Écrits de Mini Vicieux

  • Auteur de la discussion DeletedUser331
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DeletedUser

Guest
Alors pour l'histoire du "Le hic là-dedans" c'était fait exprès =)
J'ai repris deux fois deux structures identiques.

Après j'utilise l'expression "vulgaire rat" justement pour insister sur le terme qui s'oppose avec un "homme riche" ;)

Pour ce qui est de tes textes, je vais essayer de m'occuper de ça dans la semaine, désolé je suis un peu surchargé.

Au moins j'ai repéré les structures faites exprès xD Tu devrais presque en être flatté !
Et pour souligner vulgaire rat, j'aurai mis "Comme dirait l'autre" ou quelque chose comme ça ! Enfin pas grave, maintenant au moins j'ai noté, je ferai plus attention la prochaine fois ^^
Prends ton temps, t'inquiètes pas... Et pour tes textes aussi, ce n'en sera que meilleur !


PS : En amour, c'est toujours complexe..
 
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DeletedUser331

Guest
Trahison
Le monde décrit est imaginaire et n'existe que dans mes rêves les plus profonds. Les personnages ont été inventés de toutes pièces.
Le taxi venait de s'arrêter à l'angle de la rue Parrot, devant un immeuble en piteux état. La façade était complétement défoncée et menaçait de s'écrouler à tout moment. Un homme descendit de la voiture. Il était fort de carrure et était habillé d'une douce veste de peau d'animal chaude, de gants en cuir, d'un pantalon noir et de longs souliers marrons bien cirés. Il avait les traits émincés par de longues heures de sommeil en retard, les cheveux courts et bruns. On pouvait lui distinguer un nombre important de rides, malgré son âge. Il portait à son poignet une montre scintillante en or, qu'il avait essayé tant bien que mal de cacher sous son vêtement, sur sa tête un chapeau lui protégeait les oreilles par ce temps de démon et enfin, tenait dans sa main une solide canne en bois. Il était près de deux heures du matin, le temps était ombragé et le pluie menaçait de tomber dans ce quartier si vide et froid. Aucune lumière n'était visible au dehors et la seule source d'éclairement provenait de l'intérieur de la voiture. C'était, aux environs, l'unique endroit où l'on aimerait bien passer une nuit. L'arrondissement était fort peu fréquenté par les honnêtes habitants de la ville car il n'inspirait que trop au calme et le taux d'agression y était conséquent. La rue était plongée dans un noir extrême et recouvert d'un épais brouillard. C'était la pleine lune.
L'homme poussa légèrement la porte de l'appartement, d'une main, sans n'accorder aucun coup d’œil au chauffeur aimable qui venait de lui faire signe. Il rencontra au début une faible résistance puis la porte s’entrouvrit et racla dans un fracas épouvantable. Les insectes les plus proches, rats, araignées et autres, s'enfuirent à toute vitesse, dérangés dans leur sommeil ou dans leur chasse. Le hall n'était qu'un vieil amas de débris. Il commença l'ascension en prenant les escaliers en colimaçon. Il ne fallait pas se leurrer : si un jour il y avait eu un ascenseur ici, il ne serait sans nul doute pas en état de fonctionner. La plupart des marches étaient brisées, certaines semblaient encore pouvoir tenir, d'autres s'écroulèrent lorsqu'il prit appui dessus. Au bout de cinq longues minutes, après cette progression ardue, il arriva enfin au point de rendez-vous. Au quatrième étage, il s'arrêta sur le pallier d'un appartement avant de reprendre sa course folle. Il traversa le logis jusqu'à la salle à manger où était installé une très grande table ronde. Lorsqu'il entra dans la pièce, il put distinguer dans l'ombre douze silhouettes, assises en silence. Il prit place à son tour, sur le dernier siège vide et souffla quelques minutes pour reprendre un peu de consistance. Une minute après, il prit enfin la parole d'une voix forte et puissante. Personne n'avait jusque-là prononcé le moindre bruit.

« Bonsoir à tous. Je n'ai que très peu de temps à vous accorder en cette nuit d'hiver alors je serais bref. Tout d'abord, j'aimerais vous rappeler la raison de cette réunion : vous êtes tous présents ici pour l'application de l'opération 'Rapace'. Vous avez tous signé un document certifiant votre complète participation et loyauté. Dans le cas contraire, vous vous verrez renvoyé et soumis au silence. J'ai confiance en chacun d'entre vous. La moindre fuite peut vous faire couler. Nous nous sommes assurés pour que vous ne sachiez pas avec quelles personnes vous travaillez. La sécurité est absolue et vous n'avez strictement aucune chance de nous faire tomber. Nous sommes un groupe, nous sommes une famille et nous nous soutenons mutuellement ! »

Il fit une pause pour faire digérer ses paroles à l'ensemble de l'assemblée immobile. Il était primordial pour leur survie que tout le monde remplisse sa part du contrat. Ils ne pourraient supporter aucun échec.

« Vos ordres vous seront communiqués à travers cette carte électronique. Elle est munie de deux boutons : un appel de secours, SOS que vous pouvez utiliser en appuyant sur votre photo d'identité ainsi que d'un second affichage disponible au dos, après avoir frotté l'arrête droite pendant plusieurs secondes. Cet affichage vous permettra de vous indiquer les actions que vous devrez effectué, ainsi que le moment où vous devez le faire. Toutes les informations s'y trouveront. Pour l'appel de secours, une personne vous retrouvera deux heures après que vous l'ayez lancé, au même endroit où c'est faite l'activation. Il vaut mieux prévenir pour rien que de ne pas le faire ! Si vous voyez, entendez quoi que ce soit qui puisse nous être utile, faîtes nous en part immédiatement. L'opération commence dès ce jour, précisément le 23 novembre 20**, à deux heures trente trois du matin. Bonne nuit à tous et bonne chance. »

Patiemment, il attendit que tous les sièges se furent vidés. Il remit un à un les cartes électroniques. La pièce était désormais vide. Il prit son téléphone et composa un numéro.

« Tu m'entends ? Ils viennent de sortir. Répartis les hommes : deux pour un. Toutes leurs cartes sont sur écoute et nous permettent de les localiser. Supprimez chaque personne suspecte de nous trahir. »

Il coupa la communication puis descendit les escaliers. Le chauffeur était toujours là à l'attendre. Il ouvra la portière et entra dans le taxi de luxe.

« Vous êtes pile à l'heure ! Une minute supplémentaire et je partais. »

Le passager ne répondit aucun mot. Après que la voiture ait démarré, il dit :

« Tournez à droite. Maintenant, sortez de la ville par ce chemin là, lui répondit-il d'une voix glaciale. »

Ils prirent les petites rues et commencèrent progressivement à déboucher sur la campagne. Après une bonne demi-heure de route, il fit signe au chauffeur d'arrêter la voiture. Ils s'étaient stationnés sur une petite route au bord d'une pente ardue avec en contrebas ce qu'on aurait pu appelait un étang. L'homme sortit de la voiture par la portière de droite, en fit le tour et sortit quelques billets de sa poche de sa main gauche. Le chauffeur ouvrit sa fenêtre. Aussitôt, l'autre individu lui planta une seringue dans le cou et en versa le contenu. Le conducteur mourut presque immédiatement. Il s'efforça d'attraper son adversaire, sans succès. Il agonisa, tenta de bouger mais ses muscles lui refusèrent tout mouvement. Il jeta un regard à son assassin, rempli de pitié. Après un dernier soubresaut, la tête tomba sur le côté. Il était mort. Le meurtrier fit redémarrer la voiture, nettoya tous les endroits pour retirer toute trace de son passage puis la positionna dans le sens de la pente et lâcha le frein à main. Il alluma sa lampe torche et la contempla couler. Il attendit patiemment de la voir disparaître dans les eaux troubles. Lorsqu'il ne peut distinguer plus aucune trace de celle-ci, une seconde voiture arriva et s'arrêta tout près de lui. Il s'y installa et chuchota quelques mots au chauffeur :

« Rentrons à la maison, la journée a été longue. »

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Février 20**, quatre mois plus tard.

« Je n'en peux plus ! C'est inadmissible de m'enfermer dans cette prison ! Qu'importe les risques, j'irais donner cette conférence et personne ne m'en empêchera ! Je suis Président et je ne compte pas passer ma vie à me cacher ! Cela suffit maintenant ! Bientôt, je ne pourrais même plus sortir me promener dans mon jardin ?! C'est absurde !
- Monsieur le Président, s'il vous plaît, calmez-vous. Les risques sont trop importants. La dernière fois que vous vous êtes montré au public, vous avez failli vous faire tuer !
- Il faut savoir prendre des risques dans la vie !
- Mais c'est insensé !
- C'est votre protection qui est insensée, oui ! À quoi servez-vous ? Vous êtes payés pour faire votre job, non ? Alors faîtes-le et laissez moi faire le mien ! »

Soudain, la porte s'ouvrit, brusquement.

« Que se passe-t-il donc ici ? On vous entend crier deux étages plus bas ! Quelque chose ne va pas Monsieur le Président ?
- Oh François te voici enfin ! Sortez tous, allez, sortez ! »

Les domestiques et l'agent de sécurité sortirent et refermèrent les portes.

« Monsieur le Président …
- Arrête donc de m'appeler ainsi ! Nous sommes amis, voyons ! Vois-tu, cet agent de la sécurité, là, me refuse catégoriquement le droit d'aller à la conférence de presse que je dois donner ! C'est tout de même moi le Président, non ?!
- Je vous rappel …
- Oublie les bonnes manières cinq minutes, veux-tu ?
- Je disais donc … Je te rappel que ces mesures sont prises pour ta sécurité. Actuellement, nous n'avons pas les moyens d'assurer une sécurité parfaite. Tu t'exposes à des risques en sortant ! »

Le Président se tut quelques minutes. La présence de son meilleur ami et garde du corps le rassurait. Si il n'avait pas été là, il aurait été capable de tenir tête au chef de la sécurité mais maintenant que François, son ami d'enfance, lui tenait le même discours, il s'était résolu à l'écouter.

« Soit … Si vous êtes incapables d'assurer ma protection alors très bien, je n'irais pas à cette foutue conférence ! Footing demain matin sept heures ! »

Et il sortit en claquant la porte, furieux. Il regagna rapidement son bureau pour continuer à travailler. Depuis plusieurs mois, le président de la république était menacé et avait été victime de plusieurs tentatives d'assassinats. Il devait se cacher pour survivre désormais même s'il n'aimait pas cette idée. Hervé Charron avait pour habitude d'être proche du peuple, c'était un bon président. Tellement bon qu'on cherchait maintenant à le remplacer.
François Plisson médita quelques instants puis sortit à son tour de la pièce pour passer un coup de téléphone.

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Le lendemain matin.

« Je suis prêt, on peut y aller Monsieur le Président. »

Et ils sortirent en cette matinée d'hiver, faire le jogging hebdomadaire du président de la république, sous une température de -2° Celsius. L'un était en tenue adaptée tandis que l'autre courrait à sa suite, en tenue de travail.

« Pourquoi n'as-tu pas pu t'habiller comme un vrai coureur ?, soupira le Chef de l'État.
- C'est que je suis là pour assurer ta protection. Et avec ta tenue, je n'aurais pas vraiment d'endroit où mettre mon arme.
- Vous êtes combien sur ma protection matinale ?
- J'ai demandé à ce que l'on soit seul, tu te serais encore fâché sinon. »

Ils coururent pendant près d'une heure jusqu'à ce que François propose de rentrer.

