenait plus à gérer le flot des blessés qui affluaient, celui-ci au corps fracturé par les coups des militaires, celui-là avec une balle dans le cerveau. On vit même aux côtés de l'armée des policiers étrangers, appelés de Syrie et du Pakistan par un régime qui ne voulait pas entendre la colère de son peuple.
Quelques jours plus tard, les gens décidèrent de reconquérir le rond-point. Celui-ci était occupé par les blindés des forces de l'ordre. Les manifestants se mirent alors à chanter des slogans contre la dictature. Pendant un moment, les policiers sont restés impassibles, contemplant avec froideur la vigueur populaire qui s'exprimait devant eux. Puis, finalement, dans une scène qui avait des allures de miracle, ils sont montés dans leurs véhicules et ont quitté les lieux, laissant le rond-point libre.
Le peuple y installa des tentes, campement qu'il comptait occuper jusqu'à la chute du régime. Des débats furent organisés. Des activistes et des politiciens d'opposition prirent place pour faire des discours. Chaque jour, des manifestations partirent de cet endroit pour s'étendre dans tout le pays. Pour la deuxième fois depuis le début du soulèvement, on sentit flotter ce merveilleux parfum de liberté.
Mais, quelques semaines plus tard, on vit des militaires d'Arabie Saoudite fouler la terre de Bahreïn. Leurs intentions n'étaient pas bonnes. En une journée, ils mirent à sac le campement du rond-point. Le peuple fut délogé sous la menace des armes. On vit sur le sol des hommes agonisants, attendant des secours qui n'arriveraient peut-être jamais. Les enfants sanglotaient sur les cadavres ensanglantés de leurs pères. Les victimes furent nombreuses.
Les gens crurent qu'ils seraient en sécurité au sein de l'hôpital. Mais ils eurent tort. Les soldats encerclèrent le bâtiment, empêchant quiconque d'entrer ou de sortir. Même les ambulances ne pouvaient plus y ramener les blessés. Ensuite, les soldats investirent les lieux et en prirent le contrôle. On les a vu frapper les patients avec sadisme, puis violenter des veuves aux yeux encore ruisselants de pleurs. Et que dire de tous ceux qui furent arrêtés et emmenés en prison. Des rumeurs disent qu'ils furent torturés, certains jusqu'à la mort.
Toute forme de rassemblement fut interdite au peuple, sauf pour honorer ses martyrs. Rien ne pouvait arrêter la progression des marches funèbres qui, déambulant inlassablement dans les rues de Manãma, devenaient les manifestations de cette population meurtrie.
Quant au rond-point, il fut totalement rasé – sous prétexte qu'il était le symbole de la contestation. La sculpture qui le surplombait ne fut plus que poussière.
Les gens voulaient que le monde sache ce qu'il leur arrivait. Mais ils ont été abandonnés. La communauté internationale les a lâché, les médias les ont oublié. Ils appelaient à l'aide – et ils n'ont récolté que le silence. Personne ne voulait les écouter ; alors ils pensèrent qu'au moins la nuit allait les entendre. Ils décidèrent donc que, chaque soir, ils allaient monter sur les toits de leurs maisons pour lancer un appel à l'obscurité.
Depuis, chaque nuit dans la capitale du Bahreïn, résonnent sans fin les cris d'un peuple que les yeux du monde n'ont pas voulu voir.
Mais les choses ne continuèrent pas ainsi. Pendant la nuit, la police débarqua sur les lieux pour amorcer une longue et cruelle répression. Le sol de la ville s'était alors teinté de rouge. Tareq s'en souviendra à jamais de ces corps mutilés, de l'odeur nauséabonde du sang, des balles qui fusaient. Pour faire taire l'élan de la révolte et chasser les manifestants du rond-point, la dictature avait également envoyé l'armée. Les tanks ont défilé par dizaines, écrasant tout sur leur passage. L'hôpital ne parvenait plus à gérer le flot des blessés qui affluaient, celui-ci au corps fracturé par les coups des militaires, celui-là avec une balle dans le cerveau. On vit même aux côtés de l'armée des policiers étrangers, appelés de Syrie et du Pakistan par un régime qui ne voulait pas entendre la colère de son peuple.
Quelques jours plus tard, les gens décidèrent de reconquérir le rond-point. Celui-ci était occupé par les blindés des forces de l'ordre. Les manifestants se mirent alors à chanter des slogans contre la dictature. Pendant un moment, les policiers sont restés impassibles, contemplant avec froideur la vigueur populaire qui s'exprimait devant eux. Puis, finalement, dans une scène qui avait des allures de miracle, ils sont montés dans leurs véhicules et ont quitté les lieux, laissant le rond-point libre.
Le peuple y installa des tentes, campement qu'il comptait occuper jusqu'à la chute du régime. Des débats furent organisés. Des activistes et des politiciens d'opposition prirent place pour faire des discours. Chaque jour, des manifestations partirent de cet endroit pour s'étendre dans tout le pays. Pour la deuxième fois depuis le début du soulèvement, on sentit flotter ce merveilleux parfum de liberté.
Mais, quelques semaines plus tard, on vit des militaires d'Arabie Saoudite fouler la terre de Bahreïn. Leurs intentions n'étaient pas bonnes. En une journée, ils mirent à sac le campement du rond-point. Le peuple fut délogé sous la menace des armes. On vit sur le sol des hommes agonisants, attendant des secours qui n'arriveraient peut-être jamais. Les enfants sanglotaient sur les cadavres ensanglantés de leurs pères. Les victimes furent nombreuses.
Les gens crurent qu'ils seraient en sécurité au sein de l'hôpital. Mais ils eurent tort. Les soldats encerclèrent le bâtiment, empêchant quiconque d'entrer ou de sortir. Même les ambulances ne pouvaient plus y ramener les blessés. Ensuite, les soldats investirent les lieux et en prirent le contrôle. On les a vu frapper les patients avec sadisme, puis violenter des veuves aux yeux encore ruisselants de pleurs. Et que dire de tous ceux qui furent arrêtés et emmenés en prison. Des rumeurs disent qu'ils furent torturés, certains jusqu'à la mort.
Toute forme de rassemblement fut interdite au peuple, sauf pour honorer ses martyrs. Rien ne pouvait arrêter la progression des marches funèbres qui, déambulant inlassablement dans les rues de Manãma, devenaient les manifestations de cette population meurtrie.
Quant au rond-point, il fut totalement rasé – sous prétexte qu'il était le symbole de la contestation. La sculpture qui le surplombait ne fut plus que poussière.
Les gens voulaient que le monde sache ce qu'il leur arrivait. Mais ils ont été abandonnés. La communauté internationale les a lâché, les médias les ont oublié. Ils appelaient à l'aide – et ils n'ont récolté que le silence. Personne ne voulait les écouter ; alors ils pensèrent qu'au moins la nuit allait les entendre. Ils décidèrent donc que, chaque soir, ils allaient monter sur les toits de leurs maisons pour lancer un appel à l'obscurité.
Depuis, chaque nuit dans la capitale du Bahreïn, résonnent sans fin les cris d'un peuple que les yeux du monde n'ont pas voulu voir.
Les critiques, bonnes et mauvaises, sont bienvenues !
Myrina
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