Le taxi venait de s'arrêter à l'angle de la rue Parrot, devant un immeuble en piteux état. La façade était complétement défoncée et menaçait de s'écrouler à tout moment. Un homme descendit de la voiture. Il était fort de carrure et était habillé d'une douce veste de peau d'animal chaude, de gants en cuir, d'un pantalon noir et de longs souliers marrons bien cirés. Il avait les traits émincés par de longues heures de sommeil en retard, les cheveux courts et bruns. On pouvait lui distinguer un nombre important de rides, malgré son âge. Il portait à son poignet une montre scintillante en or, qu'il avait essayé tant bien que mal de cacher sous son vêtement, sur sa tête un chapeau lui protégeait les oreilles par ce temps de démon et enfin, tenait dans sa main une solide canne en bois. Il était près de deux heures du matin, le temps était ombragé et le pluie menaçait de tomber dans ce quartier si vide et froid. Aucune lumière n'était visible au dehors et la seule source d'éclairement provenait de l'intérieur de la voiture. C'était, aux environs, l'unique endroit où l'on aimerait bien passer une nuit. L'arrondissement était fort peu fréquenté par les honnêtes habitants de la ville car il n'inspirait que trop au calme et le taux d'agression y était conséquent. La rue était plongée dans un noir extrême et recouvert d'un épais brouillard. C'était la pleine lune.
L'homme poussa légèrement la porte de l'appartement, d'une main, sans n'accorder aucun coup d’œil au chauffeur aimable qui venait de lui faire signe. Il rencontra au début une faible résistance puis la porte s’entrouvrit et racla dans un fracas épouvantable. Les insectes les plus proches, rats, araignées et autres, s'enfuirent à toute vitesse, dérangés dans leur sommeil ou dans leur chasse. Le hall n'était qu'un vieil amas de débris. Il commença l'ascension en prenant les escaliers en colimaçon. Il ne fallait pas se leurrer : si un jour il y avait eu un ascenseur ici, il ne serait sans nul doute pas en état de fonctionner. La plupart des marches étaient brisées, certaines semblaient encore pouvoir tenir, d'autres s'écroulèrent lorsqu'il prit appui dessus. Au bout de cinq longues minutes, après cette progression ardue, il arriva enfin au point de rendez-vous. Au quatrième étage, il s'arrêta sur le pallier d'un appartement avant de reprendre sa course folle. Il traversa le logis jusqu'à la salle à manger où était installé une très grande table ronde. Lorsqu'il entra dans la pièce, il put distinguer dans l'ombre douze silhouettes, assises en silence. Il prit place à son tour, sur le dernier siège vide et souffla quelques minutes pour reprendre un peu de consistance. Une minute après, il prit enfin la parole d'une voix forte et puissante. Personne n'avait jusque-là prononcé le moindre bruit.
« Bonsoir à tous. Je n'ai que très peu de temps à vous accorder en cette nuit d'hiver alors je serais bref. Tout d'abord, j'aimerais vous rappeler la raison de cette réunion : vous êtes tous présents ici pour l'application de l'opération 'Rapace'. Vous avez tous signé un document certifiant votre complète participation et loyauté. Dans le cas contraire, vous vous verrez renvoyé et soumis au silence. J'ai confiance en chacun d'entre vous. La moindre fuite peut vous faire couler. Nous nous sommes assurés pour que vous ne sachiez pas avec quelles personnes vous travaillez. La sécurité est absolue et vous n'avez strictement aucune chance de nous faire tomber. Nous sommes un groupe, nous sommes une famille et nous nous soutenons mutuellement ! »
Il fit une pause pour faire digérer ses paroles à l'ensemble de l'assemblée immobile. Il était primordial pour leur survie que tout le monde remplisse sa part du contrat. Ils ne pourraient supporter aucun échec.
« Vos ordres vous seront communiqués à travers cette carte électronique. Elle est munie de deux boutons : un appel de secours, SOS que vous pouvez utiliser en appuyant sur votre photo d'identité ainsi que d'un second affichage disponible au dos, après avoir frotté l'arrête droite pendant plusieurs secondes. Cet affichage vous permettra de vous indiquer les actions que vous devrez effectué, ainsi que le moment où vous devez le faire. Toutes les informations s'y trouveront. Pour l'appel de secours, une personne vous retrouvera deux heures après que vous l'ayez lancé, au même endroit où c'est faite l'activation. Il vaut mieux prévenir pour rien que de ne pas le faire ! Si vous voyez, entendez quoi que ce soit qui puisse nous être utile, faîtes nous en part immédiatement. L'opération commence dès ce jour, précisément le 23 novembre 20**, à deux heures trente trois du matin. Bonne nuit à tous et bonne chance. »
Patiemment, il attendit que tous les sièges se furent vidés. Il remit un à un les cartes électroniques. La pièce était désormais vide. Il prit son téléphone et composa un numéro.