« Nous ne devrions pas nous éloigner si loin. Allez rentrons maintenant Hervé.
- Je te le promets, on fait demi-tour dans cinq minutes. »

À peine eut-il prononcé ces mots qu'une voiture tourna brusquement au coin de la rue. Elle leur fonça dessus et deux tireurs pointèrent leur arme sur eux, fenêtres ouvertes. François ne réfléchit pas deux fois. Il poussa le président vers les seuls arbres à proximité et lui ordonna de s'abriter derrière. Il mit un genou à terre et sortit son pistolet et fit feu sur leurs assaillants immédiatement. Avant qu'ils ne puissent se mettre à l'abri, les ennemis tirèrent aussi. Ils avaient une artillerie plus importante : deux mitrailleuses avec une cadence de tir rapide. Mais ils furent pris au dépourvu par la défense si réactive. Un des deux hommes reçut une balle à l'épaule et lâcha son arme en s'écroulant sur le siège arrière de la voiture. Le second à l'avant continua son tir répété sur le président, une expression sadique sur le visage. Sa cible fut touchée. Avant qu'il ne puisse l'achever, une balle fit mouche dans sa poitrine et il s'enfonça à son tour dans son fauteuil. La voiture vira de sa trajectoire et regagna la route pour s'enfuir. François Plisson continua à faire feu jusqu'à ce que son videur fut déchargé au maximum. Il rata de peu la roue et sa balle pénétra la carrosserie de la voiture.

« Appel à central ! Appel à central ! Le président a été victime d'une attaque et est blessé ! Je répète, le président est blessé ! Nous demandons une ambulance immédiatement ! Nos attaquants sont en fuite dans une berline noire, immatriculée 2432 ZH 31 ! Je répète, voiture en fuite immatriculée 2432 ZH 31 !
- Appel reçu, nous vous envoyons du soutien immédiatement. »

Et la communication fut interrompue. L'ami du président couru vers lui.

« Tu es blessé, la balle t'a touché où ?, dit d'une voix inquiète François.
- À la jambe. Rien de grave.
- Laisse moi en juger par moi-même si tu veux bien. »

Après lui avoir fait un garrot, les secours arrivèrent. Le président fut emmené à l'hôpital pour être soigné. Une artère avait été touché et il avait perdu connaissance.

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La semaine suivante.

« Si je comprends bien, je suis désormais obligé de rester cloîtré chez moi ? Aucune conférence, aucune sortie, aucun …
- Je te rappelle que c'est la seconde fois que tu es victime d'une attaque. Ils te traquent même dans tes moindres activités ! »

Le Président se tut quelques minutes, désespéré par la situation.

« Je n'arrive pas à comprendre comment nous avons pu en arriver là.
- Tes ennemis ont des amis bien placés dans notre système apparemment. Tes moindres faits et gestes sont espionnés.
- Il faut que nous trouvions la ou les taupes qui nous ont infiltré. J'aimerais que tu nous organises une rencontre avec le premier ministre, le ministre de la défense, de l'intérieur, de l'économie ainsi que celui de la justice. Communique avec la sécurité pour établir une liste des éventuels suspects dans notre organisation.
- Je programme tout ça à quelle date ?
- Disons dans deux semaines. Que personne n'en sache rien, il ne faut pas que l'information soit diffusée. Faisons croire à nos ennemis que je suis vulnérable et que j'ai perdu tout espoir.
- Très bien Hervé. Passe une bonne soirée.
- Toi aussi François. Merci pour ton soutien. »

À ces mots, le garde du corps du Président sortit du bureau. Il se dirigea vers la sécurité.

« Je rentre chez moi, je compte sur vous pour que rien ne lui arrive. Je me suis bien fait comprendre ? »

Pendant ce temps, le chef de l'État avait rejoint Victoria, sa femme.

« Coucou chérie. Comment vas-tu ?
- Comment veux-tu que j'aille bien avec tous ses incidents ?, dit elle en grommelant. Je ne veux pas te perdre mon amour … Je tiens trop à toi.
- Tu ne vas pas me perdre, rassures-toi. Je compte bien ne plus prendre de risques et rester ici désormais, près de toi.
- Tu es formidable, chuchota-t-elle, un sourire aux lèvres. Ta jambe va mieux ?
- Je n'ai quasiment plus mal désormais. Les infirmiers ont été performants, ajouta-t-il en lui arrachant un nouveau baiser. »

Ils se déplacèrent à travers la villa, du bureau jusqu'à leur chambre à coucher, en s'embrassant. Une fois arrivé au pied du lit, la jeune femme le poussa légèrement sur le lit. Ils se déshabillèrent lentement et purent enfin profiter de ce moment magique. Depuis plusieurs semaines, ils n'avaient eu aucun répit, si bien qu'ils firent l'amour délicieusement, profitant de chaque seconde qui passait comme d'une étreinte éphémère.

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Dans un quartier pauvre le soir même …

La nuit était tombée depuis maintenant plus de deux heures. Il faisait si sombre … Quel fou resterait dans cet endroit humide, glacial et ténébreux ? Pourtant un homme était là, appuyé contre un mur. C'était un vieux bougre, aux cheveux blancs, à la peau sale et craquelée. Il n'avait sur lui qu'une chaude couverture, un pull usé et un pantalon trop petit par ce temps d'horreur. Comment pouvait-il dormir dehors par ce temps ? N'importe quel homme censé n'oserait accomplir l'exploit qu'il répétait toutes les nuits. Mais il l'usure le prenait petit à petit … et bientôt il finirait au cimetière. Pire, dans une poubelle si il avait de la chance. Il ne possédait pas de chaussures, ni de bonnets. Ses oreilles étaient gelés et le moindre contact aurait pu les briser.
La nuit n'était garni d'aucun bruit. Pas de sifflements d'oiseaux, pas de miaulements de chat, pas de cris d'enfants. Non, il était seul. Terriblement seul. Comment peut-on laisser un homme mourir de cette façon ? N'avons-nous plus aucune pitié ? N'y-a-t-il personne pour l'accueillir chez soi rien que pour une nuit ?
Soudain, un crissement de pneu retentit dans son ultime nuit. La voiture n'était plus très loin mais elle fit plusieurs tours de quartiers avant de prendre la rue où était le vieillard. Elle cherchait quelque chose. Quoi ? Lorsqu'elle passa à cinq mètres de l'homme endormit, elle s'arrêta brutalement. La porte de l'arrière coulissa dans un grincement criard. Deux hommes en sortirent. Ils étaient en lourdes vestes de cuir noir. Ils s'approchèrent de ce pauvre vieux et le saisirent chacun sous le bras. Lorsque la couverture s'ôta, une puanteur immonde s'empara des environs. Les deux colosses le ramenèrent dans la voiture dans un échange rapide :

« Même mon chien ne pue pas autant. Dégueulasse.
- Hahaha ! Tu parles, ta grand-mère a la même odeur. »

Et les deux hommes s'esclaffèrent et remontèrent à l'intérieur du 4X4 sombre. Le véhicule disparut en tournant. Il ne restait plus aucune trace du mendiant.

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Lendemain matin, résidence du premier ministre.

« Chérie, si tu continues, je vais être en retard, soupira Raymond Jaubert.
- Tu n'apprécies pas mes caresses ?, répondit-elle d'un air faussement vexé.
- Tu sais très bien que ce rendez-vous est important pour moi.
- Oh, ils peuvent bien attendre dix minutes supplémentes, je n'en ai pas fini avec toi mon amour ... »

Elle lui fit ses yeux doux. Elle savait qu'il n'y résistait jamais.

« Alors, ça ne fait pas du bien, hein ?, un sourire aux lèves. »
Et ils disparurent de nouveau sous les draps de soie. Soudain, la sonnette de la maison retentit.

« Diable ! Nous n'aurons jamais la paix !, s'écria-t-elle.
- Désolés, je dois aller ouvrir, c'est sûrement important …
- Soit, va-y ! »

Elle se leva, prit ses affaires et s'enferma dans la salle de bain, mécontente.

« Ah les femmes …, soupira-t-il une deuxième fois. »

Lui était déjà tout habillé, tout bien coiffé. Il se releva, traversa la cuisine et ouvrit la porte.

« Bonjour monsieur le ministre. Je viens vous remettre ce colis de la part du président.
- Merci Jack ».

Et il tendit les deux bras pour s'emparer de la boîte en carton. Ses manches remontèrent légèrement et une belle montre en or apparut à son poignet.

« Tu m'attends ? J'allai justement travailler.
- Bien sûr !
- Entre, tu attendras à l'intérieur. Il fait froid en ce moment.
- Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas vous déranger et je patienterais ici.
- Bien, céda-t-il. À tout de suite. »

Et il referma la porte, prit un couteau et ouvrit le paquet.

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Lien inconnu des simples mortels.

Quand le vieillard se réveilla enfin, il ne put distinguer que quelques sons inaudibles et lointains. La première voix était plus aigüe que la seconde mais les deux semblaient appartenir à des hommes. On l'avait drogué, il le sentait. Il tenta d'ouvrir les yeux mais il était bien trop affaibli. Il patienta alors quelques minutes pour pouvoir s'éclaircir peu à peu l'esprit et ainsi se rappeler de ce qu'il s'était passé. Aucun souvenir, c'était le néant. Il souhaitait que ce fusse temporaire. Une vingtaine de minutes s'écoulèrent à une vitesse arriérée. Ses forces lui revinrent peu à peu et il put enfin écarquiller ses lourdes paupières. Que faisait-il donc à l'hôpital ? Qu'avait-il put lui arriver ? Ce serait-il fait encore tabasser par les jeunes de son quartier ? Il observa plus attentivement la pièce dans laquelle il se trouvait et sa première impression fut très vite gommée. Il était allongé sur un lit à … Un lit ? Une vulgaire table de travail ! Son dos lui faisait mal, ainsi que ses jambes, ses dents et ses poignets. Il avait l'impression d'être engourdi de partout. Et ce n'était pas dû à l'effet de la drogue. Il pouvait apercevoir deux hommes en blouse blanche face à lui, derrière une vitre transparente. La porte d'accès semblait blindé vu son épaisseur. Il tenta de se lever mais une douleur le transperça. Il était attaché de partout. Des sangles l'empêchaient de bouger le moindre muscle. Même sa tête était emprisonné, si bien que son champ de vision était limité. Il dirigea ses yeux à droite, à gauche et remarqua une petite table de travail. Dessus était disposé toute sorte d'instruments : scalpel, petit marteau en fer, seringues, aiguilles, poches de liquide … Il y en avait bien trop et il ne put placer un nom sur chacun d'entre eux. Les deux hommes avaient fini leur discussion depuis quelques minutes. Dans sa contemplation, il les avait oublié et ne s'était pas aperçu de leur regard. Lorsque la porte se déverrouilla, il sursauta. Ils entrèrent. Leurs visages étaient cachés derrière leur masque de protection et ils ne pouvaient ainsi distinguer que leurs yeux. En quelques secondes, ils furent près de lui. L'homme de gauche tenait un miroir dans sa main.

« Notre patient est réveillé, regarde ! »

Sa voix était sarcastique et dépourvue de pitié pour l'homme qui agonisait de douleur et de peur devant lui.

« Nous t'avons fait une nouvelle beauté. Nous avons changé le pauvre clochard minable qui habitait cette peau ! »

Et son rire se répondit dans la salle comme une trainée de poudre. Ses yeux rencontrèrent le miroir et il observa son nouveau visage. Plus de barbe, plus de … La ressemblance le frappa. Il écarquilla les yeux.

