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LES FABULEUSES AVENTURES
DE DURANT
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Cette histoire sera écrite paragraphe par paragraphe, sous l'action d'un activité fantôme. Je m'explicite : je viendrais éditer ce sujet, même s'il tombe en seconde page de cette section. Il ne tient donc qu'à la fidélité de ses lecteurs (ou non) de répondre sur ce texte, de venir le voir. Cela m'amuse, en vrai.
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LES FABULEUSES AVENTURES
DE DURANT
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Cette histoire sera écrite paragraphe par paragraphe, sous l'action d'un activité fantôme. Je m'explicite : je viendrais éditer ce sujet, même s'il tombe en seconde page de cette section. Il ne tient donc qu'à la fidélité de ses lecteurs (ou non) de répondre sur ce texte, de venir le voir. Cela m'amuse, en vrai.
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Yves Durant rampe, crache, pue. C'est un ulcère costard trois pièces. Ce matin, il s'accoude sur la balustrade en bronze de son balcon, ouvre son petit cercueil blanc et en sort une cigarette, se la fourre en bouche et inonde sa gorge de la brûlure âcre du tabac. L'aube frappe chaque chose d'une flamme blanche, ce chalumeau vif et aveuglant, quel agacement ! Son corps chétif où la peau laisse paraître les os, le sien ! Remuant, plein de spasmes, condamné à ne connaître que des repos agités. Pourtant ! Il hurle la même lumière que tout objet si bien qu'avec le restant du réel, il est beau.
Maman n'est pas encore rentrée. Il désespère de la voir revenir, un jour. Une mère ne devrait pas abandonner son fils, comme ça. La petite vendeuse de la boulangerie lave ses vitres. Elle a de belles miches, il s'y giflerait bien les joues. Tiens, voilà qu'elle s'éloigne.
La mémère du deuxième vient chercher les croissants de son pépère. Elle est bien digne dans sa soumission, fière d'être épouse, infatuée de sa vie de peines et d'ennui. Sa beauté s'est brisée, les rides flétrissent ses chairs, ses chairs se dessèchent et c'est la lune qui semble toujours l'éclairer, comme déjà un fantôme. Quand j'étais gosse, je voulais me marier avec elle. Elle tirait vers les trente ans. J'étais gamin, sot sans doute. Sa poitrine magnétique m'absorbait tout entier. Je connus alors mes premières érections. Maintenant, c'est une vieille tout ce qu'il y a de plus débandant. Ah, les vieux, ces cadavres où la vie s'obstine.
Le bruit enfle et se répand dans la rue un tourbillon dansant de vêtements animés, de petits moteurs, de rumeurs, de vaisselles. La mémère est bientôt aspirée, et déjà son souvenir disparaît. Les piliers du bar, à deux pas, traversent la rue, meuglant à leur habitude, tripotant ces bedaines où les pires sons sont distillés en rires. Leurs grandes pantoufles, leurs bottes, leurs baskets les conduisent au petit tabac d'un algérien pas moins gras et moustachu. Qu'ils y rigolent ! Voilà un chien fol qui fonce dans la rue, bouscule les enfants, fait pester les vieilles, grogner les vieillards, beugler les pères, peur aux mères. Un cabot, rien qu'un cabot, fils de la gouttière et de la benne. La foule l'absorbe, il n'existe plus que dans les jurons stridents, rauques, en tout cas gueulards dont on vêt son passage.
Des petits miaulements tirent Yves vers une boîte de croquettes qu'il déverse dans un petit bol à la porcelaine émaillée d'un rouge énergique dans lequel son chat pose son museau. La main poilue, fluette, tordue, caresse le félin puis s'en écarte. Durant baille, s'étire en arrière, saisit une banane et sort.
Ses pieds qui martèlent l'escalier, cette cascade de bruits fracassants et de grincements suraigus, rien de moins délicieux pour les oreilles. Les portes du troisième étage, celle de droite, la voix goguenarde de la vieille Turandot affairé au repassage, à la vaisselle et au tricot à la fois, le hululement de son mari face aux dégueulis sonores du téléviseur, le silence meurtri et assourdissant de leurs gosses. Celle de gauche, silencieuse, un artiste vit là, on lui a dit. Se succèdent les marches dans un élan torrentiel et dans le vacarme, il ne prêtera plus attention au second ni au premier étage. Quand il déboule enfin sur le rez-de-chaussée et ces froides dalles de marbres veinées d'arabesques ternies, il aperçoit le concierge, monsieur Ponce, dont les yeux s'allument sous ses amples rides et qui minaude un salut avec sa main vacillante de parkinsonien.
Enfin, Yves affronte la lourde porte en chêne et ses renforts d'airain qui hurle tandis qu'il se ploie pour l'ouvrir. Bientôt, l'haleine de la ville s'engouffre par la brèche et l'absorbe en elle. Avant de se retourner face au chaos urbain, ses yeux s'attardèrent face aux boîtes aux lettres et il capta ce qu'il recherchait furieusement : " 3A, Benjamin Perrin. "
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