« Tu m'entends ? Ils viennent de sortir. Répartis les hommes : deux pour un. Toutes leurs cartes sont sur écoute et nous permettent de les localiser. Supprimez chaque personne suspecte de nous trahir. »
Il coupa la communication puis descendit les escaliers. Le chauffeur était toujours là à l'attendre. Il ouvra la portière et entra dans le taxi de luxe.
« Vous êtes pile à l'heure ! Une minute supplémentaire et je partais. »
Le passager ne répondit aucun mot. Après que la voiture ait démarré, il dit :
« Tournez à droite. Maintenant, sortez de la ville par ce chemin là, lui répondit-il d'une voix glaciale. »
Ils prirent les petites rues et commencèrent progressivement à déboucher sur la campagne. Après une bonne demi-heure de route, il fit signe au chauffeur d'arrêter la voiture. Ils s'étaient stationnés sur une petite route au bord d'une pente ardue avec en contrebas ce qu'on aurait pu appelait un étang. L'homme sortit de la voiture par la portière de droite, en fit le tour et sortit quelques billets de sa poche de sa main gauche. Le chauffeur ouvrit sa fenêtre. Aussitôt, l'autre individu lui planta une seringue dans le cou et en versa le contenu. Le conducteur mourut presque immédiatement. Il s'efforça d'attraper son adversaire, sans succès. Il agonisa, tenta de bouger mais ses muscles lui refusèrent tout mouvement. Il jeta un regard à son assassin, rempli de pitié. Après un dernier soubresaut, la tête tomba sur le côté. Il était mort. Le meurtrier fit redémarrer la voiture, nettoya tous les endroits pour retirer toute trace de son passage puis la positionna dans le sens de la pente et lâcha le frein à main. Il alluma sa lampe torche et la contempla couler. Il attendit patiemment de la voir disparaître dans les eaux troubles. Lorsqu'il ne peut distinguer plus aucune trace de celle-ci, une seconde voiture arriva et s'arrêta tout près de lui. Il s'y installa et chuchota quelques mots au chauffeur :
« Rentrons à la maison, la journée a été longue. »
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Février 20**, quatre mois plus tard.
« Je n'en peux plus ! C'est inadmissible de m'enfermer dans cette prison ! Qu'importe les risques, j'irais donner cette conférence et personne ne m'en empêchera ! Je suis Président et je ne compte pas passer ma vie à me cacher ! Cela suffit maintenant ! Bientôt, je ne pourrais même plus sortir me promener dans mon jardin ?! C'est absurde !
- Monsieur le Président, s'il vous plaît, calmez-vous. Les risques sont trop importants. La dernière fois que vous vous êtes montré au public, vous avez failli vous faire tuer !
- Il faut savoir prendre des risques dans la vie !
- Mais c'est insensé !
- C'est votre protection qui est insensée, oui ! À quoi servez-vous ? Vous êtes payés pour faire votre job, non ? Alors faîtes-le et laissez moi faire le mien ! »
Soudain, la porte s'ouvrit, brusquement.
« Que se passe-t-il donc ici ? On vous entend crier deux étages plus bas ! Quelque chose ne va pas Monsieur le Président ?
- Oh François te voici enfin ! Sortez tous, allez, sortez ! »
Les domestiques et l'agent de sécurité sortirent et refermèrent les portes.
« Monsieur le Président …
- Arrête donc de m'appeler ainsi ! Nous sommes amis, voyons ! Vois-tu, cet agent de la sécurité, là, me refuse catégoriquement le droit d'aller à la conférence de presse que je dois donner ! C'est tout de même moi le Président, non ?!
- Je vous rappel …
- Oublie les bonnes manières cinq minutes, veux-tu ?
- Je disais donc … Je te rappel que ces mesures sont prises pour ta sécurité. Actuellement, nous n'avons pas les moyens d'assurer une sécurité parfaite. Tu t'exposes à des risques en sortant ! »
Le Président se tut quelques minutes. La présence de son meilleur ami et garde du corps le rassurait. Si il n'avait pas été là, il aurait été capable de tenir tête au chef de la sécurité mais maintenant que François, son ami d'enfance, lui tenait le même discours, il s'était résolu à l'écouter.
« Soit … Si vous êtes incapables d'assurer ma protection alors très bien, je n'irais pas à cette foutue conférence ! Footing demain matin sept heures ! »
Et il sortit en claquant la porte, furieux. Il regagna rapidement son bureau pour continuer à travailler. Depuis plusieurs mois, le président de la république était menacé et avait été victime de plusieurs tentatives d'assassinats. Il devait se cacher pour survivre désormais même s'il n'aimait pas cette idée. Hervé Charron avait pour habitude d'être proche du peuple, c'était un bon président. Tellement bon qu'on cherchait maintenant à le remplacer.