« Le visage du Pré … Président ! Comment est-ce possible ?! Que m'avez-vous fait ?! Où suis-je ?! »

Il cria, se débattit de terreur mais les liens tinrent bon. Sa peur grandissait, seconde après seconde. Les chirurgiens pouffaient, prenant plaisir à torturer un pauvre homme comme lui.

« Bonne nuit ! En espérant que tu te feras à ton nouveau corps ! Hahaha ! »

Ce rire démoniaque emplit une nouvelle fois la pièce. Une aiguille se planta dans son bras droit et le vide revint. Trou noir.

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Devant le manoir du Président.

Le temps était sombre, le ciel brouillé de nuages et la pluie menaçait de tomber. La matinée était fraiche et on pouvait apercevoir quelques plaques de gel ci et ça. Les feuilles se cassaient en mille morceaux en tombant, la terre était dure mais encore humide par la rosée.
La limousine blanche et éclatante s'approchait de la magnifique demeure. Les freins sifflèrent légèrement lors de l'arrêt total du véhicule. L'intérieur était en cuir marron-beige et il était à la fois confortable et pratique.
Un homme en descendit : le premier ministre. Après avoir fini ses quelques tâches au travail, il était venu ici suite à la convocation du Président. Une seconde voiture arriva et se stationna non-loin dans la grande cour. De grands murs épais servaient de cloison à celle-ci. L'entrée était menée par un long chemin de sable jusqu'à la porte du manoir. Le portail était vieux et datait de plusieurs années. Il avait été rénovait de nombreuses fois pour l'empêcher de tomber. Les grilles étaient en métal et atteignait pratiquement cinq mètres de haut. Les voitures le traversait, les unes après les autres, pour se garer dans l'immense place. Au milieu, on pouvait distinguer une fontaine de dauphins et des lettres latines dessinées sur le bas du rebord de celle-ci. Elles s'effaçaient peu à peu avec le temps.
Le bâtiment était imposant : une multitude de fenêtres le caractérisait, toutes de formes différentes. Le verre semblait conséquent, si bien que le froid ne pouvait le pénétrer. Les hommes se saluèrent, ils étaient désormais au nombre cinq. Le premier ministre, accompagné d'Eric Becquet, ministre de la défense, Lionel Blanc de l'intérieur, Marc Delarue de l'économie et enfin Patrick Vallon de la justice. François Plisson vint à leur rencontre et les fit entrer.
L'intérieur était décoré de peintures, de tableaux. Pour réchauffer cette demeure, on avait appliqué des couches d'un liquide spécial sur les murs. Cela permettait ainsi de pouvoir garder la chaleur quand on en avait besoin et de ne pas faire passer le froid du dehors. Au toucher, on pouvait ressentir cette cordialité. Dès qu'ils furent tous entrés, la porte fut refermée et ils ôtèrent presque qu'immédiatement leurs lourds manteaux, impressionnée par cette fournaise. Quelques paroles furent échangés mais les visages contemplaient ce paysage magique et un long silence s'installa. On les fit monter au premier étage. Une porte s'ouvrit devant eux : une grande-salle, décorée pareillement, avec au centre une grande table. Celle-ci était carrée et on pouvait y faire asseoir au moins une quarantaine de personnes. Tout au bout se situait la place du Président. Il avait à côté de sa chaise un petit meuble en bois pour stocker les documents dont il n'avait plus besoin.
Les hommes furent invités à prendre place. On leur apporta à tous une boisson de leur choix. Une tisane au safran rouge pour certains, un café Kopi Luwak pour d'autres ou un thé Tieguanyin. Les discussions reprirent et le Président arriva une bonne heure après. Ses traits étaient tirés et on voyait qu'il manquait profondément de sommeil.

« Bonjour à tous, merci d'être venu. »

Les ministres se levèrent, il serra les mains une par une et puis s'assit et leur fit signe de faire de même.

« Comme vous le savez, je suis menacé depuis maintenant plusieurs mois. Ma vie est en danger et je ne peux plus diriger le pays comme je le voudrais. Je suis content que vous ayez tous pu venir car je vais ainsi pouvoir répartir les rôles que vous jouerez chacun dans les prochaines semaines.
- Si je puis me permettre, comptez-vous instaurer de nouvelles lois ?
- J'ai reçu à tous vos rapports et il serait en effet préférable que je le fasse. Nous sommes en crise messieurs et je veux y remédier.
- Êtes-vous sûr d'être encore apte à diriger ?, risqua le ministre de l'intérieur.
- Quand je ne le serais plus, c'est que je serais mort !, s'exclama-t-il en frappant du poing la table. Je me doute que certains veulent me voir partir mais je suis encore ici et je ne démissionnerais pas car des prétendus 'criminels' me traquent !
- Et je trouve d'ailleurs absolument dépourvu de sens que vous soyez toujours en vie, monsieur le Président. Si on voulait vraiment …
- Taisez-vous donc un peu ! Et écoutez ce que voulait nous dire le Président !, s'écria le premier ministre. »

Un silence s'installa dans la salle.

« Merci Raymond. J'ai en effet des directives à vous attribuer et j'aimerais bien que vous cessiez de m'interrompre avec vos absurdités. Marc, Lionel et Patrick je compte sur vous pour découvrir ses assassins. Et merci de vous appliquer sérieusement, j'aimerais bien être libre de faire de nouveau ce que je veux. Je veux aussi que vous vous assuriez que la protection dans les villes soient performantes de nouveau. D'après ce que j'ai lu, la police a tendance à trop se laisser faire … Si cela peut en dissuader certains, augmentez les délais d'emprisonnement et de travaux forcés pour les plus simples délits. Appliquez-vous également dans l'éducation. Nous devons instaurer de bonnes bases dans cette nouvelle génération. Eric, assure-toi de la qualité de nos relations avec les autres pays. Renforce-les pour être sûr qu'aucun état soit fou de se lancer en guerre contre nous. Ils pourraient être intéresser en connaissant ma position. Hervé … J'apprécie le travail que tu fournies, merci. C'est suffisant pour le moment. »

Ils parlèrent ainsi durant des heures … Tard dans la soirée, les ministres rentrèrent chez eux. Les limousines arrivèrent et les raccompagnèrent. Le ministre de la défense et de l'intérieur furent les deux derniers à monter en voiture.

« Vous souhaitiez donc me parler d'un certain dossier ?, dit Lionel Blanc après cinq minutes de silence.
- C'est exact. Chauffeur, pouvez-vous remonter cette vitre s'il vous plaît ?
- Bien entendu, monsieur. »

Une fois que cela fut fait, le ministre de l'intérieur reprit la parole.

« Alors ? De quoi s'agissait-il ?
- Du Président en personne et de votre place dans cette société.
- Pardon ? J'ai quelques peu de mal à vous suivre … Où allons-nous au fait ?
- Dans le dernier endroit de votre vie. »

En disant ces mots, Eric Becquet sortit un pistolet muni d'un silencieux.

« Ainsi, vous faîtes donc parti de ce complot …
- Et je suis loin d'être le seul. Vos actions commencent à nous gêner, vous nous empêcher d'endormir le Président comme on le veut.
- De l'endormir ?
- Oui, comme votre intervention lors de cette fameuse réunion qu'il a donné.
- Ainsi, vous ne souhaitez pas le voir mort …
- Oh si, bien sûr que si ! Mais nous attendons.
- Mais qu'attendez-vous ?! Cela fait des mois que vous le traquer !, rugit-il.
- Baissez d'un ton, vous n'êtes pas en mesure de faire quoi que ce soit ici. Je vous en prie, veuillez rester civilisé, très cher.
- Allez au Diable ! Sale traître ! Infâme ! »

Les insultes continuèrent à fuser. L'homme restait impassible. Au bout d'une vingtaine de minutes, la voiture s'arrêta enfin.

« Que se passe-t-il encore ?
- Vous descendez ici.
- Vous allez donc me tuer !, cria-t-il horrifié.
- Je vous l'ai dit : vous êtes gênants. Descendez. Maintenant.
- Jamais ! »

La porte s'ouvrit alors et le chauffeur empoigna le ridicule ministre par les épaules. Il le souleva et le projeta dans la boue. La pluie tombait drue. Le coup partit, suivit d'un second et enfin d'un dernier. Le ministre était mort. Le conducteur l'enroula dans un sac plastique et le transporta sur son dos. Ils disparurent. Le chauffeur réapparut cinq minutes plus tard, seul.

« Il finira pour pâture aux cochons. »

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De retour au manoir.

Le Président était resté sur le pallier de sa porte. Il avait regardé les limousines partir les uns après les autres. Il se doutait bien que tout ce qu'il venait de dire passerait rapidement dans les mains de ses ennemis. Qui pouvaient donc être ces traîtres ? Il contempla encore quelques instants la place. Puis il soupira et remonta dans son cabinet. Les serviteurs avaient déjà tout débarrassés. Mais où pouvez donc bien être sa femme ? Il jeta un coup d'oeil dans leur chambre mais elle n'y était pas. Il allait s’apprêter à fouiller les autres pièces du manoir lorsqu'il entendit une explosion. La porte où il se trouvait auparavant explosa. Il descendit en vitesse les quelques marches pour voir les dégâts. Des hommes s'engouffrèrent dans l'entrée, masques à gaz, mitraillettes à la main, tenue sombre pour les protéger. La sécurité sortit en trombe de leur emplacement. Il vit ses soldats se faire tuer d'une facilité déconcertante. Comment avaient-ils pu franchir tous les niveaux de sécurité ? Aucune alarme avait sonné ! En y réfléchissant, il s'abandonna à sa réflexion et se précipita vers le bouton de sirène le plus proche. Il cassa la vitrine en frappant dessus avec son coude. Le signal retentit dans tout le bâtiment et il appliqua instantanément la procédure de sécurité habituel. Des hommes couraient dans tous les sens autour de lui. Son ami François se précipita sur lui et l'aplatit à terre pour éviter une multitude de balle à son intention. Il le releva, utilisant sa force de colosse et se précipitèrent dans le bâtiment le plus proche.

