Oyez oyez, damoiselles damoiseaux, gentes dames et doux seigneurs, veuillez ouïr la geste des Chevaliers d’Hyrmélie.
Aux frontières méridionales et occidentales du monde connu, se trouvait un territoire quasi vierge en plein essor, une terre fertile et agréable à vivre, peuplée d’hommes rudes et fiers, prompts à la colère comme à la réconciliation.
C’est dans ce territoire que naquit la principauté d’Hyrmélie. Elle avait pour dirigeant un non moins fier Prince qui dirigeait son pays d’une main de fer dans un gant de velours, afin de le mener vers la prospérité. Cet homme, Crivel d’Hyrmélie vivait dans sa belle capitale d’Altor. Sa suzeraineté s’étendait sur une bonne partie de ce territoire. Ses vassaux comptaient parmi les plus puissants des environs.
Parmi eux étaient le sire Julio dit le Fidèle, duc du Mont Astrid, vassal de la première heure du Prince ; Pit-Tas-Chau dit le Prudent, comte de mirabelle, vieux guerrier et jeune vassal ; Bandzay dit le Franc, baron de hurlevent, vassal ayant laissé un temps ses terres en régence au Prince ; Quelsite dit le Fourbe, parvenu de new rochelle 95, vassal lié au Prince par la peur qu’il lui inspirait.
Ensemble ils formaient les Chevaliers d’Hyrmélie, guerriers protecteurs ayant jurés faire cause commune pour la prospérité de leurs terres. Leurs châteaux régnaient sur nombre de villages barbares ou civilisés qui bon gré mal gré, leur devaient régulièrement payer tribut.
La principauté d’Hyrmélie grandissait rapidement, le Prince Crivel avait même fondé un second village, Esbruinen. Quand par une nuit particulièrement glaciale, une sombre menace couvrit de son voile de ténèbres les jeunes terres d’Hyrmélie. Leur prospérité avait commencé d’attirer le regard de convoitise de chacals.
Le tsar Nicolas30 dit le Stupide, méchant souverain des terres des Amazones Blanches lança moultes attaques sur le Prince Crivel et ses deux vassaux les sires Julio le Fidèle et Pit-Tas-Chau le Prudent. Surpris dans un premier temps, les hyrméliens réagirent rapidement à cette tentative d’invasion de leurs terres. L’ennemi semblait puissant mais peu sûr de ce qu’il trouverait en arrivant, aussi avait-il lancé la rumeur de nombreuses attaques afin que les Chevaliers d’Hyrmélie, effrayés chacun de perdre leurs terres, ne se regroupent pas pour faire face à la véritable offensive qui se cachait derrière ces nombreuses rumeurs. La promptitude de leur Prince permit aux Chevaliers de se rendre compte que la capitale de l’Hyrmélie, Altor était la véritable cible de Nicolas30 le Stupide.
Les chevaliers discutèrent en réunions houleuses des stratégies à mettre en œuvre pour contrer ces attaques et sauver leurs terres. Mais ce qu’ils ne savaient pas alors c’est qu’un traître œuvrait en sous-main parmi eux. Nicolas30 le Stupide, après des pourparlers avec le Prince Crivel avoua qu’il avait lancé ses attaques sans connaître véritablement les forces des Chevaliers et qu’il regrettait donc de ne pouvoir les en empêcher maintenant qu’il les connaissait. Les seigneurs dirigeants ses armées étant désormais trop loin pour qu’un messager leur parvienne et demande de revenir. Nicolas30 le Stupide avoua ainsi à demi-mots au Prince des Chevaliers d’Hyrmélie qu’un traître agissait en leur sein.
Les soupçons convergèrent rapidement vers Quelsite le Fourbe, le seul des grands vassaux du Prince à ne pas subir d’attaque et le seul à avouer n’avoir aucun soutien disponible pour son suzerain compte tenu d’une soi disant guerre personnelle qu’il aurait mené seul et dans laquelle il aurait perdu toutes ses armées. Quelsite le Fourbe fut dès lors dénommé également Quelsite le Mytho. Les preuves de son implication directe dans ces attaques n’ont à ce jour pas été formellement établies mais de nombreux indices convergent pour le désigner comme traître aux Chevaliers.
Le Prince Crivel était également en pourparlers depuis quelques temps avec le seigneur Gofy dit le Providentiel situé au nord ouest de l’Hyrmélie. Julio le Fidèle avait lié connaissance de son côté avec le sire Guillaume dit le Preux, un jeune seigneur du Sud de l’Hyrmélie et vassal du sire Gofy. Gofy le Providentiel et Guillaume le Preux proposaient aux Chevaliers d’Hyrmélie de les rejoindre au sein de leur royaume de kérian.
Après en avoir discuté longuement et surtout conscients du fait que l’union fait la force, la mort dans l’âme, les Chevaliers d’Hyrmélie décidèrent de renoncer à leur totale indépendance et de dissoudre leur principauté dans le royaume de kérian, afin d’y apporter leurs forces et de bénéficier en retour de l’aide de ses nobles seigneurs.
Gofy le Providentiel envoya l’un de ses plus grands généraux accompagné d’une armée conséquente pour aider et conseiller les hyrméliens dans leur première grande bataille à venir. Guillaume le Preux le rejoignit à Altor avec un petit contingent de lanciers et d’épéistes. Les troupes de Bandzay le Franc étaient peu nombreuses mais elles vinrent toutes de la baronnie de hurlevent. Pit-Tas-Chau le Prudent envoya un faible contingent de renforts car le reste de son armée resta en la capitale du comté de mirabelle pour défendre la cité contre d’autres attaques du tsar Nicolas30 le Stupide.