François Plisson médita quelques instants puis sortit à son tour de la pièce pour passer un coup de téléphone.
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Le lendemain matin.
« Je suis prêt, on peut y aller Monsieur le Président. »
Et ils sortirent en cette matinée d'hiver, faire le jogging hebdomadaire du président de la république, sous une température de -2° Celsius. L'un était en tenue adaptée tandis que l'autre courrait à sa suite, en tenue de travail.
« Pourquoi n'as-tu pas pu t'habiller comme un vrai coureur ?, soupira le Chef de l'État.
- C'est que je suis là pour assurer ta protection. Et avec ta tenue, je n'aurais pas vraiment d'endroit où mettre mon arme.
- Vous êtes combien sur ma protection matinale ?
- J'ai demandé à ce que l'on soit seul, tu te serais encore fâché sinon. »
Ils coururent pendant près d'une heure jusqu'à ce que François propose de rentrer.
« Nous ne devrions pas nous éloigner si loin. Allez rentrons maintenant Hervé.
- Je te le promets, on fait demi-tour dans cinq minutes. »
À peine eut-il prononcé ces mots qu'une voiture tourna brusquement au coin de la rue. Elle leur fonça dessus et deux tireurs pointèrent leur arme sur eux, fenêtres ouvertes. François ne réfléchit pas deux fois. Il poussa le président vers les seuls arbres à proximité et lui ordonna de s'abriter derrière. Il mit un genou à terre et sortit son pistolet et fit feu sur leurs assaillants immédiatement. Avant qu'ils ne puissent se mettre à l'abri, les ennemis tirèrent aussi. Ils avaient une artillerie plus importante : deux mitrailleuses avec une cadence de tir rapide. Mais ils furent pris au dépourvu par la défense si réactive. Un des deux hommes reçut une balle à l'épaule et lâcha son arme en s'écroulant sur le siège arrière de la voiture. Le second à l'avant continua son tir répété sur le président, une expression sadique sur le visage. Sa cible fut touchée. Avant qu'il ne puisse l'achever, une balle fit mouche dans sa poitrine et il s'enfonça à son tour dans son fauteuil. La voiture vira de sa trajectoire et regagna la route pour s'enfuir. François Plisson continua à faire feu jusqu'à ce que son videur fut déchargé au maximum. Il rata de peu la roue et sa balle pénétra la carrosserie de la voiture.
« Appel à central ! Appel à central ! Le président a été victime d'une attaque et est blessé ! Je répète, le président est blessé ! Nous demandons une ambulance immédiatement ! Nos attaquants sont en fuite dans une berline noire, immatriculée 2432 ZH 31 ! Je répète, voiture en fuite immatriculée 2432 ZH 31 !
- Appel reçu, nous vous envoyons du soutien immédiatement. »
Et la communication fut interrompue. L'ami du président couru vers lui.
« Tu es blessé, la balle t'a touché où ?, dit d'une voix inquiète François.
- À la jambe. Rien de grave.
- Laisse moi en juger par moi-même si tu veux bien. »
Après lui avoir fait un garrot, les secours arrivèrent. Le président fut emmené à l'hôpital pour être soigné. Une artère avait été touché et il avait perdu connaissance.
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La semaine suivante.
« Si je comprends bien, je suis désormais obligé de rester cloîtré chez moi ? Aucune conférence, aucune sortie, aucun …
- Je te rappelle que c'est la seconde fois que tu es victime d'une attaque. Ils te traquent même dans tes moindres activités ! »
Le Président se tut quelques minutes, désespéré par la situation.
« Je n'arrive pas à comprendre comment nous avons pu en arriver là.
- Tes ennemis ont des amis bien placés dans notre système apparemment. Tes moindres faits et gestes sont espionnés.
- Il faut que nous trouvions la ou les taupes qui nous ont infiltré. J'aimerais que tu nous organises une rencontre avec le premier ministre, le ministre de la défense, de l'intérieur, de l'économie ainsi que celui de la justice. Communique avec la sécurité pour établir une liste des éventuels suspects dans notre organisation.
- Je programme tout ça à quelle date ?
- Disons dans deux semaines. Que personne n'en sache rien, il ne faut pas que l'information soit diffusée. Faisons croire à nos ennemis que je suis vulnérable et que j'ai perdu tout espoir.
- Très bien Hervé. Passe une bonne soirée.
- Toi aussi François. Merci pour ton soutien. »
À ces mots, le garde du corps du Président sortit du bureau. Il se dirigea vers la sécurité.
« Je rentre chez moi, je compte sur vous pour que rien ne lui arrive. Je me suis bien fait comprendre ? »
Pendant ce temps, le chef de l'État avait rejoint Victoria, sa femme.