« Nous devons vous mettre à l'abri monsieur le Président !, hurla-t-il pour couvrir les bruits d'explosion et autres.
- Où est Victoria ?, rugit le Chef de l’État.
- Elle se baladait dans le jardin arrière ! Nous l'avons déjà fait monter dans le véhicule de secours !
- Comment ?!
- Nous allons au bunker monsieur le Président ! »

Soudain, les vitres entières du toit explosèrent. La coupole de verre blindée se brisa en mille morceaux. Malheur aux hommes d'en dessous !
Son ami le tira et ils prirent l'escalier de secours. Deux assassins les suivaient, ils étaient poursuivis ! À la suite d'un virage, François se stoppa et fit signe au Président de continuer. Les hommes arrivèrent et il balança son coude. Celui-ci atteignit le premier homme à la tête, lui éclatant littéralement le nez. Il se jeta sur le deuxième homme et disparurent du champ de vision d'Hervé Charron. Le Président continua sa course effrénée, continua à courir pendant près de dix minutes dans ce tunnel sombre, seul. Lorsqu'il déboucha sur l'entrée, sa femme, accompagnée du premier ministre, l'attendait dans la voiture. Ils étaient tout comme lui, affolés. Des coups de feu retentirent juste dans son dos, au moment où il entrait au contact avec l'air. Par réflexe, il sauta en avant et effectua une roulade. Il grimpa dans la voiture et vit son ami François arriver peu de temps après. Une balle l'avait pénétré au niveau de l'épaule et ses vêtements étaient déchirés ci et ça.
Ils étaient enfin tous en voiture. Deux, cinq, sept hommes débouchèrent à leur suite et firent feu sur la voiture. Celle-là était parfaitement performante si bien que la carrosserie était encore intacte. François avait pris le volant malgré sa blessure. C'était probablement le meilleur ici en conduite. La voiture pouvait atteindre facilement les trois-cents kilomètres-heure. Les effets sur les passagers étaient quasi-inexistants. Au moment où le Président allait se réjouir de leur 'victoire', un groupe d'hommes apparut devant eux. Ils prirent à droite et sortirent du premier périmètre de 'sécurité' du manoir.
La concentration du conducteur était maximale, si bien que tout le monde n'osa prononcé ne serait-ce qu'un unique souffle. Ils étaient sur la route. Mais les ennuis étaient loin d'être réglés. Trois voitures les suivaient à la trace. L'un des hommes d'une des voitures sortit un gros engin qu'il appuyait sur son épaule. Un bazooka. Le missile partit. Le Président poussa un cri de terreur.
Celui-ci se rapprochait à grande vitesse. Le chef de la sécurité, François, appuya sur le bouton de contre-attaque. Il verrouilla la cible et un tout petit missile partit. Ils se percutèrent et explosèrent dans les airs. Ils traversèrent le deuxième champ de protection et rentrèrent dans le périmètre de sécurité du bunker. François lâcha une multitude d'étoile en acier pour crever les pneus de leurs poursuivants. Un véhicule ne put les éviter et il dévia sur la gauche puis s'écrasa contre un arbre. Les ennemis continuaient d'utiliser leurs mitrailleuses perfectionnés et une balle traversa la vitre blindée. Le véhicule tombait en miette !

« Nous n'allons pas tenir encore bien longtemps !, s'écria le premier ministre. »

Heureusement pour eux, la sécurité du bunker était en place. Ils espéraient tous qu'il fonctionnerait comme c'était prévu. Le Président allait s'interroger sur la présence mystère du premier ministre lorsqu'une nouvelle balle pénétra la protection de la voiture. Le bunker était le dernier endroit où le Chef de l’État pouvait trouver refuge. Il n'y avait aucun employé à l'intérieur et la nourriture abondante permettait de survivre pour plusieurs mois.

« Je ne reconnais pas cet endroit, où sommes-nous ?, s'écria le Président lorsqu'il fut sûr et certain qu'il ne s'agissait pas du vrai bunker.
- C'est une nouvelle version que nous avons fini récemment !
- Mais je n'en étais pas au courant !
- Nous vous raconterons tout à l'intérieur, il faut vous mettre à l'abri ! »

Ils dépassèrent la dernière barrière de sécurité finale. Ils sortirent précipitamment de la voiture pour s'abriter. Des hommes se précipitèrent sur eux. Les portes se déverrouillèrent et ils entrèrent. François prit soin de les fermer au moment où leurs poursuivants attaquaient.

« Enfin …, soupira Hervé Charron. »

L'intérieur n'était pas décoré mais il était par contre plutôt bien chauffé. Il n'y avait à leur disposition que quelques accessoires. Le bâtiment était plutôt petit mais il était sûr : personne ne pouvait désormais ni y rentrer, ni y sortir sans les codes de verrouillage.

« Comme vous dîtes Monsieur. Nous sommes enfin parvenus à vous coincer.
- Pardon ?
- Le plan a marché comme prévu. Vous êtes désormais coincés ici.
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! Que me racontes-tu ? »

Avant qu'il puisse dire un mot de plus, sa femme sortit un pistolet dissimulé sous son manteau. Elle tira un seul coup, en pleine tête. Le Président s'écroula, mort.

« J'attendais ce moment depuis si longtemps … Des années j'ai dû te supporter ! »

Victoria se précipita dans les bras de Raymond Jaubert et ils s'embrassèrent fougueusement. Ils se dirigèrent vers une trappe sous un tapi et l'ouvrirent. Un à un, ils se glissèrent à l'intérieur. Ils débouchèrent sur une pièce où était exposé de partout des visages du Président.

« Le pouvoir est entre mes mains ! »

Et ils rirent jusqu'à ne plus pouvoir s'arrêter.​
 
Dernière édition par un modérateur:

DeletedUser

Guest
C'est le 30 000 caractères, lui ? Je le lis dans la journée, un commentaire demain si j'ai le temps. Connaissant tes progrès par rapport à tes post sur Csertiona, j'espère être emballé. Et à première vue, ça devrait être le cas.
 

DeletedUser331

Guest
Mouais x) Tu m'fais peur là :eek:
Finalement il fait 36000 caractères et je sais qu'il reste des passages à retoucher.
 

DeletedUser331

Guest
Mise à jour & Ajout de trois textes :

La Déesse Shaalba​

« Que veux-tu en échange ? demanda-t-elle dans sa langue rude. »

L'amazone et le marchand échangèrent un regard intense. Elle avait les yeux bleus, les lèvres pulpeuses, une boucle d'oreille en forme de coquille perçait son lobe gauche et une longue chevelure brune tombait jusqu'au milieu de son dos, cachée par un voile rouge, de même couleur que sa longue robe, protégeant sa tête du soleil.
L'homme était âgé d'une trentaine d'années, il avait le crâne rasé mais des cheveux hirsutes des deux côtés, une barbe liait sa moustache et il possédait un visage râpeux ainsi qu'un long chapeau pointu aux bords ronds.
Ils semblèrent communiquer à travers ce regard. Ils s'étudièrent l'un l'autre un long moment. Au bout de quelques secondes, le marchand lui répondit :

« Rien de plus que ce qu'il ne vaut. Honore ta parole et tu seras récompensée. »

Nouveau silence, nouveau regard.

« Combien en as-tu ?, le questionna-t-elle d'une voix faible.
- Combien en souhaites-tu ? lui répondit-il à bride abattue.
- Une vingtaine.
- Je n'en possède pas autant. Vous n'en aviez pas commandés autant.
- Le nombre a changé. »

Échange rapide, long silence.

« Combien en as-tu ?
- Douze, comme vous l'aviez demandé.
- Très bien. Voilà tes deux peaux.
- Cet échange m'a été bénéfique. Je remercie ton Dieu pour cela.
- Merci Kosmas, chuchota-t-elle sans qu'il puisse l'entendre. »

À ces mots, la jeune femme déposa les peaux animales sur le vieux tapis de son interlocuteur. Elle se leva silencieusement, rangea les colliers dans une de ses poches, garda le dernier en mains et sans dire un seul mot, retourna à sa place.
Le jeune commerçant se remettait de sa première rencontre avec cette belle amazone. Il les voyait pour la première fois de sa vie et pourtant, il avait déjà passé un accord avec ces dernières, sans n'avoir jamais pu rentrer jusque-là en contact direct avec elles.
Elles étaient de farouches guerrières, jolies mais usées par la guerre et la chasse. On pouvait le lire sur leurs visages ainsi qu'au grand nombre de cicatrices que chacune possédait. Celle-là n'avait pas d'oreille droite et sur ses mains, on pouvait voir la trace d'un grand nombre de blessures.
Kosmas frissonna à la pensée de son corps nu, parsemé de balafres, toutes plus importantes les unes que les autres.

« Quelle drôle de vie elles mènent ! Quel gâchis, pensa-t-il en soupirant. »

Non loin de là, une troupe de soldats surveillait les échanges des marchands. Ils avaient chauds, la saison estivale n'avait pourtant toujours pas commencé mais la température était élevée pour un mois d'avril. Ils étaient tous pressés de finir cette journée. Le lendemain serait identique, ainsi que toute la semaine à venir. Celle-ci célébrait un événement spécial : la foire dans la capitale de Jahzia Elbada qui invitait toutes les populations à participer.
La ville s'organisait autour d'une double enceinte : la première et donc la plus grande ne possédait que trois entrées. Les murs étaient surveillés par des patrouilles qui effectuaient des allers-retours. Les portes quant à elles étaient protégées par une cinquantaine de gardes qui confisquaient les armes pour éviter tout incident.
Les soldats s'aperçurent de l'absence de l'amazone qui venait pourtant tout juste de regagner sa place et décidèrent d'aller questionner une ses sœurs. Les autres partirent fouiller les environs. Peut-être était-elle rentrée dans la cité, sans permission.

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Azaïma marchait dans les rues, paisiblement. Elle venait de quitter le commerce pour accomplir la mission que son Dieu lui avait destinée. Son Dieu, voilà son seul but dans la vie : Shaalba. Plutôt devrait-elle dire sa Déesse …
L'heure de l'opération approchait. Le soleil serait bientôt à son zénith.
La jeune femme décrocha deux piques métalliques de ses cheveux et les empoigna en mains, les cachant sous les manches de sa robe.
Elle entendit derrière elle une troupe de gardes qui interrogeait plusieurs passants.

« Ils sont déjà à ma poursuite ! Je vais devoir me dépêcher, grommela-t-elle. »

Elle sortit une petite carte de sa poche et regarda le point qui y était indiqué. Elle se mit à courir, essayant de se faufiler dans l'ombre des ruelles pour passer inaperçue. Les gardes s'étaient mis, eux aussi, à courir. Elle accéléra le pas et atteignit au bout de dix minutes l'emplacement précis. C'était une petite maison inhabitée. Elle n'entendait plus les bruits des lourds pas des soldats dans son dos. Elle frappa deux coups à la porte, patienta deux secondes, puis à nouveau trois coups.
La porte s'ouvrit sur ses amis, toutes des amazones pratiquement. On pouvait également voir des hommes de cette ville, des pauvres au vue de leurs vêtements.

« Entre ! Nous t'attendons depuis trop longtemps !, s'exclama la femme qui lui avait ouvert.
- Tu es poursuivie ?
- Oui, une petite troupe de soldats, répliqua Azaïma.
- Tu as les colliers ?
- Kosmas me les a remis comme prévu. »

Elle tendit la main et distribua un par un les colliers. Ils étaient un symbole important et renforçaient la puissance de la Toute-Puissante.

« Il en manque, se fâcha un des membres.
- Il n'était pas au courant des changements pour la commande, m'a-t-il dit.
- Hum … On fera sans, ce n'est pas grave, intervint une autre amazone.
- Il est l'heure d'y aller. Gardez le plan en tête et surtout n'oubliez pas que la transmission du poison prend une demi-heure. Fuyez avant que l'on nous remarque notre piège. »

Ils enroulèrent tous leurs pendentifs autour de leurs cous puis prièrent à genoux. Au bout de quelques minutes, ils se mirent à sortir un à un de la petite maison en chaume.

« Les gardes sont là. Éliminez-les. »

Dans la petite ruelle sombre, les soldats s'avançaient, épiant le moindre mouvement. Ils surveillaient chaque croisement de rues. Les initiés de la Déesse Shaalba les laissaient venir à eux. Ils étaient une trentaine de fanatiques contre une petite douzaine de soldats de la cité.
Les gardes ne purent rien faire. Les adorateurs se dissimulèrent si bien dans les ombres des ruelles et des toits que les gardes ne les virent pas. Les lames se plantèrent dans chaque recoin de leurs corps atteignable et le combat se termina rapidement. Un dernier homme, à genoux, supplia Azaïma de le laisser en vie. Lorsqu'il vit le serpent et la mort dans les yeux de la femme, il écarquilla les siens avec terreur. Il voulut courir et s'échapper mais l'acier l'avait déjà mordu. La pique que l'amazone tenait dans ses mains lui laissa une coupure sur le visage, profonde. Un coup sur la tête et l'homme s'affala sur le sol, inconscient. Lorsqu'il se réveillerait, la ville ne serait plus qu'un grand désastre.