Alors que le soleil brillait haut à son zénith ce jour là, les éclaireurs rapportèrent que l’ennemi serait aux portes d’Altor dans la soirée.
A ce moment surgit des collines une immense armée se dirigeant droit vers Altor. Pris de panique, les hyrméliens crurent que l’ennemi les avait trompé et arrivait en réalité plus tôt que prévu. Les renforts extérieurs n’étaient pas encore venus, la cité allait devoir se défendre seule. Les couleurs des bannières de l’armée les détrompèrent rapidement. Les troupes de Julio le Fidèle arrivaient par milliers. Fidèle à ses serments le duc du Mont Astrid avait dépêché toutes ses troupes, une forêt de lances faisait de l’ombre aux nombreux contingents d’épéistes, un millier de guerriers à la hache, torses nus, le corps recouvert de peintures de guerres suivaient un noble paladin armé d’une immense hache magique qui renforçait la force et la détermination de ces ombrageux guerriers. Près de trois cent archers les suivaient encadrés par un peu moins d’une centaine de cavaliers lourds.
Fous de joie les altoriens les accueillirent à bras ouverts.
Les défenses étaient déjà en place. Au fur et à mesure de l’arrivée des contingents alliés les points sensibles reçurent des renforts.
Quand le soir tomba sur la capitale de l’Hyrmélie ses Chevaliers et leurs soutiens kérians étaient prêts.
La première armée du tsar Nicolas30 le Stupide surgit. Elle était dirigée par un noble à l’allure farouche et décidée, le comte Borgne. Ivre de bataille ce dernier ne put retenir un cri en voyant la cité d’Altor et ordonna aussitôt la charge. Quatre milliers de guerriers à la hache avalèrent à grandes enjambées le terrain qui les séparait des murailles. Mais plus de Quatre mille épéistes fondirent sur eux pour les passer par le fil de leur arme, Borgne le comte dépêcha immédiatement ses cavaliers lourds pour les soutenir, tandis que des béliers avançaient vers les murailles pour ouvrir une brèche aux guerriers. Une cinquantaine de catapultes finissaient de s’installer pour abattre d’autres pans de murailles. Des murs Altoriens une pluie de flèches tomba drue sur les assaillants. Les catapultes ennemies n’étaient pas encore tout à fait prêtes qu’elles subirent alors un énorme bombardement. Les hyrméliens avaient élevé à des endroits stratégiques des plateformes sur lesquelles avaient été montées près de deux cent cinquante catapultes. Animés par la force d’un artefact de légende, la torche d’Aletheia, les soldats manœuvres des catapultes travaillaient d’une ardeur exceptionnelle. Leur inspirateur le puissant paladin MacLeod, guerrier non moins légendaire des armées du Prince Crivel, se tenait fièrement du haut des murs face à l’ennemi, la torche brandie à la face du comte Borgne pour animer un peu plus encore l’ardeur des troupes hyrméliennes. La traître flèche d’un cavalier archer ennemi le cueillit cependant en plein milieu de la bataille. Plus d’un guerrier eut la gorge qui se serra et les larmes aux yeux en voyant son corps tomber par delà le mur en plein dans le fouillis du champ de la bataille. Mais celle-ci tournait déjà en défaveur du comte Borgne. En désespoir de cause, ce dernier lança toute sa cavalerie dans le combat. Le moment fut décisif, l’ardeur des cavaliers ne put rien cependant. C’est par centaines qu’ils vinrent s’empaler sur les lances des guerriers hyrméliens et kérians réunis. Les éclaireurs de Borgne le comte l’abandonnèrent rapidement afin de rapporter le désastre à leur maître Nicolas30 le Stupide.
Des épéistes mirent la main sur le comte et le traînèrent dans l’enceinte d’Altor alors que surgissait déjà la seconde armée. Celle-ci comportait un millier de haches et quelques cavaliers accompagnant un noble gras et bedonnant venu pour piller ce que lui aurait laissé le comte Borgne. Les guerriers à la hache hyrméliens accompagnés de quelques troupes d’appoint firent une brève sortie, massacrèrent promptement les troupes assaillantes et s’en revinrent avec le cochon à farcir.
La troisième vague d’assaut surgit ensuite, composée de troupes similaires à la deuxième elle se fit faucher proprement par les catapultes hyrméliennes avant d’aller finir de mourir sur les murs d’Altor. Ce n’est que bien plus tard que l’on retrouva le noble qui commandait cette armée sous un rocher de catapulte.
La dernière vague d’assaut, un peu moins nombreuse n’avait plus aucun espoir de vaincre. Elle alla néanmoins au combat avec panache, les courageux guerriers et leur commandant payant de leur vie la stupidité du dirigeant de leurs terres.
Après avoir enterré et pleurés leurs morts, les hyrméliens et leurs soutiens kérians fêtèrent dignement la victoire. Les nobles ennemis furent pendus hauts et courts aux parties de murailles encore entières.
Le Prince Crivel dissolu définitivement « les Chevaliers d’Hyrmélie », et intégra avec ses fidèles vassaux les terres de kérian.
Désormais leurs ennemis devraient revenir bien plus forts pour espérer les vaincre.
Adieu Chevaliers d’Hyrmélie et longue vie à la tribu kérian !
Tandis que les hommes nettoyaient les rues, les murs et les pourtours d’Altor un corps s’agita dans ce qui aurait dû être un monceau de cadavres. MacLeod l’immortel était resurgit, une étrange arme d’hast brillant fortement dans sa main…