« Coucou chérie. Comment vas-tu ?
- Comment veux-tu que j'aille bien avec tous ses incidents ?, dit elle en grommelant. Je ne veux pas te perdre mon amour … Je tiens trop à toi.
- Tu ne vas pas me perdre, rassures-toi. Je compte bien ne plus prendre de risques et rester ici désormais, près de toi.
- Tu es formidable, chuchota-t-elle, un sourire aux lèvres. Ta jambe va mieux ?
- Je n'ai quasiment plus mal désormais. Les infirmiers ont été performants, ajouta-t-il en lui arrachant un nouveau baiser. »
Ils se déplacèrent à travers la villa, du bureau jusqu'à leur chambre à coucher, en s'embrassant. Une fois arrivé au pied du lit, la jeune femme le poussa légèrement sur le lit. Ils se déshabillèrent lentement et purent enfin profiter de ce moment magique. Depuis plusieurs semaines, ils n'avaient eu aucun répit, si bien qu'ils firent l'amour délicieusement, profitant de chaque seconde qui passait comme d'une étreinte éphémère.
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Dans un quartier pauvre le soir même …
La nuit était tombée depuis maintenant plus de deux heures. Il faisait si sombre … Quel fou resterait dans cet endroit humide, glacial et ténébreux ? Pourtant un homme était là, appuyé contre un mur. C'était un vieux bougre, aux cheveux blancs, à la peau sale et craquelée. Il n'avait sur lui qu'une chaude couverture, un pull usé et un pantalon trop petit par ce temps d'horreur. Comment pouvait-il dormir dehors par ce temps ? N'importe quel homme censé n'oserait accomplir l'exploit qu'il répétait toutes les nuits. Mais il l'usure le prenait petit à petit … et bientôt il finirait au cimetière. Pire, dans une poubelle si il avait de la chance. Il ne possédait pas de chaussures, ni de bonnets. Ses oreilles étaient gelés et le moindre contact aurait pu les briser.
La nuit n'était garni d'aucun bruit. Pas de sifflements d'oiseaux, pas de miaulements de chat, pas de cris d'enfants. Non, il était seul. Terriblement seul. Comment peut-on laisser un homme mourir de cette façon ? N'avons-nous plus aucune pitié ? N'y-a-t-il personne pour l'accueillir chez soi rien que pour une nuit ?
Soudain, un crissement de pneu retentit dans son ultime nuit. La voiture n'était plus très loin mais elle fit plusieurs tours de quartiers avant de prendre la rue où était le vieillard. Elle cherchait quelque chose. Quoi ? Lorsqu'elle passa à cinq mètres de l'homme endormit, elle s'arrêta brutalement. La porte de l'arrière coulissa dans un grincement criard. Deux hommes en sortirent. Ils étaient en lourdes vestes de cuir noir. Ils s'approchèrent de ce pauvre vieux et le saisirent chacun sous le bras. Lorsque la couverture s'ôta, une puanteur immonde s'empara des environs. Les deux colosses le ramenèrent dans la voiture dans un échange rapide :
« Même mon chien ne pue pas autant. Dégueulasse.
- Hahaha ! Tu parles, ta grand-mère a la même odeur. »
Et les deux hommes s'esclaffèrent et remontèrent à l'intérieur du 4X4 sombre. Le véhicule disparut en tournant. Il ne restait plus aucune trace du mendiant.
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Lendemain matin, résidence du premier ministre.
« Chérie, si tu continues, je vais être en retard, soupira Raymond Jaubert.
- Tu n'apprécies pas mes caresses ?, répondit-elle d'un air faussement vexé.
- Tu sais très bien que ce rendez-vous est important pour moi.
- Oh, ils peuvent bien attendre dix minutes supplémentes, je n'en ai pas fini avec toi mon amour ... »
Elle lui fit ses yeux doux. Elle savait qu'il n'y résistait jamais.
« Alors, ça ne fait pas du bien, hein ?, un sourire aux lèves. »
Et ils disparurent de nouveau sous les draps de soie. Soudain, la sonnette de la maison retentit.
« Diable ! Nous n'aurons jamais la paix !, s'écria-t-elle.
- Désolés, je dois aller ouvrir, c'est sûrement important …
- Soit, va-y ! »
Elle se leva, prit ses affaires et s'enferma dans la salle de bain, mécontente.
« Ah les femmes …, soupira-t-il une deuxième fois. »
Lui était déjà tout habillé, tout bien coiffé. Il se releva, traversa la cuisine et ouvrit la porte.
« Bonjour monsieur le ministre. Je viens vous remettre ce colis de la part du président.
- Merci Jack ».
Et il tendit les deux bras pour s'emparer de la boîte en carton. Ses manches remontèrent légèrement et une belle montre en or apparut à son poignet.