Ils déplacèrent les corps en silence, rapidement. Ils reprirent leurs routes puis se séparèrent. Bientôt, Azaïma arriva dissimulée, en compagnie d'une autre fanatique, au milieu de la fête foraine.
L'opération commençait.

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Ahsmos et Hebeny, deux autres fanatiques, arrivèrent par l'ouest de la grande foire. Bientôt le nombre de passants se fit plus dense.
La femme et l'homme se regardèrent et se chuchotèrent :

« En avant ?
- Accomplissons notre mission divine ma chère amie. »

Et ils s'élancèrent, bousculant les spectateurs. Ils tenaient en mains deux longues aiguilles qui ne faisaient qu'effleurer la peau de leurs victimes sans leur infliger de douleur.
Ils venaient de les condamner.

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Azaïma préférait la discrétion. Elle était déjà recherchée par la police de la ville alors elle pensait qu'il était mieux pour elle de marcher. C'était bien plus discret mais aussi bien plus lent.
Elle et sa camarade amazone se rapprochaient du centre de la foule où elles pourraient contaminer un nombre maximum de victimes.
Les groupes étaient constitués d'au minimum deux fanatiques, par mesure de sécurité, qu'importait leur sexe.
Le plan avait été préparé pendant de longs mois. La commande des pendentifs, le repérage des emplacements de la garde ainsi que la mise en application de l'opération leur avait demandé un certain temps. De même, le poison enduit dans leurs lames avait requis une précision et une attente extrême. Ils avaient finalement réussi à acquérir suffisamment d'expérience pour passer enfin à l'acte. Ce moment tant désiré était arrivé et les fanatiques pourraient enfin satisfaire la vengeance de leur Déesse. D'après leur philosophie, les hommes n'avaient pas leur place dans ce désert. Cette ville serait détruite par ses habitants.
Ils tournèrent dans la ville pendant près de dix minutes puis commencèrent à s'éloigner. Il leur fallait évacuer au plus vite, leur survie en dépendait.

« Bientôt cette cité ne serait plus qu'un tas de ruines. Pauvres habitants, pauvres idiots. Connaissez la peur et la mort. Le règne de la Déesse Shaalba commence. Apprenez sa fureur, chuchota Azaïma. »

Un passant à proximité réussit à saisir quelques mots et écarquilla les yeux. Une pique vint lui transpercer la gorge et il finit sa vie dans un râle inaudible. Les passants aux alentours n'eurent pas le temps de voir l'agresseur et s'enfuirent, par peur.

« Qu'importe, vous êtes contaminés, marmonna Azaïma. »

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Les portes de la ville avaient été renforcées suite au meurtre de l'habitant mais les fanatiques avaient prévu leur fuite. Ils déclarèrent un incendie à proximité des lieux puis attendirent patiemment que la foule enrage et rouvre les portes de la cité.
La victoire était là, inévitable. La victoire finale.
Les gardes furent appelés en renfort pour maîtriser la population qui se révoltait. C'était le secret de cette arme que tenait en main Azaïma. Un poison lent mais très efficace. La piqûre ne provoquait presque aucune douleur, un simple effleurement permettait la diffusion du poison dans le corps de la victime. Le poison provoquait une montée de violence, de colère et de force chez la victime. Elle se mettait alors à frapper tout ce qui bougeait aux environs, ennemis, amis, famille … Les effets étaient surprenants, comme ceux d'une drogue hallucinogène : désorientation, vision déformée, peur, troubles émotifs, tremblements, agitation, panique, élocution insensée …

Azaïma faisait partie des Amazones depuis sa naissance, sa mère avant elle l'avait été aussi à la fin de sa vie. Mais peu à peu, la chasse à l'animal n'avait plus suffit à cette tueuse. Elle haïssait les hommes. Ils volaient leurs territoires et avait massacré sa famille.
Puis, il y a deux ans, elle avait rejoint un autre groupe, composé de femmes mais aussi d'hommes, ce qu'elle avait au premier abord, rejeté. Puis elle s'y était faite, comprenant bien qu'ils le seraient d'une aide précieuse dans cette mission divine.
La philosophie de la Déesse Shaalba correspondait parfaitement à ses propres espérances, si bien qu'elle s'était très vite distinguée comme l'une des meilleures, une des plus assidues.

Les fanatiques avaient réussi leur mission, sans problème, sans scrupule. Ils regardèrent au loin, de dunes de sables surélevées, la perte de la cité, la fuite de ses habitants et le meurtre de leurs ennemis.
Derrière les adorateurs, un gigantesque serpent apparue, sortant des tréfonds de la terre. Un serpent femelle. La Déesse Shaalba. Elle possédait une robe d'un brun rouge, ornée d'anneaux latéraux et de tâches sombres, comme le boa arc-en-ciel, mesurant près de trente mètres de long et vingt-cinq centimètres de large. Elle écarta les côtes cervicales pour sembler encore plus imposante. Son venin était le plus puissant du monde et prédisait une mort instantanée. En plus de ses crocs venimeux, elle pouvait aussi s'enrouler autour de sa victime et la tuer par étouffement.

« Vous avez réussi mes enfants. Je suis fière de vous, siffla-t-elle. »

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La ruelle était vieille, comme le prouvait l’architecture archaïque, mais elle se révélait également sombre et froide en cette nuit d’hiver. Restaurée récemment, sa profondeur due à l’élévation de la ville était désormais bien plus flagrante. Les boutiques y étaient rares, si bien que la plupart des bâtiments n’étaient que des habitations altérées par le temps. Au début de la rue, à droite, le plus grand immeuble n’était plus qu’un tas de vieux débris et se situait en dernière position sur la liste des réparations. Il devrait attendre encore quelques années probablement. Les rues de cette ville étaient dallées et recouvertes d’une fine couche de sable du désert. À gauche, la seule et unique boutique officielle du quartier : une simple pièce où l'on pouvait, à notre guise, acheter des épices et un peu de nourriture, certes peu variée, en faible quantité et à un prix élevé.
Plus loin dans cette rue, quasiment au bout de cette dernière, après de nombreux logements habités par des mendiants principalement, une deuxième boutique se situait là, encore inconnue des forces de police, et vendait des armes diverses, allant de la simple dague à des instruments plus sophistiqués et plus mortels. En face de ce commerce, le dernier immeuble était composé d'uniquement deux fenêtres. L’architecture était simple et grossière. Il était constitué de deux étages et d’une multitude de pièces, certaines juste assez grandes pour pouvoir y faire tenir un lit simple. Au rez-de-chaussée, la plus importante salle était habitée par un vieillard et sa petite fille. Il lui racontait de courtes histoires pour l'aider à s'endormir en ces lieux dangereux et insalubres. Cette fois-ci l'enfant s'était fait bercer par une légende évoquant la destruction d’une ville par ses habitants, rongés par la folie.

Un lien spécial​

Forêt de Circyl

La route à la sortie de la ville de Costle était pavée de pierres sur à peu près cent mètres et était large d'environ seize pieds. Peu après la fin du dallage, elle ne ressemblait plus qu'à un chemin puis, si l'on s'éloignait davantage, elle devenait un sentier pour enfin disparaître dans une multitude d'herbes hautes et de plantes de toutes sortes.
Non loin de là, la lisière de la forêt était en vue. Qu'importait la position, une seule et même personne ne pouvait espérer apercevoir l'entière étendue de celle-ci. Au derrière, elle s'allongeait pour ne faire qu'un avec la montagne, elle dépassait même celle-ci et c'est pourquoi aucune limitation n'avait jamais pu être clairement définie. Sur les cartes, elle apparaissait le plus souvent sous forme d'une très grosse et vulgaire approximation qui se révélait la plupart du temps totalement fausse.
Si l'on entrait et que l'on s'avançait un peu pour s'approcher du cœur de la forêt, on pouvait remarquer un brusque changement de densité, les arbres se faisant plus espacés.
Je n'ai guère besoin de vous prévenir que cette forêt est la plus dangereuse qu'il soit. Si un jour, vous avez la folle idée d'y entrer, je vous conseille fortement de ne pas y demeurer longtemps. Outre le fait que vous pouvez vous perdre, vous finirez bien avant par être dévoré par des bêtes sanguinaires. Si toutefois vous arrivez à éviter ces dangers, je ne parierais toujours pas sur votre survie. Tôt ou tard, vous mourrez, que ce soit en finissant de nourriture aux asticots ou la tête au bout d'une pique. Personne n'a jamais su qu'il existait une race d'homme dans cette forêt, des hommes différents, des hommes sauvages. En fait si, certains ont le pu découvrir par eux-mêmes. Mais cette découverte est morte en même temps que la vie quittait leurs corps, quelques minutes après. Rien qui ne puisse vraiment alerter qui que ce soit … Ces hommes étaient les seuls à avoir su résister et survécu et maintenant, ils s'étaient totalement adaptés à leur environnement. Ils étaient devenus l'unique clan d'hommes de la forêt.

Non loin du pied de la montagne, un éboulement avait récemment eu lieu et avait ainsi entraîné la chute de deux arbres. Sur la droite de la scène se trouvait un puits dans ce que l'on pourrait appeler une place. Les arbres avaient été coupés et ainsi cet amoncellement était au centre même d'un cercle. En face, le début de la montagne était clairement visible, d'une part grâce à la forte abondance de rochers et d'autre part car c'était à cet endroit là que l'inclination commençait, d'abord douce puis plus abrupte. À gauche et au derrière, la vue était bloquée par de hauts bosquets qu'on aurait peine à traverser.
Pourtant, une masse sombre s'y engouffra et traversa cet épais mélange de feuillages et de branches. Celle-ci possédait une forte stature et n'était de tout évidence, pas un être humain. Elle mesurait dans les soixante dix centimètres de haut et bientôt, ses traits se dessinèrent et elle vint s'exposer à lumière, devenant petit à petit une bête sauvage. D'abord, nous pûmes apercevoir sa tête, sans trop de précision, puis son buste et enfin ses deux pattes de devant. C'était un loup, un magnifique loup. Il possédait des yeux de couleur jaune doré, en amande, des dents acérées répondant au nombre d'une quarantaine, deux oreilles droites en forme de triangle et enfin avait une marque de blanc très particulière du bout de son nez jusqu'au milieu de ses esgourdes. Son pelage était composé de deux couleurs alliées : du marron clair et du gris tandis que ses pattes teintaient dans le beige.