« Tu m'attends ? J'allai justement travailler.
- Bien sûr !
- Entre, tu attendras à l'intérieur. Il fait froid en ce moment.
- Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas vous déranger et je patienterais ici.
- Bien, céda-t-il. À tout de suite. »
Et il referma la porte, prit un couteau et ouvrit le paquet.
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Lien inconnu des simples mortels.
Quand le vieillard se réveilla enfin, il ne put distinguer que quelques sons inaudibles et lointains. La première voix était plus aigüe que la seconde mais les deux semblaient appartenir à des hommes. On l'avait drogué, il le sentait. Il tenta d'ouvrir les yeux mais il était bien trop affaibli. Il patienta alors quelques minutes pour pouvoir s'éclaircir peu à peu l'esprit et ainsi se rappeler de ce qu'il s'était passé. Aucun souvenir, c'était le néant. Il souhaitait que ce fusse temporaire. Une vingtaine de minutes s'écoulèrent à une vitesse arriérée. Ses forces lui revinrent peu à peu et il put enfin écarquiller ses lourdes paupières. Que faisait-il donc à l'hôpital ? Qu'avait-il put lui arriver ? Ce serait-il fait encore tabasser par les jeunes de son quartier ? Il observa plus attentivement la pièce dans laquelle il se trouvait et sa première impression fut très vite gommée. Il était allongé sur un lit à … Un lit ? Une vulgaire table de travail ! Son dos lui faisait mal, ainsi que ses jambes, ses dents et ses poignets. Il avait l'impression d'être engourdi de partout. Et ce n'était pas dû à l'effet de la drogue. Il pouvait apercevoir deux hommes en blouse blanche face à lui, derrière une vitre transparente. La porte d'accès semblait blindé vu son épaisseur. Il tenta de se lever mais une douleur le transperça. Il était attaché de partout. Des sangles l'empêchaient de bouger le moindre muscle. Même sa tête était emprisonné, si bien que son champ de vision était limité. Il dirigea ses yeux à droite, à gauche et remarqua une petite table de travail. Dessus était disposé toute sorte d'instruments : scalpel, petit marteau en fer, seringues, aiguilles, poches de liquide … Il y en avait bien trop et il ne put placer un nom sur chacun d'entre eux. Les deux hommes avaient fini leur discussion depuis quelques minutes. Dans sa contemplation, il les avait oublié et ne s'était pas aperçu de leur regard. Lorsque la porte se déverrouilla, il sursauta. Ils entrèrent. Leurs visages étaient cachés derrière leur masque de protection et ils ne pouvaient ainsi distinguer que leurs yeux. En quelques secondes, ils furent près de lui. L'homme de gauche tenait un miroir dans sa main.
« Notre patient est réveillé, regarde ! »
Sa voix était sarcastique et dépourvue de pitié pour l'homme qui agonisait de douleur et de peur devant lui.
« Nous t'avons fait une nouvelle beauté. Nous avons changé le pauvre clochard minable qui habitait cette peau ! »
Et son rire se répondit dans la salle comme une trainée de poudre. Ses yeux rencontrèrent le miroir et il observa son nouveau visage. Plus de barbe, plus de … La ressemblance le frappa. Il écarquilla les yeux.
« Le visage du Pré … Président ! Comment est-ce possible ?! Que m'avez-vous fait ?! Où suis-je ?! »
Il cria, se débattit de terreur mais les liens tinrent bon. Sa peur grandissait, seconde après seconde. Les chirurgiens pouffaient, prenant plaisir à torturer un pauvre homme comme lui.
« Bonne nuit ! En espérant que tu te feras à ton nouveau corps ! Hahaha ! »
Ce rire démoniaque emplit une nouvelle fois la pièce. Une aiguille se planta dans son bras droit et le vide revint. Trou noir.
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Devant le manoir du Président.
Le temps était sombre, le ciel brouillé de nuages et la pluie menaçait de tomber. La matinée était fraiche et on pouvait apercevoir quelques plaques de gel ci et ça. Les feuilles se cassaient en mille morceaux en tombant, la terre était dure mais encore humide par la rosée.
La limousine blanche et éclatante s'approchait de la magnifique demeure. Les freins sifflèrent légèrement lors de l'arrêt total du véhicule. L'intérieur était en cuir marron-beige et il était à la fois confortable et pratique.
Un homme en descendit : le premier ministre. Après avoir fini ses quelques tâches au travail, il était venu ici suite à la convocation du Président. Une seconde voiture arriva et se stationna non-loin dans la grande cour. De grands murs épais servaient de cloison à celle-ci. L'entrée était menée par un long chemin de sable jusqu'à la porte du manoir. Le portail était vieux et datait de plusieurs années. Il avait été rénovait de nombreuses fois pour l'empêcher de tomber. Les grilles étaient en métal et atteignait pratiquement cinq mètres de haut. Les voitures le traversait, les unes après les autres, pour se garer dans l'immense place. Au milieu, on pouvait distinguer une fontaine de dauphins et des lettres latines dessinées sur le bas du rebord de celle-ci. Elles s'effaçaient peu à peu avec le temps.
Le bâtiment était imposant : une multitude de fenêtres le caractérisait, toutes de formes différentes. Le verre semblait conséquent, si bien que le froid ne pouvait le pénétrer. Les hommes se saluèrent, ils étaient désormais au nombre cinq. Le premier ministre, accompagné d'Eric Becquet, ministre de la défense, Lionel Blanc de l'intérieur, Marc Delarue de l'économie et enfin Patrick Vallon de la justice. François Plisson vint à leur rencontre et les fit entrer.
L'intérieur était décoré de peintures, de tableaux. Pour réchauffer cette demeure, on avait appliqué des couches d'un liquide spécial sur les murs. Cela permettait ainsi de pouvoir garder la chaleur quand on en avait besoin et de ne pas faire passer le froid du dehors. Au toucher, on pouvait ressentir cette cordialité. Dès qu'ils furent tous entrés, la porte fut refermée et ils ôtèrent presque qu'immédiatement leurs lourds manteaux, impressionnée par cette fournaise. Quelques paroles furent échangés mais les visages contemplaient ce paysage magique et un long silence s'installa. On les fit monter au premier étage. Une porte s'ouvrit devant eux : une grande-salle, décorée pareillement, avec au centre une grande table. Celle-ci était carrée et on pouvait y faire asseoir au moins une quarantaine de personnes. Tout au bout se situait la place du Président. Il avait à côté de sa chaise un petit meuble en bois pour stocker les documents dont il n'avait plus besoin.
Les hommes furent invités à prendre place. On leur apporta à tous une boisson de leur choix. Une tisane au safran rouge pour certains, un café Kopi Luwak pour d'autres ou un thé Tieguanyin. Les discussions reprirent et le Président arriva une bonne heure après. Ses traits étaient tirés et on voyait qu'il manquait profondément de sommeil.
« Bonjour à tous, merci d'être venu. »
Les ministres se levèrent, il serra les mains une par une et puis s'assit et leur fit signe de faire de même.
« Comme vous le savez, je suis menacé depuis maintenant plusieurs mois. Ma vie est en danger et je ne peux plus diriger le pays comme je le voudrais. Je suis content que vous ayez tous pu venir car je vais ainsi pouvoir répartir les rôles que vous jouerez chacun dans les prochaines semaines.
- Si je puis me permettre, comptez-vous instaurer de nouvelles lois ?
- J'ai reçu à tous vos rapports et il serait en effet préférable que je le fasse. Nous sommes en crise messieurs et je veux y remédier.
- Êtes-vous sûr d'être encore apte à diriger ?, risqua le ministre de l'intérieur.
- Quand je ne le serais plus, c'est que je serais mort !, s'exclama-t-il en frappant du poing la table. Je me doute que certains veulent me voir partir mais je suis encore ici et je ne démissionnerais pas car des prétendus 'criminels' me traquent !
- Et je trouve d'ailleurs absolument dépourvu de sens que vous soyez toujours en vie, monsieur le Président. Si on voulait vraiment …
- Taisez-vous donc un peu ! Et écoutez ce que voulait nous dire le Président !, s'écria le premier ministre. »
Un silence s'installa dans la salle.
« Merci Raymond. J'ai en effet des directives à vous attribuer et j'aimerais bien que vous cessiez de m'interrompre avec vos absurdités. Marc, Lionel et Patrick je compte sur vous pour découvrir ses assassins. Et merci de vous appliquer sérieusement, j'aimerais bien être libre de faire de nouveau ce que je veux. Je veux aussi que vous vous assuriez que la protection dans les villes soient performantes de nouveau. D'après ce que j'ai lu, la police a tendance à trop se laisser faire … Si cela peut en dissuader certains, augmentez les délais d'emprisonnement et de travaux forcés pour les plus simples délits. Appliquez-vous également dans l'éducation. Nous devons instaurer de bonnes bases dans cette nouvelle génération. Eric, assure-toi de la qualité de nos relations avec les autres pays. Renforce-les pour être sûr qu'aucun état soit fou de se lancer en guerre contre nous. Ils pourraient être intéresser en connaissant ma position. Hervé … J'apprécie le travail que tu fournies, merci. C'est suffisant pour le moment. »
Ils parlèrent ainsi durant des heures … Tard dans la soirée, les ministres rentrèrent chez eux. Les limousines arrivèrent et les raccompagnèrent. Le ministre de la défense et de l'intérieur furent les deux derniers à monter en voiture.