Raïjïn avait bientôt deux ans et était le plus jeune de son clan. Il avait de nombreux frères et sœurs mais tous plus vieux que lui. Son choix à lui était déjà pris, il quitterait bientôt le clan de son ascendance pour aller en rejoindre un autre et ainsi pouvoir fonder sa propre famille.
Riku était le chef du clan mais c'était aussi le loup le plus ancien et le plus fort. Jusqu'à maintenant, il avait réussi à écraser chacun de ses adversaires en d'un combat singulier. Mais la vieillesse l'emportait et il se sentait faiblir, jour après jour. Il devrait alors laisser sa place après plus de treize ans de règne. Grâce à lui, leur nombre avait quasiment doublé en cet espace : ils étaient bien plus nombreux qu'avant et avaient accueilli au fil des années un total de neuf loups d'autres clans. Ainsi Riku verrait bientôt sa descendance le quitter. Seul un de ses enfants de chaque sexe resterait pour assurer la lignée du clan. Ils le devaient et le feraient. Ainsi avaient été choisis Aeris et Shura pour rester aux côtés de Riku et Saphira. Le chef du clan était en couple depuis ses trois ans et le resterait jusqu'à la fin de sa vie, avec la même femelle.
Raïjïn était un mâle d'une force impressionnante. Il avait hérité de la plus grande puissance et pesait donc dans la quatre-vingtaine pour une taille de cent trente centimètres de longueur. Il courrait également à la vitesse moyenne de trente cinq kilomètres heures et pouvait atteindre les cinquante cinq au meilleur de sa forme.
Le territoire de son clan s'étendait sur des kilomètres à la ronde, une quinzaine à peu près et ils pouvaient ainsi tous communiquer par hurlement la nuit. Ils affrontaient régulièrement d'autres clans pour pouvoir agrandir leur lieu de chasse et ainsi pouvoir affirmer leur autorité et leur force. Malgré cela, ces loups vivaient paisiblement, en tranquillité et ils étaient craint dans cette forêt. L'homme n'avait jusqu'à maintenant fait que se soumettre mais cela allait rapidement changer …

C'était lors d'une belle matinée d'hiver. Le clan de Raïjïn était éparpillé un peu partout dans la forêt. Ce dernier se baladait à une dizaine de mètres de la lisière de la forêt. Il était partit à la chasse depuis près d'une demi-heure et avait rapidement repéré les traces d'un cerf. Enfin il le tenait ! Il s'apprêtait à bondir quand il entendit des voix, non loin. Ce n'était pas le son habituel des hommes de la forêt, ce son grave et entrecoupé. Celui-ci était fluide, plus fort, plus aigüe. Le loup inclina ses oreilles dans la direction, toujours prêt à bondir sur une proie qui était partie depuis une bonne minute. Il demeura accroupit puis se mit debout pour mieux distinguer les sons.
C'était sûr, ces gens là étaient des étrangers. Il se précipita dans la direction, esquivant les arbres, sautant par dessus les arbustes. Il fixa précisément cette masse difforme qu'il voyait au loin et aiguisa ses sens. Bientôt, il put compter un, deux, cinq, dix, vingt, cinquante hommes qui venaient dans leur direction. Ils n'avaient pas un assez bon point de vue pour pouvoir être plus précis. Dépassait-il les cent ? Ceux-là étaient des brutes, pas les discrets hommes des bois. Riku lui en avait parlé déjà, à de nombreuses reprises et il l'avait mis en garde contre leurs armes et leurs manières. Ils n'étaient que des sauvages qui s'attaquaient à n'importe quel animal. Ils tuaient sans retenue.
Le loup s'avança encore un peu lorsqu'il surprit un mouvement sur sa droite. Aussitôt, il se baissa pour disparaître derrière un buisson épais.
Il y avait là un autre homme, beaucoup plus discret. Il se faufilait dans les arbres quasiment sans bruit. Régulièrement, il faisait des signes à un autre homme, quelques pas derrière lui.
Raïjïn se rendit bientôt compte qu'il était entouré. Heureusement qu'il s'était infiltré discrètement sinon, il ne serait probablement pas dans une situation si aisée.
Un homme passa à quelques mètres de lui, sans le voir. Il ne savait pas comment il devait réagir. Devait-il les fuir et demander conseil à son clan ? Qu'elles étaient les intentions de ces hommes là ?
Soudain, un hurlement résonna dans la forêt. Il vit toutes les têtes des hommes tourner dans la direction. Mais lui, il le connaissait ce bruit. Une ourse qui protège ses oursons. Il vit l'homme proche de lui tirer une arme d'un étui en cuir qui pendait le long de sa jambe gauche. Maintenant il savait. Ces hommes étaient dangereux. Il en était presque certain.
Il releva discrètement la tête et vit l'ourse en question. Il vit le combat qu'elle menait contre plus de huit hommes. Elle n'avait aucune chance mais elle pourrait infliger des pertes. Il fallait qu'il lui vienne en aide sinon toujours plus d'ennemis afflueraient vers elle. Même entre animaux, il existe un lien d'entraide. Un lien contre l'homme et ses dangers.
Raïjïn passa à l'action. Il était désormais assez proche de l'homme. Il lui sauta dessus, hurlant, et lui arracha une bonne partie du coup. Avant que le corps ne tombe à terre, l'éclaireur était mort. Désormais, toutes les têtes étaient tournés vers lui. Une flèche fusa dans sa direction mais le tir n'était pas assez précis. Il toucha un arbre à plus de quatre mètres à côté. Le loup en colère, fonça tout droit vers un autre homme. Ce dernier ne le vit qu'au dernier moment, lorsque le loup sauta d'un bosquet tout proche. Il lui laissa une marque très profonde de crocs dans la jambe et repartit, tout aussi rapidement.
Il fallait qu'il sorte de ce cercle dans lequel il était bloqué. Il aurait pu le faire silencieusement et rester invisible mais la famille ours avait besoin de lui. Il entendit un deuxième cri, probablement celui du mâle ours.
Il revint à lui rapidement, plus rapidement que sa prochaine cible. Celle-la également ne vit que l'énorme masse l'écraser de tout son poids et le mordre à plusieurs reprises. Le festin fut rapidement finit. Il repartit et fit rapidement une percée dans le cercle des hommes. Le dernier lui posa plus de problèmes que les précédents. Celui-ci était prêt et il l'avait entendu arriver. Raïjïn allait lui sauter dessus lorsqu'il vit l'arme qu'il tenait dans la main. Une expression de peur passa sur le visage de l'homme. Le loup attaqua sauta sur le côté et mordit son ennemi au mollet. Il n'avait pas pu donner plus de force à son premier coup car son adversaire était réactif et il avait balancé sa main dans sa direction presque qu'immédiatement après le bond de l'animal. Un autre homme arrivait derrière. Un homme qui s'attendait à trouver un camarade au prise avec un ennemi. Erreur monumentale.
Raïjïn avait rapidement disparu du champ de vision de sa proie actuelle. Il réfléchissait vite et en quelques mouvements il fut sur l'homme qui accourait à l'aide de son ami. Il déchira son côté gauche en laisse une profonde marque de griffes. L'homme tomba à genoux en hurlant de douleur. Il fut mort quelques instants après, quand l'animal revint à la charge dans son dos. Mais une lance se planta trop proche de son corps. Elle lui arracha quelques poils, sans plus de dommage. Le coup avait été là pour le faire fuir et elle avait probablement été lancée au hasard. Un coup qui réussit à lui faire peur. Il se remit à courir, à fuir plutôt. Le nombre d'ennemis grandissait trop vite. Tandis qu'il se pressait de retourner vers son clan, il fut bientôt nez à nez avec deux hommes brandissant deux lances. Il les évita de justesse. Il fut aussi surpris que ses deux assaillants de cette brusque rencontre. Il les contourna et bondit à nouveau sur l'un d'eux. Il fit pivoter son bassin vers la droite pour donner un coup de hanche au deuxième. Se grouper était vraiment bien plus dangereux. Le premier mourut, la gorge arrachée. Le second s'étala par terre, assommé.
Raïjïn ne put le tuer car trois autres hommes arrivèrent vers lui, trop vite. Il les esquiva du mieux qu'il put mais une flèche vint se planter dans son flanc. Cette blessure n'était pas trop importante et ne l'empêcherait pas de courir. Il fut vite hors de portée. Il allait se décider à rentrer quand il se rappela la fâcheuse position de la famille ours. Il devait s'assurer de leur sort. Les hommes les combattaient-ils encore ? Il s'approcha pas à pas de l'endroit où il les avait vu la dernière fois. C'était une véritable boucherie. Les corps avaient disparus, traînés d'après les marques sur le sol. La famille ours n'était plus de ce monde, c'était certain. Il voulut se retourner mais ne vit que trop tard l'attaque qui lui était destinée. Elle allait le pénétrer en plein sur son côté droit mais une autre arme vint le défendre, bloquant la lance ennemie. Un homme de la forêt venait d'apparaître devant lui. C'était une femme en fait. Elle avait réussi à coincer la lance à l'aide de deux haches. L'ennemi fut désarmé et reçut un violent coup au travers de l’œil qui le tua sur l'instant même. Deux autres hommes ne purent rien faire. La femme avait lancé ses deux hachettes dans leur direction. Le nombre de victimes s'éleva aussitôt à deux supplémentaires. Raïjïn et sa protectrice s'adressèrent un regard complice. Désormais, ils étaient liés. Il lui devait une vie. Elle disparue aussi vite qu'elle était arrivée, grimpant à l'arbre duquel elle était descendu. Le loup fit de même en prenant la fuite par la voie terrestre et bientôt, le groupe des hommes s'était reformé et ils contemplaient deux autres de leurs amis sans vie.

Raïjïn était de retour au camp. Son père lui avait extrait le bout de la flèche presque inoffensif qui était resté dans son corps lors de son combat. Il lui avait raconté sa lutte pour survivre et aider la famille des ours. Le chef du clan était maintenant pensif. Il avait appris par de sources sûres que leurs ennemis étaient repartis. Pourquoi n'avait-il séjourné qu'un jour dans la forêt ? C'était la première fois que des humains arrivaient à en sortir. Cela l'intriguait vraiment. Il décida tout de même d'organiser une réunion des différents clans de loups.
La réponse ne mit pas longtemps à revenir. Certains avaient refusé en prétextant que ce n'était qu'une erreur, d'autres ne voulaient se risquer pas à abandonner leur territoire pour une alerte qui pouvait se révéler fausse. Les mobiles s'enchaînaient, toujours plus choquants les uns que les autres. Comment les chefs pouvaient-ils douter de la véracité des propos d'un des leurs ? Leur puissance les avait aveuglé. C'était l'avis du clan de Riku. Bien que les corps des hommes tués n'avaient pas été trouvés et qu'il ne restait plus que des tâches de sang, cela n'expliquait pas cette soudaine inconscience. L'évènement qui était le plus marquant était la disparition de la famille de l'ours. Mais celle-ci avait été expliquée brièvement avec un quelconque motif.