« Vous souhaitiez donc me parler d'un certain dossier ?, dit Lionel Blanc après cinq minutes de silence.
- C'est exact. Chauffeur, pouvez-vous remonter cette vitre s'il vous plaît ?
- Bien entendu, monsieur. »
Une fois que cela fut fait, le ministre de l'intérieur reprit la parole.
« Alors ? De quoi s'agissait-il ?
- Du Président en personne et de votre place dans cette société.
- Pardon ? J'ai quelques peu de mal à vous suivre … Où allons-nous au fait ?
- Dans le dernier endroit de votre vie. »
En disant ces mots, Eric Becquet sortit un pistolet muni d'un silencieux.
« Ainsi, vous faîtes donc parti de ce complot …
- Et je suis loin d'être le seul. Vos actions commencent à nous gêner, vous nous empêcher d'endormir le Président comme on le veut.
- De l'endormir ?
- Oui, comme votre intervention lors de cette fameuse réunion qu'il a donné.
- Ainsi, vous ne souhaitez pas le voir mort …
- Oh si, bien sûr que si ! Mais nous attendons.
- Mais qu'attendez-vous ?! Cela fait des mois que vous le traquer !, rugit-il.
- Baissez d'un ton, vous n'êtes pas en mesure de faire quoi que ce soit ici. Je vous en prie, veuillez rester civilisé, très cher.
- Allez au Diable ! Sale traître ! Infâme ! »
Les insultes continuèrent à fuser. L'homme restait impassible. Au bout d'une vingtaine de minutes, la voiture s'arrêta enfin.
« Que se passe-t-il encore ?
- Vous descendez ici.
- Vous allez donc me tuer !, cria-t-il horrifié.
- Je vous l'ai dit : vous êtes gênants. Descendez. Maintenant.
- Jamais ! »
La porte s'ouvrit alors et le chauffeur empoigna le ridicule ministre par les épaules. Il le souleva et le projeta dans la boue. La pluie tombait drue. Le coup partit, suivit d'un second et enfin d'un dernier. Le ministre était mort. Le conducteur l'enroula dans un sac plastique et le transporta sur son dos. Ils disparurent. Le chauffeur réapparut cinq minutes plus tard, seul.
« Il finira pour pâture aux cochons. »
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De retour au manoir.
Le Président était resté sur le pallier de sa porte. Il avait regardé les limousines partir les uns après les autres. Il se doutait bien que tout ce qu'il venait de dire passerait rapidement dans les mains de ses ennemis. Qui pouvaient donc être ces traîtres ? Il contempla encore quelques instants la place. Puis il soupira et remonta dans son cabinet. Les serviteurs avaient déjà tout débarrassés. Mais où pouvez donc bien être sa femme ? Il jeta un coup d'oeil dans leur chambre mais elle n'y était pas. Il allait s’apprêter à fouiller les autres pièces du manoir lorsqu'il entendit une explosion. La porte où il se trouvait auparavant explosa. Il descendit en vitesse les quelques marches pour voir les dégâts. Des hommes s'engouffrèrent dans l'entrée, masques à gaz, mitraillettes à la main, tenue sombre pour les protéger. La sécurité sortit en trombe de leur emplacement. Il vit ses soldats se faire tuer d'une facilité déconcertante. Comment avaient-ils pu franchir tous les niveaux de sécurité ? Aucune alarme avait sonné ! En y réfléchissant, il s'abandonna à sa réflexion et se précipita vers le bouton de sirène le plus proche. Il cassa la vitrine en frappant dessus avec son coude. Le signal retentit dans tout le bâtiment et il appliqua instantanément la procédure de sécurité habituel. Des hommes couraient dans tous les sens autour de lui. Son ami François se précipita sur lui et l'aplatit à terre pour éviter une multitude de balle à son intention. Il le releva, utilisant sa force de colosse et se précipitèrent dans le bâtiment le plus proche.
« Nous devons vous mettre à l'abri monsieur le Président !, hurla-t-il pour couvrir les bruits d'explosion et autres.
- Où est Victoria ?, rugit le Chef de l’État.
- Elle se baladait dans le jardin arrière ! Nous l'avons déjà fait monter dans le véhicule de secours !
- Comment ?!
- Nous allons au bunker monsieur le Président ! »
Soudain, les vitres entières du toit explosèrent. La coupole de verre blindée se brisa en mille morceaux. Malheur aux hommes d'en dessous !
Son ami le tira et ils prirent l'escalier de secours. Deux assassins les suivaient, ils étaient poursuivis ! À la suite d'un virage, François se stoppa et fit signe au Président de continuer. Les hommes arrivèrent et il balança son coude. Celui-ci atteignit le premier homme à la tête, lui éclatant littéralement le nez. Il se jeta sur le deuxième homme et disparurent du champ de vision d'Hervé Charron. Le Président continua sa course effrénée, continua à courir pendant près de dix minutes dans ce tunnel sombre, seul. Lorsqu'il déboucha sur l'entrée, sa femme, accompagnée du premier ministre, l'attendait dans la voiture. Ils étaient tout comme lui, affolés. Des coups de feu retentirent juste dans son dos, au moment où il entrait au contact avec l'air. Par réflexe, il sauta en avant et effectua une roulade. Il grimpa dans la voiture et vit son ami François arriver peu de temps après. Une balle l'avait pénétré au niveau de l'épaule et ses vêtements étaient déchirés ci et ça.
Ils étaient enfin tous en voiture. Deux, cinq, sept hommes débouchèrent à leur suite et firent feu sur la voiture. Celle-là était parfaitement performante si bien que la carrosserie était encore intacte. François avait pris le volant malgré sa blessure. C'était probablement le meilleur ici en conduite. La voiture pouvait atteindre facilement les trois-cents kilomètres-heure. Les effets sur les passagers étaient quasi-inexistants. Au moment où le Président allait se réjouir de leur 'victoire', un groupe d'hommes apparut devant eux. Ils prirent à droite et sortirent du premier périmètre de 'sécurité' du manoir.
La concentration du conducteur était maximale, si bien que tout le monde n'osa prononcé ne serait-ce qu'un unique souffle. Ils étaient sur la route. Mais les ennuis étaient loin d'être réglés. Trois voitures les suivaient à la trace. L'un des hommes d'une des voitures sortit un gros engin qu'il appuyait sur son épaule. Un bazooka. Le missile partit. Le Président poussa un cri de terreur.
Celui-ci se rapprochait à grande vitesse. Le chef de la sécurité, François, appuya sur le bouton de contre-attaque. Il verrouilla la cible et un tout petit missile partit. Ils se percutèrent et explosèrent dans les airs. Ils traversèrent le deuxième champ de protection et rentrèrent dans le périmètre de sécurité du bunker. François lâcha une multitude d'étoile en acier pour crever les pneus de leurs poursuivants. Un véhicule ne put les éviter et il dévia sur la gauche puis s'écrasa contre un arbre. Les ennemis continuaient d'utiliser leurs mitrailleuses perfectionnés et une balle traversa la vitre blindée. Le véhicule tombait en miette !
« Nous n'allons pas tenir encore bien longtemps !, s'écria le premier ministre. »
Heureusement pour eux, la sécurité du bunker était en place. Ils espéraient tous qu'il fonctionnerait comme c'était prévu. Le Président allait s'interroger sur la présence mystère du premier ministre lorsqu'une nouvelle balle pénétra la protection de la voiture. Le bunker était le dernier endroit où le Chef de l’État pouvait trouver refuge. Il n'y avait aucun employé à l'intérieur et la nourriture abondante permettait de survivre pour plusieurs mois.
« Je ne reconnais pas cet endroit, où sommes-nous ?, s'écria le Président lorsqu'il fut sûr et certain qu'il ne s'agissait pas du vrai bunker.
- C'est une nouvelle version que nous avons fini récemment !
- Mais je n'en étais pas au courant !
- Nous vous raconterons tout à l'intérieur, il faut vous mettre à l'abri ! »
Ils dépassèrent la dernière barrière de sécurité finale. Ils sortirent précipitamment de la voiture pour s'abriter. Des hommes se précipitèrent sur eux. Les portes se déverrouillèrent et ils entrèrent. François prit soin de les fermer au moment où leurs poursuivants attaquaient.
« Enfin …, soupira Hervé Charron. »
L'intérieur n'était pas décoré mais il était par contre plutôt bien chauffé. Il n'y avait à leur disposition que quelques accessoires. Le bâtiment était plutôt petit mais il était sûr : personne ne pouvait désormais ni y rentrer, ni y sortir sans les codes de verrouillage.
« Comme vous dîtes Monsieur. Nous sommes enfin parvenus à vous coincer.
- Pardon ?
- Le plan a marché comme prévu. Vous êtes désormais coincés ici.
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! Que me racontes-tu ? »
Avant qu'il puisse dire un mot de plus, sa femme sortit un pistolet dissimulé sous son manteau. Elle tira un seul coup, en pleine tête. Le Président s'écroula, mort.
« J'attendais ce moment depuis si longtemps … Des années j'ai dû te supporter ! »
Victoria se précipita dans les bras de Raymond Jaubert et ils s'embrassèrent fougueusement. Ils se dirigèrent vers une trappe sous un tapi et l'ouvrirent. Un à un, ils se glissèrent à l'intérieur. Ils débouchèrent sur une pièce où était exposé de partout des visages du Président.
« Le pouvoir est entre mes mains ! »
Et ils rirent jusqu'à ne plus pouvoir s'arrêter.