La crainte du clan du loup se révéla très vite, trop vite, justifiée. Quelques mois plus tard, en début avril, par une journée de plein soleil, vers les coups de dix heures, les hommes revinrent. Leur nombre n'avait pas doublé, ni triplé. Ils étaient dix fois plus nombreux et s'étaient dispersés sur de grandes zones. Si Raïjïn avait dû évalué leur nombre, il l'aurait estimé à près un millier.
Un millier d'hommes, cela avait de quoi faire peur. Tous les animaux tremblaient devant la puissance de leurs ennemis. Le plus effrayant était peut-être le nombre d'armes. Arcs, épées, dagues, tout cela pouvait se combattre. Mais que pouvaient-ils faire face aux engins de siège qui se présentaient maintenant à la lisière de leur bien-aimé forêt ? Leur efficacité fut très vite démontrée : un lourd objet s'envola du trou dans lequel il se situait et s'abattit près de dix mètres plus loin, après avoir défoncé plusieurs arbres. Heureusement, leur nombre était limité : les hommes n'en possédaient apparemment qu'une dizaine. Tous les animaux se joignirent en groupe de même appartenance pour lutter. Un grand nombre proposa de fuir mais les plus vieux s'opposèrent farouchement : leur forêt c'était leur vie et le nombre d'ennemis n'importait que peu. Ils préféreraient mourir plutôt que de céder leur territoire, leur seul et unique lieu d'existence.
En début d'après-midi, les hommes gagnèrent du terrain encore plus vite qu'ils ne l'avaient fait auparavant. Les maigres résistances qu'ils rencontraient les rassurer et ils pensaient que leur conquête serait finalement bien plus facile qu'ils ne l'avaient imaginé.
Mais dès que le soleil commença à décliner, ils virent des hordes entières les assaillir. Des tribus entières d'animaux venaient leur causer de sérieux dommages. Le moral des troupes diminua en flèche mais ils tinrent bon et repoussèrent la défense qu'on leur opposa.
Les animaux ne pouvaient communiquer entre eux aussi bien qu'ils l'auraient souhaité. Souvent, les groupes d'assauts étaient désorganisés et les attaques se révélaient ainsi infructueuses.
De plus, certains bestiaux étaient avantagés de nuit, comme les loups et c'est pourquoi, la grosse offensive opta vers les deux heures du matin. Toute la soirée, les hommes furent harcelés sur différents fronts. Les pertes commençaient à être considérables pour les deux partis, plus pour les animaux. La force de groupe des hommes était impressionnante.
L'attaque vint, comme prévu. Les loups s'étaient rassemblés pour attaquer la partie gauche du groupe d'ennemis, mais demeuraient tout de même assez loin de la fin du côté.
Raïjïn se trouvait dans les dernières lignes. Les sages avaient décidés de lancer d'abord les loups les plus vieux car les pertes se révéleraient moins graves. Malgré cette décision, les plus jeunes n'attendirent pas et se battirent aux côtés de leurs familles, leur apportant un soutien non-négligeable.
Raïjïn s'élança alors que la lutte avait déjà commencé depuis une ou deux minutes. Le combat fut violent et il vit beaucoup de ses amis, de ses frères, beaucoup de loups et autres animaux trépasser.
Les heures passaient et les rangs ennemis ne semblaient pas s'atténuer. L'aurore pointa très vite le bout de son nez. L'avantage qu'avait les loups disparut mais le combat ne se fit pourtant pas plus désavantagé.
La guerre fut bientôt à son acmé. Un court moment, Raïjïn se retrouva seul contre cinq adversaires. Il était fatigué mais restait vigoureux. La haine qu'il nourrissait envers ces êtres cruels était sans appel et semblait infini. Il s'élançait, se repliait, mordait, arrachait de la chair et parfois même des membres entiers, hurlait, griffait, tuait. L'affrontement persistait et le jeune loup récoltait moultes blessures, toujours plus graves les unes que les autres. Il suait et son sang séchait rapidement. Bientôt, son pelage ne fut plus que de couleur rougeâtre, remplaçant les tons marrons-gris habituels.
Parmi les cinq hommes qui se tenaient auparavant face à lui, il n'en restait plus que deux. Sa première victime s'était écroulé après avoir perdu la moitié de sa jambe droite ainsi que d'avoir la gorge lacérée par la bête. La seconde avait perdu sa lance et s'était enfui, par peur. Le troisième avait tenu bon et lui avait causé une autre blessure dans le flanc. Les deux derniers l'épuisèrent très rapidement. Il fut bientôt encerclé et crut que sa dernière heure était arrivée. Heureusement pour lui, il finit par sortir de ce mauvais pas, non sans mal.
L'homme face à lui le menaçait de la lance tandis que celui de derrière attaqua avec une épée. Il esquiva le coup et saisit le bras de son antagoniste avec ses canines pour le lui laissait une marque profonde. Il n'eut le temps d'échapper à l'attaque de la lance. Celle-ci s'enfonça dans sa patte droite et Raïjïn ne pouvait désormais plus sautillait. Pendant qu'il eut fini d'arracher la gorge du premier, le second avait récupéré sa lance. Il lança un coup et elle se planta dans la terre. Avant qu'il ne puisse la ramener à lui, le loup balança sa patte arrière pour en briser le bois. Son ennemi était désormais désarmé. Il tenta de fuir mais ne fut pas assez vif.
Une flèche vint se planter quelques secondes après dans la chair du canidé. Cette fois-ci ce fut son épaule qui fut touché. Il allait s'écrouler au sol et s'enfuir quand il vit sa proximité avec l'archer. Celui-ci n'était pas très loin mais il possédait une arme à distance, redoutable quand la mobilité de la bête était plutôt mince. Raïjïn se remit en mouvement, malgré sa faiblesse et il approcha bientôt de sa cible. Trop près. L'homme l'avait vu venir et avait ramassé une épée à ses pieds. Il l'attendait de pied ferme et s'apprêtait à donner un coup circulaire qui trancherait la tête du mammifère sauvage. À la place, une hache lui ôta l'arme des mains en sectionnant son coude qui tomba au sol dans une giclée de sang. À la vue de cette blessure, le loup reprit confiance et s'apprêtait à se relancer dans le combat. Il remarqua les traits de jeune homme sauvage. C'était une femme de la forêt celle-là. Une femme qui lui avait déjà sauvé la vie. Il mit plusieurs secondes à la reconnaître. Son esprit était embrumé dû à son épuisement. Bientôt, ce ne fut pas qu'une sauvage qu'il vit mais toute une horde d'hommes et femmes de la forêt qui s'abattirent sur leurs ennemis.
Raïjïn voulu se relancer mais la fatigue et la douleur l'emportèrent. Il flancha et s'évanouit. La guerre continuait autour de lui et la dernière chose qu'il vit, ce fut son amie qui le porta pour l'éloigner d'éventuels dangers. Une fois qu'elle l'eut déposée à terre, elle s'empara à nouveau de ses deux hachettes et partit se battre.

Lorsque Raïjïn se réveilla, il était confortablement installé dans un amas de feuilles douillé. Il pouvait voir des bandages là où on l'avait blessé mais il ne reconnu pas immédiatement l'endroit. Les échos des blessés résonnaient toujours dans le crépuscule. La bataille était-elle finie ? Il voulu se relever mais fut pris de hauts de cœur et resta couché encore un peu. Il vint à remarquer que de la viande, de la chair fraiche, avait été déposée non loin de lui, à bout portant de ses canines. Il l'attrapa et l'engloutit, lentement d'abord, pour profiter du goût mielleux du sang dans sa bouche. Il vit également à côté quelques fruits qui poussaient dans la forêt, des baies principalement. Il aimait bien en manger à de rares occasions car ils facilitaient sa digestion et avait un goût plutôt plaisant. Il en avala quelques-unes et attendit de se sentir mieux pour oser se relever.

Raïjïn se réveilla pour la seconde fois, au milieu de la nuit. Finalement, le sommeil l'avait emporté à nouveau. Il se mit debout et tenta de s'appuyer sur sa patte. La douleur n'était pas trop forte et le voyage serait donc possible. Il ne vit aucune trace, aucun message de la femme qu'il l'avait sauvé.

Enfin le loup était parvenu jusqu'à son camp. Le malheur faillit l'emporter quand il vint à déplorer les nombreuses pertes. Sur les quinze membres de son clan, sans compter les enfants de Riku et Saphira, les loups morts s'élevaient à douze. Ils n'étaient donc plus que huit : trois membres survivants, lui-même et un de ses frères ainsi qu'Aeris et Shura qui ne s'était battus pour assurer la descendance. Les efforts devront être importants dans les prochaines années pour remonter ce nombre. Heureusement, un peu avant le levé du jour, son père revint avec un autre membre du clan ainsi qu'un de ses fils. Ils étaient encore onze donc plus que cinq membres du clans. On le tint au courant des nouvelles : les hommes étaient en déroute mais le champ de bataille était un véritable carnage. Sans les hommes sauvages, ils n'auraient pu gagner. Loués soient-ils.

Raïjïn eut besoin de beaucoup de repos, comme beaucoup d'entre eux. Pourtant, quand il revint à lui, il ne put trouver les membres du clan. Aeris le prévint de la vengeance des clans du loup.

Le soleil brûlant déclinait et disparaissait progressivement derrière les hautes montagnes. La caverne souterraine paraissait sombre si bien qu'il eût été improbable que quiconque veuille s'y engouffrer. Il était sans doute impossible de discerner la profondeur de cette cavité ténébreuse et la pierre semblait rugueuse et l'odeur était âcre et le froid intense s'imprégnait à jamais dans nos vêtements et dans notre peau.
Pourtant, non loin de là, nos deux voyageurs insolites approchaient, guidés par un air de musique. L'un d'entre eux chantait d'une voix puissante et grave tandis que l'autre l'accompagnait à la flûte, avec une mélodie fluide et agréable. Le plus grand, qui jouait de l'instrument, portait des chausses vertes attachées à un pourpoint blanc et des souliers marrons. Il n'avait que cette légère tunique, des braies courantes, une fine ceinture grise et une épée effilée de soixante-dix centimètres, protégée par un fourreau en bois, située le long de sa jambe gauche tel un chevalier. Il devait approcher de la trentaine, ses cheveux étaient noués en queue de cheval et on pouvait apercevoir quelques rides naissantes sur son visage. L'autre était plus jeune, peut-être un peu moins de la vingtaine, déguisé comme un troubadour avec un vieux pantalon collant et troué par-dessous une jupe, un simple gilet en cuir à manches courtes, une cape de couleur marron tombant jusqu'à ses fesses et de vieilles babouches pointues.
Tous deux continuaient de s'avancer en direction de la grotte. Lorsqu'ils furent à son niveau, ils firent une rapide pause puis y pénétrèrent après une brève discussion. Leurs pas étaient assurés en ce lieu malsain. L'éphèbe avait arrêté pour un court moment de jouer de son instrument et avait dégainé deux longs poignards, un dans chacune de ses mains. Les deux hommes se prenaient bien souvent dans les bras, marchaient collés l'un à l'autre, riaient, s’esclaffaient, s'amusaient, comme deux enfants prêts à faire une blague. Par d'autres moments, ils simulaient des coups portés à des créatures inexistantes ou brandissaient leurs armes pour faire face à des menaces invisibles. Depuis l'entrée de la grotte, le chevalier avait allumé une lampe pour qu'ils puissent avoir une source de lumière, certes faible mais tout du moins présente. Cette dernière chancelait néanmoins de plus en plus à chaque minute et bien heureusement, ils en avaient apportées plusieurs. Elle apportait également une chaleur aux deux hommes. Plus ils s'enfonçaient sous terre, plus la température était élevée.
Ils cheminaient à travers l'ombre depuis bientôt deux heures lorsqu'ils firent la rencontre d'une première âme errante. Cette dernière eut peur en voyant de simples mortels. Peu à peu, les deux héros se sentirent épiés à travers les ténèbres et le nombre des créatures s'accrut. Elles furent bientôt des milliers à les observer et nos deux compagnons durent se frayer un chemin en les menaçant de leurs armes. Les créatures, femmes et hommes confondus, avaient les visages horribles, leurs yeux étaient boursouflés, leurs bouches démesurées, leurs dents acérées, leurs mains aboutissaient à de très longs ongles fins, leurs corps frêles tremblaient, leurs pieds d'une noirceur absolue se mêlait parfaitement à l'obscurité du lieu. Elles avaient la peau sur les os si bien qu'on aurait pu les prendre pour des squelettes vivants avec leurs visages marqués par l'âge et la fatigue. Elles ne possédaient plus aucun trait humain. Leurs corps bouffis étaient abîmés et la puanteur qu'elles dégageaient était immonde, intenable.
Pourtant nos deux acolytes continuaient de sourire, de rire entre eux. Ils repoussaient ces goules hideuses avec une joie intense. Ils se moquaient d'elles, leur riaient à la face, les désignaient du doigt pour mettre en valeur leur corps atroces et visqueux. Leurs rires diaboliques retentissaient à leurs oreilles comme un grincement insupportable qui les firent fuir. Ils entendirent bientôt leurs pleurs apathiques, leurs marmonnements et leurs balbutiements ce qui ne fit qu'accroître encore plus leur hilarité. Désespérées, ses dernières se cachaient pour dissimuler leur honte. Ils s'essayèrent à imiter leurs visages ce qui accentua encore plus leur enthousiasme. Tellement ils les raillèrent que les bouches commencèrent à les faire souffrir quand une voix puissante et grave s'éleva :

« Qui êtes-vous pour déranger ainsi les âmes éternelles qui reposent à jamais en ces lieux désolés ? »

Ils venaient de faire la rencontre du gardien de la porte des Enfers. Et en effet, après s'être un peu approchés, une lumière vive pouvait s'apercevoir au loin. La chaleur du monde souterrain était plus forte et saisissante. Charon avait son chien à côté de lui, Cerbère ainsi était-il nommé. Grand de cinq mètres sur deux mètres de large, ses pattes étaient énormes, de la taille d'une tête d'homme, des flammes se promenaient sur tout le long de son corps, sa gueule béante comportait des dents immenses et son poil était long et gras.
Le plus âgé des deux hommes eut du mal à répondre dans la minute qui suivit. Il essuya les larmes de joies qui coulaient de ses yeux, calma son rire persistant et s'exclama :

« Nous sommes de nobles voyageurs insolites qui cherchent Hadès pour pouvoir s'entretenir de sa personne.
- Vous êtes bien bruyants pour de simples mortels. Je n'ai jamais entendu un tel capharnaüm ! Pourquoi riez-vous ainsi ?
- C'est que ces monstres là sont particulièrement affreux, dit-il avec un nouveau rire dissimulé. Je n'ai jamais vu de créatures si répugnantes !
- Leur difformité les rend comique ! ajouta le jeune homme, en riant à gorge déployée.
- Et quel est cet accoutrement ?
- Je trouve nos vêtements tout à fait appropriés à la situation comique dans laquelle nous nous trouvons ! répondit-il en gloussant encore. N'êtes-vous pas d'accord ? Ils sont de conséquence !, bien que nous soyons au dix-neuvième siècle.
- Nous aspirons à voir le maître de ces lieux et à le questionner sur la vie après la mort. N'est-ce pas normal de s'en préoccuper ? Nous sommes friands d'histoires et celle-là a l'air particulièrement intéressante, n'êtes-vous pas d'accord ? Nous avons parié que nous réussirions à le rencontrer ! Ayant perdu au jeu de carte, nous avons dû descendre dans ces tréfonds emplis de merveilles ! Je ne regrette pas ma descente, oh non !, si j'avais su que l'expérience serait aussi amusante et divertissante ! Et la somme en jeu n'est absolument pas modique, n'en doutez pas ! N'ayant rien à perdre, nous nous sommes mis en quête de la personne répondant au nom d'Hadès ! Peut-être pouvez-vous nous aider à le trouver ? Sinon cela fait plusieurs heures que nous marchons et un rafraichissement ne serait pas de refus ! Notre vie de misère ne nous permet pas d'accorder autant d'importance à notre vie. Après tout, c'est le cycle naturel de la vie, alors pourquoi nos congénères sont-ils si effrayés à quitter le monde des vivants ? Nous préférons profiter du temps pour nous amuser voyez-vous ! Ce monde là nous est inconnu, et nous serions ravis de le découvrir ! C'est une superbe opportunité d'évoluer ! Certes, on perd de vue nos amis mais n'est-ce pas l'occasion de mieux nous retrouver par la suite ? Surtout que le vôtre d'univers ne manque pas d'agrément ! Il a l'air d'être gigantesque ! Que de nouveaux lieux à découvrir ! Alors ? Comptez-vous nous faire attendre ici longtemps ? »

L'homme fit une nouvelle pause, calmé. Son regard se posa sur le chien Cerbère et son fou rire le reprit.

« Votre chien est bien mignon vous savez ! Il doit avoir un peu chaud non ? Vu l'odeur qu'il dégage il n'a pas dû être lavé depuis bien longtemps ! Vous ne disposez pas d'eau ici ? »

Il se mit à rire à pleins poumons et son voisin l'imita. Il éteignit sa torche tandis que son ami joua un air de flûte pour fête et ils continuèrent leur aventure, s'amusant autant que la vie le leur permettait.
 
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DeletedUser

Guest
Le premier texte, Amazone, je me souviens l'avoir déjà lu. Je pense que tu peux te reporter à ce que j'en avais dit sur ton forum d'écriture, si ça y est toujours.

En fait je crois bien avoir déjà lu les trois. Tu les avais déjà posté ailleurs ?
 

DeletedUser331

Guest
Ouais, à quelques mois d'intervalles peut-être, ça me surprend. Mais bon, j'irais voir sur mon forum d'écriture ;)
 

DeletedUser162

Guest
Il avait eu ouïe des malheurs de celui-ci

Ca fait très bizarre, sachant que l'expression consacrée est faite avec le verbe "ouï-dire".

« Bonjour, je viens ici pour défendre le royaume contre les raids de brigands !
- Mais êtes-vous fou ?! Voulez-vous mourir ?!
- Messire, la seule chose dont j'ai besoin c'est que vous regroupiez une armée pendant que je les affaiblirais. Ayez confiance en moi.
Je reviendrais sain et sauf. »

J'aurais bien vu un peu de narration entre la première et deuxième réplique, parce que là, ça fait très peu naturel.

Kal-El pris le premier

Troisième personne du singulier.

Il ne vous reste plus qu'à marcher mes bons.

"Mes bons" ? Ca sonne extrêmement bizarre, que veux-tu dire exactement ?

Abasourdi, je mis plusieurs minutes à revenir du 'choc'.

Passage d'une narration de la 3ème personne à la 1ère personne. Etrange.

Voilà quelques remarques. J'avais déjà lu la chose lors de la battle, mais je crois pas l'avoir commenté. C'est plutôt bien écrit. Mon principal reproche globale, c'est que tout va trop vite, et encore plus la fin et l'apparition de Loïs Lane. perso, je trouve que c'est une mauvaise chute.


Edit : Oh pinaise, mdr, j'ai commenté un texte de 2011, vive l'intérêt, j'étais pas sur la bonne page. je passe à un autre texte alors :D
 
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DeletedUser331

Guest
Je me m'interrogeais justement ce que tu commentais.. xD

Mais merci, ça fait toujours plaisir de voir quelqu'un lire mes vieux textes :p
 

DeletedUser162

Guest
Bon bah le contraste est fort avec 2011. Plus de maturité dans l'écriture, moins de fautes, une meilleurs narration, des dialogues plus naturels, etc. C'est pas encore parfait, notamment au niveau du vocabulaire et de certaines tournures de phrases, mais c'est mieux et c'est bien.
 

DeletedUser331

Guest
J'ai pas la prétention de vouloir mes écrits parfaits mais ça reste un objectif à atteindre attrayant :D
 

DeletedUser

Guest
Bon, je n'ai pas encore lu tous tes textes désoler :$
Mais je viens de lire ton deuxième nouveau texte: Loup. Le titre m'a attiré je ne sais pas pourquoi ;)

J'ai bien aimé l'idée d'un loup comme personnage principal et le monde qui y est affilié. On entre directement dans le vif du sujet avec la confrontation entre les hommes et les loups, même si le passage entre les deux vagues est un peu rapide. Tu éludes tout, accélérer les choses était nécessaire mais là je pense que c'était trop rapide.
Ensuite comme je viens de me réveiller et que je n'ai pas bien les idées en place il y a des choses que je n'ai pas compris (mais que je comprendrais sans doute en temps normal^^): pourquoi le loup aide-t-il l'ours ? n'aurait-il pas été plus logique que le loup parte au plus vite et prévienne les siens tout de suite, qu'il aille protéger SA famille, plutôt que d'aider des inconnus, voir des rivaux en temps normal ? Et de façon plus général je ne m'explique pas l'étrange solidarité entre tous les animaux dans ton récit, normalement la plupart des animaux se bouffent entre eux et fuient devant les hommes plutôt que de se liguer à l'unisson contre l'envahisseur ? Après l'idée qu'ils s'unissent contre l'envahisseur à la Avatar avec l'aide des "hommes" du coin est prometteuse et me séduit, mais c'est fait sans beaucoup d'explications, ça se passe comme si c'était naturel alors qu'a mon sens ça ne l'est pas. Ensuite je ne suis pas sûr qu'un homme sauvage, qui survit en forêt, appartienne à une race différente des autres hommes de ce simple fait, même si je pense avoir compris l'idée que tu voulais donner.

Mais bon c'est sans doute parce que je viens de me lever et que je n'ai pas encore les idées claires que ma compréhension est quelque peu amoindri. Mais pour le reste j'ai beaucoup aimé, tu écris bien et l'idée de base m'enchante.
 

DeletedUser331

Guest
En fait, ce texte - et c'est d'ailleurs rare - est utopique.
Peut-être le sens n'était-il pas le même la fois où je l'ai écrit, pour autant, aujourd'hui je l'explique simplement par le fait que la nature est écrasée par l'homme et que dans ce texte on l'imagine, naturellement, s'associer entre elle pour combattre l'univers des hommes. Cela m'évoque Autre-Monde de Maxime Chattam avec la rébellion du monde de la nature contre les Hommes.
 

DeletedUser

Guest
Hehe, ça fait plaisir de revoir un peu de monde par ici (Oui j'arrive en touriste :p)
N'ayant pas beaucoup de temps, je n'ai lu que ta dernière histoire, à laquelle je n'avais pas accroché au début, mais qui par la suite en lisant m'a donné envie de savoir ce qui allait se passer ! Même si ton titre donne beaucoup d'indice ! J'aime bien ce dernier récit, il y aurait-il une suite un jour ?

Par contre, pour ce passage "Cette dernière chancelait néanmoins de plus en plus à chaque minute et bien heureusement, ils en avaient apportées plusieurs." Je trouve que ça sonne un peu bizarre de dire qu'il en avait apporté plusieurs. Si la lampe s'éteint, logiquement il suffit de la rallumer etc.. Après j'ai peut être mal compris, et si tel est le cas, je te fais mes excuses d'avance !

A bientôt ;)
 

DeletedUser331

Guest
Ca me fait plaisir de te voir de retour ! :) Comment tu vas ? Tu comptes rester un peu ou passer plus souvent ?
Tu écris toujours ?

Sinon merci pour ton commentaire ! ;) J'avais prévu une suite, un ensemble plus grand, mais tu me redonnes envie de m'y atteler :p Je suis sur d'autres projets actuellement donc ce ne sera pas pour tout de suite ! ;)
 

DeletedUser

Guest
Oui je compte rester un peu, même si y'a quelques toiles d'araignées dans le coin, et pas mal de poussière *Cof cof* :p

ça va bien, j'avais arrêter d'écrire il y a quelques temps, les études tout ça, et plein d'autre truc, ont fait que j'avais plus trop le temps ni l'envie ! J'ai hâte de voir la suite un jour alors :D ça me rappelle très rapidement un passage d'un livre de Raymond Feist, où Pug se promène dans le royaume des morts, même si c'est pas du tout le même style, et qu'il n'y a pas le coté comique!
Et du coup, je vais peut être essayer de me remettre à écrire, même si je ne suis pas si bon que ça. Un bon RP à plusieurs, ce serait le pied :p
 

DeletedUser331

Guest
Je pense aussi ! :) Si tu as des idées de thème, n'hésite pas à en proposer. J'suis un peu overbooké en ce moment, mais je participerai avec plaisir !
 
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